Actualités - CHRONOLOGIE
L'ONU met en cause la passivité des grandes puissances dans le génocide rwandais
le 06 mai 1998 à 00h00
L’ONU, mise en cause pour n’avoir pas su prévenir le génocide rwandais en 1994, a contre-attaqué lundi en accusant les grandes puissances de ne pas lui avoir donné les moyens d’éviter le drame. Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a dénoncé le «manque de volonté politique» de la communauté internationale pour intervenir au Rwanda avant le déclenchement du génocide. De 500.000 à 800.000 Tutsis et opposants hutus modérés ont été massacrés par les extrémistes hutus entre le 7 avril et le début juillet 1994. «Le Rwanda a été un échec pour nous tous, aux niveaux local, national et international, y compris pour des Etats membres disposant de moyens importants», a-t-il dit en référence aux Etats-Unis, à la France et à la Belgique, lors d’une conférence de presse à Nairobi. M. Annan était à l’époque chef du département des opérations de maintien de la paix et donc, à ce titre, responsable des 2.500 Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Rwanda (MINUIR). Le magazine New Yorker a affirmé lundi que les services de M. Annan, prévenus des préparatifs de génocide, avaient donné pour instruction aux Casques bleus présents au Rwanda de ne pas intervenir. «Je n’ai aucun regret pour ce que nous avons fait», a dit M. Annan, qui effectue une tournée en Afrique devant le mener jeudi à Kigali. Le général canadien Roméo Dallaire, prévenu par un informateur des préparatifs de massacres, a demandé à ses supérieurs, dans un fax daté du 11 janvier 1994, l’autorisation de saisir les arsenaux des extrémistes hutus. Selon le New Yorker, l’autorisation a été refusée dans une réponse faite le même jour, au nom de Kofi Annan, par son adjoint Iqbal Riza. «Manque de volonté politique» Il était simplement demandé au général Dallaire de prévenir les ambassadeurs des Etats-Unis, de France et de Belgique à Kigali. M. Riza, qui est aujourd’hui le chef de cabinet de Kofi Annan, a déclaré au New Yorker «être responsable» de la réponse, mais il ajoute que M. Annan «aura vu ce document», sans doute quelques jours plus tard. «L’échec fondamental est dû au manque de volonté politique, pas au manque d’information», a répliqué M. Annan dans sa conférence de presse. Il a souligné que le secrétaire général de l’époque, Boutros Boutros-Ghali, avait fait pression, mais en vain, sur la communauté internationale. A New York, l’ONU a ainsi rappelé que M. Boutros-Ghali avait demandé le 20 avril au Conseil de Sécurité «un renforcement immédiat et massif» de la MINUIR pour arrêter les tueries. Mais le 21 avril, les quinze membres du Conseil ont au contraire décidé à l’unanimité de réduire les forces internationales à 270 hommes. Selon les minutes du débat, les représentants du Nigeria et de la France, entre autres, avaient fait valoir que toute intervention militaire était impossible en l’absence de cessez-le-feu. M. Boutros-Ghali a renouvelé le 9 mai sa requête pour porter la MINUIR à 5.500 hommes. Le Conseil a fini par y consentir le 17 mai, mais n’a autorisé le déploiement que d’un contingent de 800 hommes. Le génocide a pris fin le 4 juillet avec l’entrée des forces tutsies du Front patriotique rwandais (FPR) dans Kigali, mais à cette date, l’ONU n’avait encore que 500 hommes au Rwanda. Les Occidentaux, et en particulier les Etats-Unis, étaient à l’époque traumatisés par la débâcle onusienne en Somalie, en 1992, souligne un diplomate occidental. Le président américain Bill Clinton, lors d’une escale fin mars à Kigali, a reconnu «la part de responsabilité de la communauté internationale» dans le génocide rwandais. La France, longtemps alliée du pouvoir hutu, a mis sur pied le 3 mars une mission d’information parlementaire pour tenter de faire la lumière sur le rôle de Paris. Le sénateur belge Alain Destexhe, qui est à l’origine de la commission d’enquête parlementaire en Belgique, a déclaré lundi qu’il reste «à établir le rôle et l’attitude des deux autres principaux acteurs internationaux: les Etats-Unis et le secrétariat des Nations-Unies». (AFP)
L’ONU, mise en cause pour n’avoir pas su prévenir le génocide rwandais en 1994, a contre-attaqué lundi en accusant les grandes puissances de ne pas lui avoir donné les moyens d’éviter le drame. Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a dénoncé le «manque de volonté politique» de la communauté internationale pour intervenir au Rwanda avant le déclenchement du...
Les plus commentés
« Nous ne sommes pas une partie de l'opposition, nous sommes l'opposition », réitère Gebran Bassil
« Il y a des sanctions sur l’Iran, un point c’est tout » : un Libano-Iranien se voit refuser l’ouverture d’un compte en banque à Tyr
Pourquoi tant d'Américains d'origine libanaise sont nommés ambassadeurs par Trump