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Correspondances baudelairiennes Nazek Saba Yared, un parallèle littéraire de choc Arabes et Occidentaux : se ressembler toujours, se rassembler jamais .. (photo)
Par ZALZAL Zéna, le 04 mai 1998 à 00h00
Professeur de littérature arabe à la LAU, romancière et essayiste, Nazek Saba Yared évoque les corrélations entre textes occidentaux et arabes. Auteur de romans «axés sur les problèmes sociaux libanais», Nazek Yared a obtenu, en 1996, le prix de l’«Arkansas University» pour son livre «Takassim ala wataren daïe» («Improvisation sur une corde perdue») traduit en anglais. Parmi ses publications, des essais sur Ahmad Chawki, Elias Abou Chabki, Ibn El-Roumi...Elle a notamment à son actif un ouvrage sur «Les voyageurs arabes et la civilisation occidentale» qui traite du dilemme intellectuel que reflètent les écrits des voyageurs arabes du début du XVIIIe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. S’il existe des parallélismes entre littérature arabe et occidentale, Nazek Yared rappelle aussi les divergences dans le traitement d’un même sujet. Différences inhérentes généralement au contexte juridico-socio-politique qui prévaut dans le monde arabe. Ainsi trouve-t-elle dans «Nahiat al-baraât» («Le côté de l’innocence») de Rachid el-Daïf des similitudes avec «Le Procès» de Kafka. «C’est l’histoire d’un homme accusé d’un délit qu’il n’a pas commis et qui se trouve pris dans l’engrenage de la justice. Toutefois, alors que dans le roman arabe, il n’est nulle question de juge ou de loi, le régime étant totalitaire, Kafka décrit purement et simplement la machine judiciaire en branle. L’on arrive cependant au même constat chez les deux auteurs, à savoir que la justice n’existe pas. Elle n’est qu’illusoire». «En peinture, ces deux romans me font penser au «Cri» d’Edvard Munch», poursuit la romancière. «Cette image extrêmement forte d’un enfant qui crie évoque pour moi la révolte contre l’injustice». Similitudes Des analogies, on peut en trouver également entre la «Trilogie» de Neguib Mahfouz et «Buddenbrooks» de Thomas Mann. «Dans les deux livres, il s’agit de trois générations d’une famille. Mais chaque saga s’imprègne des événements ou de l’atmosphère dans laquelle l’auteur baigne. Chez Mahfouz, les péripéties familiales traduisent les changements politico-sociaux en Egypte. Tandis que chez l’auteur allemand, il s’agit d’une dynastie d’industriels». «Toujours est-il que le genre romanesque est relativement récent en littérature arabe. Il n’est apparu vraiment qu’à partir du début du siècle», signale Mme Yared. «Auparavant il y avait surtout—mise à part la poésie—des récits, des contes philosophiques et des nouvelles...» Nazek Yared réfute également l’idée reçue de la prééminence du théâtre sur le cinéma dans le monde arabe. «De nombreux romans de Neguib Mahfouz ont été filmés». Parmi les films-cultes de la cinématographie arabe, elle désigne «l’autobiographie de Taha Hussein «Al Ayam» («les jours») et «Al Ard» («la terre») de Abdel-Rahman el Cherkaoui». Côté théâtre, elle cite la pièce de Yaacoub Chedraoui —présentée à Bey-routh avant la guerre—tirée du roman «La saison de l’émigration vers le Nord», du Soudanais Tayeb Saleh. L’arabesque reste pour Nazek Yared un creuset de correspondances entre la littérature de la période abasside (8e, 9e, 10e et 11ème siècles) et l’art graphique et architectural arabe. «Ce thème qui se répète sans commencement et sans fin évoque les poèmes de l’ère de la pré-décadence qui pouvaient se lire aussi bien de droite à gauche (et du début à la fin) que de la manière inverse soit de la dernière ligne à gauche au premier mot à droite. Il y avait aussi des répétitions de certaines syllabes qui donnaient des tons et des sons comparables aux motifs répétitifs de l’arbesque». Les écrits arabes: un prisme réflecteur de sons, d’images et d’idées...
Professeur de littérature arabe à la LAU, romancière et essayiste, Nazek Saba Yared évoque les corrélations entre textes occidentaux et arabes. Auteur de romans «axés sur les problèmes sociaux libanais», Nazek Yared a obtenu, en 1996, le prix de l’«Arkansas University» pour son livre «Takassim ala wataren daïe» («Improvisation sur une corde perdue») traduit en anglais. Parmi...
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