Les taux de conversion des monnaies nationales en euro seront irrévocablement établis le 31 décembre, d’après un savant calcul qui garantira à la fois les parités bilatérales fixées en mai dernier entre les monnaies, et le passage à l’euro sur la base d’un écu égale un euro. Les parités des monnaies vis-à-vis de l’euro devront être assez proches de leurs cours actuels par rapport à l’écu, panier de devises européennes, actuellement coté tous les jours et qui contient des monnaies non euro. L’euro doit succéder à l’écu sur la base d’un euro égale un écu, comme l’a confirmé le sommet d’Amsterdam de juin 1997. L’écu valait environ 1,9628 deutsche mark et 6,5823 FF en fin de semaine. La difficulté tient du fait que le panier écu intègre la livre sterling comptant pour 13 %, la drachme grecque pour 0,8 %, et la couronne danoise pour 2,45 %, qui ne font pas partie de l’euro, et exclut deux monnaies de la zone (schilling autrichien et mark finlandais). Toutes ces monnaies, de même que l’écu, continueront de fluctuer sur les marchés de changes, d’ici le 31 décembre, notamment vis-à-vis du dollar. Donc première étape : le 31 décembre vers 11 heures (10h00 GMT) les banques centralles de tous les pays de l’union européenne, y compris ceux qui ne font pas partie de l’euro, vont annoncer à la Banque centrale européenne le taux de change de leur monnaie vis-à-vis du dollar. Cette annonce se fera dans le cadre d’une téléconférence et d’une concertation entre les banques centrales. Avant l’annonce, les instituts d’émission vont s’assurer que les cours entre les onze monnaies de la zone euro (deutsche mark, franc français, florin hollandais, franc belgo-luxembourgeois, lire italienne, peseta espagnole, livre irlandaise, escudo portugais, schilling autrichien et mark finlandais) correspondent précisément aux parités bilatérales irrévocables fixées le 2 mai dernier lors du sommet de Bruxelles. Pour réaliser ces parités, les banques centrales vont utiliser des «techniques de marché», c’est-à-dire qu’elles procéderont le cas échéant à des interventions (en vendant ou en achetant les monnaies). Toutefois, soulignent les experts, ces interventions ne seront pas nécessaires puisque les marchés ont déjà entériné les cours bilatéraux (par exemple le mark depuis des mois approche au millième près la parité retenue de 3,3538 FF). Des ajustements à la marge devront donc suffire. Ensuite, sur la base des cours des monnaies européennes vis-à-vis du dollar, communiqués par la BCE à la Commission de Bruxelles, celle-ci va calculer le taux de l’écu, donc de l’euro, vis-à-vis du dollar. Ce taux est obtenu par l’addition du cours en dollar des monnaies européennes, pondéré par le poids de chacune dans le panier de l’écu (le mark représente 30 % du panier, le franc 19 % etc.). Ainsi, sera établi le premier taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar. Ce taux devrait être de l’ordre de 1,10 à 1,20 dollar (en fin de semaine l’écu valait 1,1692 USD). Pour fixer le taux de conversion irrévocable de chaque monnaie vis-à-vis de l’euro, il suffira alors de multiplier ce taux par la parité annoncée à 11h00 de chaque monnaie vis-à-vis du dollar. Ces parités seront dévoilées vers 12h30 (11h30 GMT), sur un tableau lumineux, au cours d’une cérémonie à Bruxelles réunissant les ministres des Finances de la zone euro. Après l’avis de la BCE et l’adoption à l’unanimité par les ministres, ces taux deviendront irrévocables vers 13h30 (12h30 GMT), Officiellement, la monnaie unique sera lancée le 1er janvier 1999, conformément au traité de Maastricht. Le taux de conversion de l’euro comportera six chiffres (en comptant ceux avant et après la virgule). Il sera arrondi, à deux décimales après la virgule.