Les tensions au Proche-Orient ont dissuadé cette année de nombreux touristes de fêter Noël à Bethléem. La place de la Crèche n’en est pas moins décorée de guirlandes et, en ce mois de Ramadan, Yasser Arafat est venu présider un réveillon marquant à la fois la veillée de Noël et la rupture du jeune musulman. Bethléem est peuplée pour les deux tiers de musulmans et pour un tiers de chrétiens. Le patriarche latin de Terre sainte a conduit la procession traditionnelle de Jérusalem à Bethléem escorté de prêtres, d’enfants de chœur et de policiers palestiniens. «Les célébrations ne sont pas très joyeuses cette année. Comment pouvons-nous être joyeux alors que l’Irak vient d’être bombardé?» observe Nicolas Aouad, 30 ans, chrétien palestinien né à Bethléem. «C’est davantage une réunion de famille. Les gens ici n’ont pas le cœur à faire la fête», poursuit-il. À l’approche de la messe de minuit, un petit nombre de touristes a commencé à se rassembler devant l’église de la Nativité, un sanctuaire du VIe siècle situé place de la Crèche. Dans son homélie, le patriarche Michel Sabbah a évoqué les désillusions du peuple palestinien qui, à l’aube d’un nouveau millénaire, ne voient toujours pas la paix progresser. Yasser Arafat, de confession musulmane, a assisté à l’office, les bras respectueusement croisés. Des centaines de personnes, en majorité des habitants de Bethléem et quelques pèlerins venus du monde entier, ont écouté les chanteurs de gospel venus des États-Unis, des chœurs locaux et deux chorales venues de Corée du Sud et d’Europe. «C’est une célébration pour musulmans et pour chrétiens», soulignait dans la soirée Ibtisam Hussein, Palestinienne de 38 ans, mère de quatre enfants. «Après tout, Jésus était un Palestinien, un prophète et le premier révolutionnaire», ajoute-t-elle.