Yalim Erez, ministre turc de l’Industrie et du Commerce, a été nommé mercredi Premier ministre par le président Suleyman Demirel, à quelques mois des législatives prévues pour avril 1999. «J’ai été chargé de former le nouveau gouvernement par le président Demirel, et je suis conscient de la difficulté de la mission qui m’a été confiée et je tâcherai de former un gouvernement qui pourrait obtenir la confiance du Parlement», a déclaré M. Erez à la presse à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État. S’il parvenait à former un gouvernement, M. Erez serait le premier Premier ministre d’origine kurde de Turquie, étant originaire de la province de Van qui compte une forte population kurde. Il succède ainsi au chef du Parti de la Gauche démocratique (DSP, gauche nationale) Bulent Ecevit qui avait annoncé lundi qu’il renonçait à former un gouvernement, ses efforts s’étant soldés par un échec. M. Erez, 54 ans, tentera la tâche ardue, vue la composition fragmentée du Parlement, de former une coalition gouvernementale pour remplacer celle du premier ministre sortant Mesut Yilmaz, qui a été destitué par le Parlement le 25 novembre pour «liens avec la mafia». «Je tenterai de former un gouvernement d’entente nationale», a poursuivi M. Erez, indiquant qu’il entamerait lundi avec Recai Kutan, chef du Parti islamiste de la Vertu (Fazilet), un premier tour de table avec les principaux dirigeants politiques. Le Fazilet est le premier parti en sièges (144 sur 550) au Parlement. Il est suivi de l’Anap (136), du Parti de la Juste Voie (DYP, droite, 99), du DSP (61) et du Parti républicain du peuple CHP (social-démocrate). Le reste du Parlement est composé de petits partis et de non-inscrits. Le mois dernier, avant même la destitution du gouvernement de M. Yilmaz, M. Erez avait réclamé le poste de Premier ministre. Mme Tansu Ciller, leader du DYP, a annoncé mercredi avant cette nomination que son parti n’était pas favorable à la formation d’un gouvernement conduit par un ancien membre du cabinet Yilmaz, réclamant pour elle ce poste. Si aucune coalition viable ne peut être mise en place jusqu’au 10 janvier, c’est-à-dire dans les 45 jours suivant la destitution d’un gouvernement au Parlement, M. Demirel peut nommer un gouvernement intérimaire chargé de diriger le pays jusqu’aux législatives d’avril. Ce gouvernement, dirigé par un député désigné par M. Demirel et appelé le «gouvernement de Cankaya», du nom du palais présidentiel, n’a pas besoin de la confiance du Parlement.