Les vieux immeubles appartenant à notre patrimoine architectural vont-ils disparaître les uns après les autres ? À Sanayeh, l’immeuble d’angle, face à la cour arrière du ministère de l’Information, va-t-il être démoli ? Les défenseurs de la préservation de l’édifice ont manifesté hier soir pour tenter de le sauver. Construite dans les années 30 sur le bien-fonds numéro 2049, la maison est située au sud du jardin des Arts et Métiers. Sa façade, qui présente des arcades, des frises et des pierres en damier, est d’une beauté étonnante. Les promoteurs ont commencé depuis quelques jours à la démonter. «Cette construction a une grande valeur architecturale. Elle est d’ailleurs unique en son genre. Les très beaux éléments architecturaux qu’elle possède sont une synthèse des influences occidentales et d’une architecture vernaculaire», affirme M. Assem Salam président de l’Ordre des ingénieurs. «Ces composants sont si importants qu’ils ont fait l’objet d’une couverture d’ouvrage édité par l’Ordre, Beirut 1920-1940, Domestic architecture between tradition and modernity, de Robert Saliba. Ils illustrent aussi des cartes de vœux…», ajoute-t-il. M. Assem Salam fait appel «au ministère de la Culture pour prendre les dispositions nécessaires afin d’arrêter la destruction de ce bâtiment». Il réclame «de nouvelles législations pour sauver le patrimoine, tout en tenant compte de la synergie culture-économie». Cette ancienne demeure est située dans la zone limitrophe des secteurs placés sous étude par le ministère. Qui avait demandé, rappelons- le, à un groupe d’architectes dirigé par Habib Debs de répertorier les vieux immeubles situés dans le centre-ville et dans le secteur Sodeco jusqu’à l’avenue de l’Indépendance… Le gouvernement précédent n’a pas eu de politique claire à ce sujet. Et la polémique entre les défenseurs du patrimoine et les promoteurs continue. En dernier ressort, c’est simple, il faut trancher par une loi.