Actualités - CHRONOLOGIE
Les embellisseurs anonymes Maquilleurs sous griffe (photos)
le 17 décembre 1998 à 00h00
On les appelle «directeurs de la création artistique du maquillage», mais jamais leurs noms ne figurent sur les comptes-rendus journalistiques le lendemain d’un défilé ou d’une manifestation. Pourtant, ce sont eux qui décident des fards, des couleurs, des textures, bref des visages qui donneront vie à la création d’un styliste. Portée par un mannequin blafard, au regard sans relief, aux traits tombants et à la peau terne, la plus belle des tenues passera pour quelconque. Manipulateur invisible, le maquilleur transforme en sirène la présentatrice du fourreau lamé rebrodé de perles et en dame du grand-monde le mannequin qui endossera le tailleur-smoking grain de poudre. Le travail du maquilleur revêt donc une importance capitale pour la réussite d’un défilé ou le succès d’un modèle. Au point où Donnatella Versace, ayant pris en charge le destin de la maison de son frère après l’assassinat de ce dernier, ne laisse à personne le soin du maquillage. Elle endosse elle-même, entièrement, cette responsabilité. C’est elle la directrice de la création artistique de maquillage de la griffe Versace et elle veille comme une lionne à ses secrets professionnels. Chez Dior, c’est Tyen, un spécialiste vietnamien, qui tient le gouvernail des maquillages. Tout seul lui aussi. C’est lui qui conçoit les tendances, les réformes, les nuances. Il créé les couleurs en collaboration avec les laboratoires d’Orléans, il décide et organise les campagnes de publicité des produits cosmétiques Dior. Un petit détail significatif: toutes les couleurs Dior sont par principe utilisées pour les défilés de Galliano avant de faire partie des lignes des produits Dior. Seize ans de métier Chez Chanel, depuis seize ans, c’est une spécialiste autrichienne qui règne sur tout ce qui a trait au maquillage, appelée de son pays par le directeur marketing de la boîte. Aujourd’hui, c’est elle qui crée les lignes de maquillage, six mois avant chaque collection «couture». Très proche de Karl Lagerfeld, avant même qu’il n’entre chez Chanel, elle collabore étroitement avec lui, s’inspirant chaque fois des tissus et matériaux utilisés par le créateur. Chez Yves Saint-Laurent, c’est Terry qui officie. Artiste, femme de goût et de tête, ancienne étudiante en médecine, c’est auprès des sœurs Carita qu’elle fut initiée au maquillage. Au cours d’une séance de photos, Vogue demande d’urgence une maquilleuse. La maison envoie Terry. Très simple, le maquillage est d’une telle perfection que la revue la demande pour d’autres séances. Au cours des dix ans chez Carita, elle apprend beaucoup et évolue énormément. En 1985, Terry devient maquilleuse, styliste internationale pour Yves Saint-Laurent. «Travailler pour Yves Saint-Laurent, dit-elle aujoud’hui, c’est sentir à tout moment ses désirs et adopter, après les avoir découverts, les produits qui s’ajustent le mieux à son code philosophique. En toute connaissance, certes, du marché. Voilà mon travail». Sa grande trouvaille, cheval de bataille de la maison, le stylo «Touche Éclat». Créées en 1978, les lignes maquillage d’Yves Saint-Laurent introduisaient des teintes inhabituelles. L’extraordinaire talent de coloriste du grand patron de la boîte a ainsi imposé sur le marché du maquillage des couleurs qui ne seraient jamais apparues. Et Terry de conclure: «Les couleurs doivent être, du moins c’est ainsi que je les réclame, parfaitement compactées. Comme le ferait la première ouvrière d’atelier qui devrait monter un modèle parfait».
On les appelle «directeurs de la création artistique du maquillage», mais jamais leurs noms ne figurent sur les comptes-rendus journalistiques le lendemain d’un défilé ou d’une manifestation. Pourtant, ce sont eux qui décident des fards, des couleurs, des textures, bref des visages qui donneront vie à la création d’un styliste. Portée par un mannequin blafard, au regard sans...
Les plus commentés
BDL : le jeu dangereux de Joseph Aoun
Naïm Kassem : La résistance continue par sa présence et sa sagesse
Législatives et Sénat au Liban : ce qu'il faut savoir sur les propositions de loi de Hassan Khalil