Actualités - CHRONOLOGIE
Guinée - L'opposition se mobilise contre la fraude massive Election présidentielle aujourd'hui dans la confusion
le 14 décembre 1998 à 00h00
Le président guinéen Lansana Conté brigue lundi un nouveau mandat de cinq ans lors d’un scrutin dont les principaux candidats de l’opposition ont déjà demandé le report pour cause de mauvaise préparation et «fraudes massives», avant même la tenue de l’élection. À l’approche de ce scrutin, la capitale guinéenne a connu durant le week-end des scènes de violences et de pillages, qui auraient fait plusieurs dizaines de blessés. Ces violences ont été attribuées par la police à des sympathisants de l’opposition, mais certains de leurs auteurs portaient des tee-shirts du Parti de l’unité et du progrès (PUP, le parti au pouvoir). Créant une certaine confusion à la veille de cette élection déterminante pour l’avenir de la Guinée, l’opposition affirme que l’élection est truquée d’avance, la plupart des cartes électorales ayant été distribuées aux seuls militants du PUP du président Conté. L’opposition demande le report de l’élection d’au moins un mois, affirmant que seulement 40 % de ces cartes ont été distribuées en fonction «des affinités politiques». Le ministère de l’Intérieur, laissant entendre que l’élection aura bien lieu lundi, a rejeté ces accusations, affirmant que les cartes ont été distribuées «à presque 100 %» et que «toutes les conditions réglementaires et matérielles» sont réunies pour la tenue du scrutin. Dans ce contexte, le Pr Alpha Condé, le candidat le plus coriace de l’opposition, a fait monter la tension d’un cran en déclarant qu’il mettait un terme à sa campagne et en appelant tous les Guinéens à aller voter «avec ou sans carte électorale». S’il était suivi, son appel, qui tombe sous le coup de la loi, ne manquerait pas de créer une grande confusion dans les bureaux de vote, au risque de provoquer des dérapages incontrôlables, estiment les observateurs. Les adversaires Il y a cinq ans, lors de la première élection pluraliste en Guinée, l’opposition, pour des motifs semblables, avait lancé la veille de l’élection des appels au boycott ou à l’abstention, ce qui n’avait pas empêché les Guinéens d’aller voter massivement. Le général Lansana Conté, au pouvoir depuis 14 ans et élu pour la première fois démocratiquement en 1993, apparaît, face à quatre candidats de l’opposition, comme le grand favori du scrutin, dont la seule incertitude est de savoir s’il sera réélu ou non au premier tour. Arrivé au pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup d’État militaire après le décès de l’ancien dictateur Ahmed Sékou Touré, il avait accepté en 1992 l’instauration du multipartisme et avait été élu président en décembre 1993 avec 51,70 % des voix au premier tour d’une élection déjà fortement contestée par l’opposition. Sauf désistement improbable de dernière heure, les deux principaux adversaires du président sortant seront un Peulh, Mamadou Ba, et un Malinké, le Pr Alpha Condé, représentant respectivement le Parti du renouveau et du progrès (PRP) et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Les deux autres candidats sont Jean-Marie Doré de l’UPG (Union pour la prospérité de la Guinée), et un ancien ministre du président Conté, Charles Pascal Tolno, représentant le PPG (Parti du peuple de Guinée). Le choix des 3,8 millions d’électeurs, inscrits dans 8 000 bureaux de vote, se fera largement en fonction de leur appartenance ethnique dans un pays divisé en quatre groupes principaux, et où le régime en place avait été ébranlé en février 96 par une mutinerie militaire sanglante. Selon les analystes, ce clivage ethnique entre Peulhs, Malinkés, Soussous et Forestiers, devrait être favorable au président Conté en cas de deuxième tour, même si trois de ses rivaux, Mamadou Ba, Alpha Condé et Jean-Marie Doré, associés au sein de la CODEM (Coordination de l’opposition démocratique), ont prévu un report des voix sur le candidat le mieux placé. Outre les scènes de pillages et de violences samedi après-midi à Conakry, la campagne, qui se terminait samedi soir, a été marquée par divers incidents, dont le plus grave a fait deux morts, dont un sous-préfet, et plusieurs blessés au cours d’un meeting du RPG à Banian, en Haute-Guinée. Tout au long de la campagne, les candidats ont abordé des problèmes d’intérêt essentiellement local, tout en lançant des appels répétés au calme.
Le président guinéen Lansana Conté brigue lundi un nouveau mandat de cinq ans lors d’un scrutin dont les principaux candidats de l’opposition ont déjà demandé le report pour cause de mauvaise préparation et «fraudes massives», avant même la tenue de l’élection. À l’approche de ce scrutin, la capitale guinéenne a connu durant le week-end des scènes de violences et de...
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