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Actualités - REPORTAGE

Adjugé, vendu (photos)

Les enchères ont toujours l’image fabuleuse d’un bras de fer financier par lequel deux collectionneurs se disputent une pièce hors de prix. Mais la réalité est autre, car les enchères s’adressent en fin de compte à tout un chacun. Un autre mode de commerce d’antiquités consiste dans les ventes aux enchères. Antiquaire et commissaire-priseur Armand Arcache en a organisé dès son installation au Liban, en 1968. Exigeant, il définit strictement le métier de commissaire-priseur: «Un antiquaire est en principe spécialisé, alors qu’un commissaire- priseur doit avoir des connaissances variées, de l’ancien au contemporain». Sa fille Valérie ajoute: «Les techniques de vente sont très différentes entre une galerie et une vente aux enchères. Souvent, un commissaire-priseur n’est que cela, et il se fait assister par des experts, comme le fait mon père dans certains cas. Au Liban, il y a peu d’experts, le marché étant petit, mais on trouve à être assisté pour chaque cas. La confusion est souvent faite entre commissaire-priseur et antiquaire dans un domaine où règne l’anarchie , où aucun diplôme n’est exigé». Les ventes de M. Arcache peuvent avoir lieu dans l’appartement du client; sinon des ventes pour compte de tiers sont organisées dans la salle de vente, choisie dans un hôtel comme le Carlton ou l’Alexandre. Ces ventes ont lieu à un rythme soutenu, souvent deux fois le mois. Le commissaire-priseur prélève entre 5 à 10% du prix de vente, en accord avec le vendeur. Johnny Chartouni, en compagnie de Johnny Sarkis, en organise d’autres mensuellement, la dernière ayant eu lieu à la villa Sursock. M. Chartouni, commissaire-priseur et directeur de la galerie JM Antiques, Arts and Auctions, en organisait déjà au Brésil où il a longtemps vécu. «L’objet des enchères est de créer un nouveau marché qui soit transparent, tant au niveau de la vente que de l’achat, explique-t-il. De plus, elles offrent l’opportunité d’acheter à des prix vraiment très bas. C’est l’offre et la demande fonctionnant seules». L’intérêt des particuliers Le principe de la vente aux enchères s’adresse donc plus aux particuliers qu’aux professionnels qui n’ont pas intérêt à voir leurs pièces vendues de la sorte. «Cela ne me viendrait pas à l’esprit, explique Marie-Jeanne Mehanna, de la galerie Meker Antiques. Ces objets sont mes enfants, c’est à moi de les vendre. Ma clientèle, fidèle, ne comprendrait pas de trouver des objets vus chez moi dans une salle de vente aux enchères». Le mode de vente est en lui-même totalement différent. «C’est une manière de vendre ses objets facilement, à un prix raisonnable, explique Armand Arcache. J’accepte le prix de réserve que le client me demande s’il est adéquat à la valeur de l’objet. Ce prix est toujours fixé légèrement en-dessous de la valeur marchande de l’objet, pour garantir une transaction raisonnable». «Nous nous adressons à des particuliers, poursuit Valérie Arcache. Nous ne pouvons donc formuler les mêmes prix que les antiquaires. En galerie, nous partons d’un prix maximum que nous pouvons baisser selon les clients; le processus est inversé dans les enchères. Les galeries mettant leur marchandise à vendre aux enchères veulent la liquider». Johnny Chartouni raconte: «Soixante pièces de Lalique ont été vendues au cours des dernières enchères. Chez Lalique, elles coûteraient 14000$; elles ont été vendues à 2100$, car il n’y avait que deux acquéreurs». Le commissaire-priseur est là pour maintenir l’équilibre, défendre l’intérêt du vendeur, mais aussi de l’acheteur. «Par exemple, j’ai dû interrompre une vente car deux acheteurs surenchérissaient tellement que les prix proposés dépassaient de loin la valeur réelle de l’objet. C’était un entêtement à la vente que mon devoir m’imposait d’arrêter», se souvient Armand Arcache. Un marché positif Ces prix relativement accessibles permettent aussi de combattre la contrefaçon, en offrant au public une autre alternative que d’acheter des copies pour pouvoir se meubler. «Entre une copie et une pièce originale à un prix raisonnable, la plupart des gens opteront pour l’originale qui, de plus, pourra être revendue n’importe quand», relève M. Chartouni. «Les Libanais ont commencé à véritablement meubler leurs maisons lors de l’accession au pouvoir de Nasser, explique M. Arcache. L’arrivée des décorateurs égyptiens a donné envie aux Libanais d’acheter. Ces objets de valeur peuvent être revendus aujourd’hui dans les enchères». Les particuliers constituent environ 80% des intéressés des ventes, qui souhaitent totalement changer le style d’ameublement de leur domicile, qui ont une grosse dépense à prévoir ou encore qui, à la suite d’un décès, veulent répartir des biens. «Ces ventes apportent une clarté sur l’objet que nous vendons, conclut Johnny Chartouni. Nous distribuons un catalogue indiquant la définition, la taille et l’époque de la pièce, et nous publions tous les résultats de la vente. Toutes les pièces sont certifiées. En aucun cas le client peut se sentir lésé».
Les enchères ont toujours l’image fabuleuse d’un bras de fer financier par lequel deux collectionneurs se disputent une pièce hors de prix. Mais la réalité est autre, car les enchères s’adressent en fin de compte à tout un chacun. Un autre mode de commerce d’antiquités consiste dans les ventes aux enchères. Antiquaire et commissaire-priseur Armand Arcache en a organisé dès...