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Actualités - CHRONOLOGIE

Peinture - Cinq siècles de portrait De la Renaissance à la psychanalyse

De Léonard de Vinci à Francis Bacon, des traités de la Renaissance sur la physionomie à la psychanalyse: cinq siècles de portraits exposés jusqu’en mars au Palazzo Reale de Milan montrent une descente vertigineuse dans les profondeurs de l’âme qui paraît parfois une descente aux enfers. Cette exposition exceptionnelle, «L’anima e il volto» (l’âme et le visage) réalisée par Flavio Caroli, qui travaille depuis trente ans sur la physionomie et la psychologie dans la peinture, est l’un des grands événements culturels de l’hiver en Italie, une première tentative pour faire découvrir au grand public les liens, souvent inconnus, reliant les portraitistes du Cinquecento (XVIe) à ceux du XXe siècle, à travers des siècles caractérisés chacun par des quêtes différentes. Avec Léonard de Vinci, la peinture abordait une nouvelle ère, sortant de la simple description du monde extérieur pour aborder l’introspection. C’est l’époque où on étudie les muscles et les nerfs des cadavres, afin de pouvoir traduire par exemple en peinture les mécanismes du rire ou des pleurs. Quand en 1502, Giorgione, jeune peintre de génie vénitien, rencontre Léonard, son œuvre en est changée, une accélération de l’introspection y est observée. C’est l’époque du «visage magique». Le XVIe siècle est aussi le temps des études comparatives de l’homme avec les animaux, volonté de trouver des analogies permettant de définir les caractères. Le XVIIe, siècle mystique et inquiet, sera le temps du «visage naturel». À côté du personnage social, le portrait s’efforce, notamment avec Caravage, d’exprimer les sentiments profonds de l’âme. Bernin et Contre-Réforme C’est l’époque du Bernin et de la Contre-Réforme, de l’exagération, qui réussit mieux à les traduire que le classicisme du siècle suivant. Caravage ou le peintre napolitain Luca Giordano n’hésitent pas à prendre pour modèles des gens des tavernes de Rome ou de Naples. Les extases mystique et sensuelle se rapprochent, mêmes bouche ouverte ou yeux clos. La caricature aussi prend son essor, avec Baccio del Bianco, Bernin ou Mola... Le XVIIIe, qui paraît moins puissant dans le portrait, est défini comme le «théâtre du monde». La peinture décrit le «théâtre» des riches au sommet de leur gloire, comme dans cet extraordinaire figure sans complaisance du «Gentilhomme au tricorne» plein de morgue triste de Fra Galgario. C’est parallèlement le temps où certains peintres tracent les portraits empreints de dignité des pauvres, comme Ceruti dit le Pitochetto (le fou) dans son tableau «Le Nain». Le XIXe siècle accentue la tendance au réalisme du XVIIIe, avec le développement de la satire sociale et les excès du positivisme, comme par exemple les théories réductrices sur la phrénologie et la mimique. C’est l’époque où l’on pense pouvoir localiser les émotions dans le cerveau, où Lombroso étudie les têtes de criminels. L’exposition montre aussi plusieurs magnifiques portraits de «monomaniaques» de Géricault, études profondes des maladies psychiques. La dernière partie de l’exposition se nomme, d’après la formule de Rimbaud: «Je est un autre, ou le prisme du XXe siècle», peinture marquée par l’investigation freudienne, mais aussi le sentiment de la dégradation, de l’étrangeté, de la cruauté du monde (Otto Dix), de la destructuration. Bacon reprend ainsi le portrait majestueux du pape Innocent X de Vélazquez, pour en faire une forme flasque et destructurée.
De Léonard de Vinci à Francis Bacon, des traités de la Renaissance sur la physionomie à la psychanalyse: cinq siècles de portraits exposés jusqu’en mars au Palazzo Reale de Milan montrent une descente vertigineuse dans les profondeurs de l’âme qui paraît parfois une descente aux enfers. Cette exposition exceptionnelle, «L’anima e il volto» (l’âme et le visage) réalisée par...