Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Société - Meeting politique du PKK à Beyrouth Le Kurdistan en chansons et en poèmes (photos)

À l’occasion de la fête de l’Indépendance libanaise, la communauté kurde établie au Liban a organisé une cérémonie au restaurant Long Beach de Raouché. Cette célébration, annoncée comme «soirée culturelle kurde», a tourné au meeting politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui n’est pas reconnu officiellement au Liban et dont le chef Abdullah Öcalan est détenu en Italie. Ils étaient plus de 2 500 à participer à la réunion. Des hommes, des femmes et des enfants tous prêts «à lutter» ou «à verser leur sang pour le Kurdistan» ou pour que «vive Öcalan». Parmi les personnes présentes, des hommes qui auraient été entraînés dans les camps militaires du chef du PKK, dans la Békaa (actuellement déserts). Certains d’entre eux, notamment ceux qui étaient chargés d’installer les personnes venues pour la cérémonie, étaient en tenue militaire verte avec un keffieh noir et blanc enroulé autour de la ceinture. D’autres encore étaient vêtues de costumes noirs. Tous portaient des brassards noirs avec l’inscription «Discipline», et des bandeaux noirs ou rouges portant en lettres latines l’inscription «Apo» (l’oncle), le surnom d’Öcalan. Quelques-uns avaient épinglé sur leur veste une carte géographique du Kurdistan. La salle était décorée aux couleurs du drapeau du comité politique de PKK (rouge, jaune et vert). Quelle est la différence entre le PKK et son comité politique ? «C’est comme l’IRA et le Sinn Fein», explique une journaliste kurde appartenant à la revue Sorgul (Rose rouge ) publiée à Beyrouth. Le drapeau libanais était également accroché sur l’un des murs de la salle. L’image du nouveau président de la République, le général Émile Lahoud, trônant à côté d’une banderole en arabe: «La population kurde félicite le Liban». En face, une photo du président syrien Hafez el-Assad. Les posters d’Öcalan, eux, sont nombreux. Le plus grand est un portrait qui pend du plafond. D’autres posters du chef du PKK sont portés par les enfants, les femmes et les hommes présents au meeting. Dans un coin de la salle, une caisse est placée pour collecter des fonds destinés à la «résistance kurde». Plusieurs femmes portent en foulard le drapeau du PKK. D’autres ont tressé des rubans rouges, jaunes et verts qu’elles ont accrochés à leurs cheveux. Des enfants de moins de sept ans sont habillés du drapeau kurde. Le récital de musique et de chansons kurdes commence : bouzoks, tambourins et orgue. Le chanteur entame chaque air par une complainte. La musique devient de plus en plus rythmée. Quelques phrases musicales et paroles sont ponctuées par des youyous et des applaudissements. Certains battent des mains, brandissent foulards et drapeaux en faisant le signe de la victoire. Quelques hommes se lèvent et dansent en se tenant les mains. Les chansons nationalistes se ressemblent toutes en rythme et paroles : exils, combats, luttes, martyres, torture, indépendance…Certaines complaintes appellent «les Kurdes du monde entier à l’unité qui rend plus fort». Nées au Liban, tombées au Kurdistan turc Une chanson est dédiée à la mémoire de Rosa et de Banafs «deux sœurs martyrs tombées aux combats», et dont la mère et la grand-mère sont présentes dans la salle. Asma, la cinquantaine, mère des deux combattantes, est saluée par plusieurs personnes à son entrée dans la salle. Elle s’installe au premier rang de l’assistance . Normal : elle a donné deux enfants pour la «cause kurde». «Je suis arrivée avec ma mère au Liban, il y a 37 ans, j’avais 11 ans», déclare-t-elle à L’Orient-Le Jour. Plus tard, elle épouse un Kurde établi à Beyrouth et lui donne cinq enfants dont «Fatmé (pseudonyme Rosa) et Leila (pseudonyme Banafs), toutes les deux nées au Liban, tombées en 1992, à un intervalle de six mois», indique la mère des combattantes d’une voix fière. «Fatmé avait 20 ans et Leila 18 quand elles sont tombées pour le Kurdistan», ajoute-t-elle. Et de souligner que «toutes les deux se sont entraînées au camp d’Öcalan, dans la Békaa, en présence de ce dernier». En effet, plusieurs Kurdes établis au Liban ont connu le chef du PKK, qui se trouvait au Liban de 1980 à 1992 et qui a combattu aux côtés des Palestiniens. Fatmé (Rosa) a rejoint le PKK en 1988, à 16 ans. «Elle était à l’école et elle devait se marier», déclare Asma, qui rapporte les propos de sa fille «Je ne veux pas commettre ton erreur et donner naissance à des enfants en exil ; je veux mourir pour les 40 millions de Kurdes opprimés et éparpillés dans le monde, afin qu’ils vivent fiers, dans un territoire libre et indépendant», disait-elle à sa mère avant d’aller dans la Békaa, où elle passe neuf mois avant de gagner la Syrie, pays à partir duquel elle rejoint le Kurdistan turc où «elle participe aux combats», indique Asma en expliquant : «Ma fille a préféré mourir en faisant exploser une grenade quand elle a su qu’elle était encerclée par les Turcs». Évoquant Leila (Banafs), la mère indique que sa fille «a rejoint le camp de la Békaa en mars 1989, à l’âge de 15 ans». «Chaque fois qu’elle voyait des combattants rentrer du front en Turquie elle m’écrivait: “Je veux les rejoindre dans la mère patrie”, déclare-t-elle. Comme sa sœur Fatmé, après avoir suivi un cycle d’entraînement militaire de 9 mois, Leila a quitté le Liban pour le Kurdistan turc. «Toutes les deux avaient visité leur terre d’origine une fois, en 1980, alors qu’elles étaient enfants», dit la mère, en ajoutant qu’elle «a toujours encouragé ses filles à rejoindre les rangs de la résistance». Asma se tait pour voir deux petites filles âgées de moins de sept ans réciter des poèmes en kurde. «Nous n’avons peur de rien, de rien, de rien», disent-elles d’une petite voix. Elles seront applaudies par le public. La musique reprend, une centaine de jeunes gens faisant le signe de la victoire et brandissant des drapeaux du PKK font leur apparition dans la salle, acclamés par le public, ils entrent au pas de charge en scandant en kurde: «Nous offrons notre âme et notre sang pour Öcalan et pour le Kurdistan». Eux aussi, nés en exil, sont déjà prêts à combattre et à verser leur sang pour leur terre d’origine.
À l’occasion de la fête de l’Indépendance libanaise, la communauté kurde établie au Liban a organisé une cérémonie au restaurant Long Beach de Raouché. Cette célébration, annoncée comme «soirée culturelle kurde», a tourné au meeting politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui n’est pas reconnu officiellement au Liban et dont le chef Abdullah Öcalan est...