Le corps sans vie du condamné à mort Martin Gurule, qui s’était évadé il y a une semaine de façon spectaculaire du quartier de haute sécurité de la prison de Huntsville (Texas), a été retrouvé dans un cours d’eau voisin. Digne des meilleurs scénarios hollywoodiens, l’évasion de Gurule, 29 ans, a tenu une semaine durant une Amérique en haleine, toujours fascinée ou inquiète par le destin des rebelles et autres têtes brûlées. Mais c’est finalement sans gloire que sa cavale s’est achevée. Son cadavre décomposé a été retrouvé par deux gardiens de prison à 17h30 locales (23h30 GMT), flottant dans la rivière Trinity, sous un pont, à environ 7 km de la prison de Huntsville, à 133 km au nord-ouest de Houston, ont indiqué les autorités pénitentiaires. «Le corps porte un uniforme et des chaussures de prisonnier et le visage apparaît être celui de Martin Gurule», a indiqué un porte-parole de l’administration pénitentiaire, Larry Todd. L’identification formelle du cadavre prendra un peu de temps, a-t-il précisé, ajoutant être «sûr à 99 %» qu’il s’agit de celui de Gurule. Les autorités pénitentiaires n’ont pas précisé la cause de la mort. Il semblait probable cependant que Martin Gurule a succombé aux blessures résultant de son évasion, soit par les balles des gardiens qui ont tenté d’empêcher sa fuite, soit par les redoutables fils barbelés qu’il a dû franchir. Gurule, auteur d’un double meurtre commis en 1992, lors du braquage d’un restaurant ayant mal tourné, était le premier condamné à mort en 64 ans à s’échapper d’une prison du Texas depuis l’évasion de membres de la célèbre bande de Bonnie and Clyde en 1934. En dépit d’une véritable armada de policiers, de gardiens de prison à pied et à cheval appuyés par des hélicoptères ou accompagnés de meutes de chiens lancés dans la chasse à l’homme, Gurule était resté mystérieusement introuvable. Mais les forces de l’ordre avaient continué de passer au peigne fin le secteur marécageux de 6 800 hectares autour de la prison Ellis, une zone infestée de serpents et de crocodiles, persuadées qu’il s’y était réfugié. Outils rustiques et mannequins Gurule s’était fait la belle de façon aussi spectaculaire que rocambolesque. Lui et six autres de ses camarades, profitant du fait qu’ils étaient considérés comme «aptes au travail» et bénéficiaient ainsi d’une liberté de mouvement supplémentaire, avaient faussé compagnie à leurs gardiens, juste après le repas de Thanksgiving (le jour d’Action de grâce), une des plus importantes fêtes traditionnelles américaines, jeudi dernier. Les «évadés de Huntsville» ont eu recours dans leur fuite à des méthodes plutôt rudimentaires, utilisant les outils rustiques qu’ils s’étaient fabriqués, un scénario digne de celui des «évadés d’Alcatraz». Ils ont ainsi laissé des mannequins faits avec du papier dans leurs lits pour faire croire aux policiers qu’ils dormaient dans leurs cellules. Ils sont ensuite montés sur un toit, près du parc de la prison pour y attendre le moment de prendre la fuite. À minuit, après avoir noirci leurs uniformes blancs à l’aide de marqueurs, les prisonniers se sont lancés dans une course folle, à travers le parc de la prison, noyé sous la lumière des projecteurs. Les gardiens ont ouvert le feu depuis leurs tours avec des armes automatiques, réussissant à stopper six des fuyards, mais Gurule réussissait à passer à travers les balles et à franchir la double rangée de fils de fer barbelés couronnée de fils électriques. Élevé par sa grand-mère dans un quartier pauvre de Corpus Christi, au Texas, Martin Gurule travaillait jusqu’à son arrestation en 1992 dans une école pour handicapés mentaux de la ville. Ses anciens collègues le décrivaient comme un beau parleur, séduisant, bien habillé et poli. «Il faudra aller jusqu’au Mexique pour le trouver», assurait même l’un d’entre eux.