Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Religion - Plus de 400 millions de chrétiens concernés par le 8e sommet du COE Atmosphère de défiance au rendez-vous de Harare

Plus de 3 000 délégués de 332 Églises chrétiennes des cinq continents, représentant près de 400 millions de croyants, ont rendez-vous à partir de jeudi à Harare pour la 8e assemblée du Conseil œcuménique des Églises (COE). L’assemblée du COE, qui se tiendra du 3 au 14 décembre dans la capitale du Zimbabwe, sera dominée par la défiance croissante des Églises orthodoxes envers cette institution vieille de 50 ans. L’Église catholique (980 millions de fidèles) n’est pas membre du COE qui rassemble essentiellement protestants, anglicans et orthodoxes. Mais elle y a un statut d’observateur et sera représentée à Harare. Lancée au début du siècle, l’idée œcuménique qui vise à l’unité de tous les chrétiens divisés par l’histoire fait son chemin à l’approche de l’an 2000. Mais si le pape Jean-Paul II s’y réfère avec insistance, sa mise en œuvre semble marquer le pas. L’assemblée de Harare va tenter de lui donner un second souffle. Traditionnellement, les assemblées du COE sont l’occasion d’interpeller les puissants et les peuples sur les grands problèmes du monde. Ce fut le cas lors de la précédente à Canberra (Australie) en février 1991, en pleine guerre du Golfe. Les délégués avaient exprimé leur «solidarité» avec les peuples du Moyen-Orient et demandé une solution diplomatique du conflit. Sept ans plus tôt, à Vancouver (Canada), l’assemblée avait été marquée par ses prises de position contre l’apartheid. Cette année, la situation de l’Afrique, l’endettement des pays du tiers-monde, le statut de Jérusalem et la place des femmes dans la société sont à l’ordre du jour. Mais depuis Canberra, l’événement dominant a été l’effondrement du système soviétique, qui a rendu leur liberté aux Eglises des pays concernés tout en les plongeant dans une profonde crise d’identité. Fières d’un passé multiséculaire et méfiantes vis-à-vis d’un Occident sécularisé et matérialiste, plusieurs Églises orthodoxes, dont l’Église russe, la plus importante, sont tentées par le repli sur soi. Une invention du régime soviétique Chez les plus conservateurs, l’œcuménisme est assimilé au prosélytisme dont ils accusent les autres Églises chrétiennes en terre orthodoxe. Les mêmes le considèrent aussi comme une invention du régime soviétique parce que celui-ci a tenté d’instrumentaliser à son profit la participation de l’Église orthodoxe russe au COE. Ces griefs ont déjà conduit l’Église orthodoxe de Géorgie à quitter le COE en 1997. Plus largement, le mouvement orthodoxe dans son ensemble reproche au COE de négliger la dimension spirituelle au profit de questions politiques. Les Églises protestantes d’Europe du nord et d’Amérique, avec leurs prises de position sur l’homosexualité, les anglicans et l’ordination des femmes, sont particulièrement visées. Le reproche est d’autant plus vif que les orthodoxes s’estiment sous-représentés dans le COE, noyés dans la multiplicité des Églises protestantes regroupant pourtant beaucoup moins de monde. Lors d’une réunion de patriarches à Salonique, en mai dernier, les orthodoxes ont décidé de se rendre à Harare mais de s’abstenir de participer aux cultes œcuméniques qui, estiment-ils, ne correspondent pas à leur sensibilité et sont sources de confusion. Le patriarcat de Moscou n’enverra qu’une délégation de second rang. Les orthodoxes risquent aussi de boycotter le forum organisé en marge de l’ordre du jour officiel de l’assemblée, où doit notamment être débattue la question des homosexuels. Pour tenter de résoudre la crise, l’assemblée va notamment examiner la proposition d’instaurer une commission théologique mixte composée d’orthodoxes et de non orthodoxes. Elle va sans doute également chercher à donner un second souffle au combat œcuménique, en concrétisant l’idée de son secrétaire général, le luthérien Konrad Reiser, d’un «forum» informel réunissant les Églises membres du COE avec les catholiques et les pentecôtistes dans la perspective de l’an 2000.
Plus de 3 000 délégués de 332 Églises chrétiennes des cinq continents, représentant près de 400 millions de croyants, ont rendez-vous à partir de jeudi à Harare pour la 8e assemblée du Conseil œcuménique des Églises (COE). L’assemblée du COE, qui se tiendra du 3 au 14 décembre dans la capitale du Zimbabwe, sera dominée par la défiance croissante des Églises orthodoxes envers...