Plus d’une trentaine de textes où la vie est croquée à pleines dents. De tout et de rien, d’ici et d’ailleurs, la plume alerte et pleine d’une vivacité jubilatoire de Mohammed el-Abdallah trace les grandes lignes de cet ouvrage intitulé Kayfama itoufik (Comme il est convenu) — 166 pages édition al-Massar. Dans une langue arabe simple et claire, à l’élégance discrète sans effet de bravoure ou effet de style, l’auteur toujours à la pointe de l’information tente les «rapprochements» les plus insolites, parfois les plus délirants. Toujours avec humour sans jamais oublier le sérieux ou parfois la gravité du problème qu’il traite. Caustique, plein d’une verve gentiment irrévérencieuse, ce livre est certainement d’une lecture tonique. L’auteur Mohammed el-Abdallah a déjà frayé son chemin dans la république des lettres libanaises. À son actif, une dizaine d’ouvrages qui alternent poésie, nouvelles et théâtre. Aujourd’hui, avec ces textes faussement épars rassemblés sous la bannière d’une inspiration vagabonde, Mohammed el-Abdallah entreprend une narration libre où le sujet est cueilli comme on cueille des fleurs dans un champ épanoui. De l’art, des villes, d’une patrie, des sentiments dans leur fragilité et leur vulnérabilité, de l’ineffable d’une émotion, de la beauté des saisons du théâtre shakespearien, de la libération de la Palestine, de la tendresse, de la libanité autant de sujets abordés avec sympatie et intelligence. Réflexions d’un pince-sans-rire qui a l’art d’affronter les situations avec humour tout en gardant ses distances... sans omettre toutefois de noter ou de souligner l’essentiel. Petits textes nerveux, pleins d’une verve colorée où la culture est un point commun à tous ces savoureux jeux de mots et ces pages débordantes de lucides et courageuses critiques et analyses socio-littéraires. Lecture agréable et taillée sur mesure pour tout être pressé par un trépidant quotidien moderne. Le temps de se brancher sur un sujet proposé et voilà que, par une pirouette, le texte est clos pour passer au suivant. Un livre à déguster entre la poire et le fromage, entre deux pauses-café, ou peut-être juste avant d’éteindre le lampadaire sur votre table de chevet. Et à reprendre le lendemain sans jamais perdre le fil de la pensée et surtout le plaisir et l’intérêt de lire...