Martina Hingis a sauvé sa saison et retrouvé son amour-propre. La Suissesse, qui marquait le pas depuis six mois, a renoué avec la victoire en ajoutant un premier Masters à un palmarès déjà coquet en battant celle qu’elle considère désormais comme sa grande rivale, l’Américaine Lindsay Davenport. «Il était temps. C’était une question de fierté», avoue-t-elle. «Je voulais montrer que j’étais encore capable de gagner un grand tournoi.» Hingis ne terminera pas l’année comme numéro un, mais en triomphant dimanche au Madison Square Garden de New York, elle a singulièrement raccourci les distances (moins de 300 points) et pris rendez-vous pour l’année prochaine. «Lindsay et moi sommes les deux joueuses les plus solides du circuit, souligne-t-elle. Nous allons avoir d’autres grands matches. Ce qui se passera l’an prochain sera très important.» Non pas que les résultats d’Hingis en 1998, avant sa victoire dans les Masters, aient été tellement mauvais. La plupart de ses rivales s’en seraient bien contentées. Mais avec une victoire dans l’Open d’Australie, des succès à Indian Wells, Hambourg et Rome, deux demi-finales à Roland-Garros et Wimbledon et une finale à Flushing Meadows, son tableau de chasse paraît bien pâle en comparaison de son exceptionnelle année 1997. «Excès de confiance» Battant au passage, à moins de 17 ans, tous les records de précocité, la Suissesse avait pratiquement tout gagné, alignant douze victoires en tournoi et ratant de peu le Grand Chelem pour une finale perdue à Roland-Garros. Et surtout Hingis, qui planait au-dessus du lot, avait perdu sa marge de sécurité. Pêché d’orgueil sans doute. «Excès de confiance, avoue-t-elle. Quand on gagne tournoi sur tournoi, en battant les mêmes joueuses encore et encore, on finit par se croire imbattable. On ne fait plus l’effort de s’entraîner autant. Et puis quand on est numéro un, il y a toutes ces autres choses que l’on doit faire en dehors du tennis.» La pillule a été difficile à avaler pour Hingis, qui avait été habituée à être la première dans toutes les catégories d’âge. «Je n’avais pas compris qu’il fallait que j’en fasse plus, explique-t-elle. C’est ce que tout le monde fait à ce stade.» Hingis s’est sans doute entraînée comme jamais ces trois ou quatre derniers mois. Et avant les deux derniers rendez-vous de la saison, à Philadelphie et aux Masters, elle a effectué un stage de quinze jours chez Nick Bollettieri en Floride dont elle est revenue requinquée. «C’était vraiment très bien, raconte-t-elle. Il y avait toujours deux ou trois joueurs en face pour me renvoyer la balle.» C’est peut-être là qu’Hingis a trouvé le surcroît de puissance, au service comme dans les coups de fond de court, qu’elle a montré tout au long de la semaine new-yorkaise. Sa condition physique et son sens de l’anticipation retrouvés, sa science du jeu intacte, ont fait le reste. «J’ai enfin retrouvé mon rythme, fait-elle valoir. Dommage que la saison soit terminée. Enfin, je vais prendre quelques jours de repos et essayer ensuite de continuer comme j’ai fait ici.» Déclarations Martina Hingis (Sui/N.2, victorieuse de l’Américaine Lindsay Davenport): «Gagner le premier et le dernier grand tournoi de l’année permet de se sentir bien pour entamer la nouvelle saison. J’ai joué un match bien différent de celui de Flushing Meadows. En septembre, j’étais fatiguée et j’étais déjà bien contente d’être dans le match. Aujourd’hui, je courais bien mieux, je frappais plus fort. Je savais qu’elle serait fatiguée après ses deux matches difficiles de samedi en simple et en double. Alors, je me suis évertuée à la faire courir. Je savais que plus le match durerait, le mieux ce serait pour moi. Maintenant, Davenport et moi avons effectué des saisons à peu près égales. Elle termine numéro un. Mais nous nous retrouverons l’année prochaine.» Lindsay Davenport (USA/N.1, battue par Martina Hingis): «J’étais un peu fatiguée, mais pas seulement par les deux matches d’hier. Aussi d’avoir joué beaucoup de simples et de doubles depuis deux semaines. En même temps, Martina (Hingis) était bien plus agressive que les dernières fois où je l’avais rencontrée. Cela a fait la différence. Elle a remarquablement servi et moi je n’ai pu transformer toutes les occasions de break que je me suis procurée. J’ai aussi raté beaucoup de balles faciles. On ne peut pas dire aussi que j’ai fait mon meilleur match sur le plan tactique.» Pattaya : victoire de Julie Halard-Decugis La Française Julie Halard-Decugis, tête de série numéro 2, a remporté le tournoi de tennis de Pattaya, en Thaïlande, en battant facilement en finale, dimanche, la Chinoise Li Fang (N.5) 6-1, 6-2. La Française, associée à la Belge Els Callens, s’est également imposée lors de la finale de double de ce tournoi, comptant pour le circuit féminin et doté de 107 500 dollars, en battant la paire composée de la Japonaise Rika Hiraki et de la Polonaise Aleksandra Olsza 3-6, 6-2, 6-2. Simple dames (finale) : Julie Halard-Decugis (Fra/N.2) bat Li Fang (Chn/N.5) 6-1, 6-2 Double dames (finale): Els Callens-Julie Halard-Decugis (Bel/Fra) battent Rika Hiraki-Aleksandra Olsza (Jap/Pol) 3-6, 6-2, 6-2 Les vingt meilleures joueuses mondiales Voici le classement final des vingt meilleures joueuses de tennis mondiales communiqué par la WTA à l’issue des Masters. 1. Lindsay Davenport (E-U) 5.654 points 2. Martina Hingis (Sui) 5.366 3. Jana Novotna (R. Tch) 3.734 4. Arantxa Sanchez Vicario (Esp) 3.417 5. Venus Williams (E-U) 3.262 6. Monica Seles (E-U) 3.226 7. Mary Pierce (Fra) 2.414 8. Conchita Martinez (Esp) 2.331 9. Steffi Graf (All) 2.261 10. Nathalie Tauziat (Fra) 2.259 11. Patty Schnyder (Sui) 2.256 12. Dominique Van Roost (Bel) 2.073 13. Anna Kournikova (Rus) 1.971 14. Sandrine Testud (Fra) 1.898 15. Irina Spirlea (Rou) 1.830 16. Natacha Zvereva (Bié) 1.770 17. Amanda Coetzer (AfS) 1.752 18. Aã Sugiyama (Jap) 1.398 19. Silvia Farina (Ita) 1.389 20. Serena Williams (E-U) 1.301