Israël a finalement décidé jeudi un retrait partiel de ses troupes en Cisjordanie, en application de l’accord de Wye Plantation, et le redéploiement devrait être mené dès ce matin. Plusieurs centaines de Palestiniens sont immédiatement descendus dans les rues de Jénine, à l’extrême nord de la Cisjordanie, pour célébrer le retrait qui concerne des zones rurales autour de leur ville autonome. Deux cents policiers palestiniens en armes ouvraient la marche au son des fanfares militaires. En accompagnement de son redéploiement militaire, Israël a décidé de libérer un premier groupe de 250 prisonniers palestiniens et d’autoriser la mise en service, sans doute dimanche ou lundi, de l’aéroport palestinien de Gaza. Après des semaines de récriminations, d’hésitations et de délais, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son Conseil des ministres ont pris leur décision par 7 voix pour, 5 contre et 3 abstentions. Cette courte majorité montre le peu de soutien dont dispose M. Netanyahu dans son propre gouvernement et jette une ombre sur la suite de l’application de l’accord de Wye Plantation. Le retrait décidé jeudi n’est en effet que le premier des trois redéploiements militaires successifs prévus par l’accord, signé le 23 octobre par M. Netanyahu et le président palestinien Yasser Arafat. Quatre jours de retard Selon des responsables palestiniens et israéliens, le redéploiement devrait avoir lieu vendredi matin, soit avec 4 jours de retard par rapport au calendrier arrêté à Wye. Une fois n’est pas coutume, Israël s’est déclaré satisfait du respect par l’Autorité palestinienne de ses engagements. «Les Palestiniens se sont conformés à l’accord de Wye», a affirmé à la presse le secrétaire du gouvernement, M. Danny Naveh. «Le gouvernement a décidé d’approuver la première phase du retrait. Le gouvernement a aussi décidé de relâcher 250 prisonniers palestiniens», a-t-il affirmé. Les Palestiniens ont protesté car seuls 100 détenus qu’Israël veut relâcher sont des prisonniers politiques, tandis que 150 autres sont des prisonniers de droit commun. «Nous n’avons pas été à Wye River et le président américain Bill Clinton n’est pas intervenu (dans les négociations) pour qu’une bande de criminels soit libérée», a affirmé M. Ahmed Tibi, conseiller du président Arafat (LIRE PAR AILLEURS). Deux décrets palestiniens Israël s’est engagé dans le cadre de l’accord de Wye Plantation à libérer en trois étapes 750 Palestiniens sur quelque 3 500 détenus actuellement. L’Autorité palestinienne a, quant à elle, pris deux décrets pour se conformer à ses engagements. L’un, publié jeudi, interdit toute forme d’incitation à la violence contre Israël, et l’autre, pris la veille, lutte contre la détention illégale d’armes par des Palestiniens des zones autonomes. L’accord de Wye Plantation a porté au plus haut depuis deux ans le soutien dont jouit le processus de paix parmi la population palestinienne, selon un sondage publié jeudi. Au total 75 % des Palestiniens des territoires appuient le processus de paix, alors qu’ils étaient seulement 66 % il y a un mois. Le retrait israélien doit permettre à l’Autorité palestinienne d’étendre son contrôle sur 2 % de plus de la Cisjordanie. Elle contrôlera ainsi, totalement ou partiellement, 29 % du territoire. L’accord de Wye stipule ensuite deux autres retraits partiels israéliens, l’un après un délai de 4 semaines et l’autre après un délai de 12 semaines. S’ils étaient mis en œuvre, l’Autorité palestinienne contrôlerait alors, totalement ou partiellement, 40 % de la Cisjordanie.