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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise - Produits pétroliers, céréales La Russie mendie d'une main et exporte de l'autre

Le paradoxe est typiquement russe. Tandis que Moscou réclame à grands cris de l’aide humanitaire et que ses régions frissonnent déjà en raison d’une pénurie énergétique, le pays exporte des volumes records de céréales, de pétrole et de gaz. Des accords d’aide alimentaire pour un total équivalent à un milliard de dollars ont été conclus avec les États-Unis, l’Union européenne et le Canada. Au moins une région de Russie, le Kamtchatka (Extrême-Orient), a demandé à l’Onu des milliers de tonnes de pétrole pour renflouer le niveau de ses réserves dangereusement bas, alors que l’hiver russe est déjà bien ancré dans le pays. Et dans le même temps, les géants énergétiques russes s’apprêtent à expédier à l’étranger des quantités de pétrole inégalées cette année, selon des responsables gouvernementaux, alors que les exportations de gaz se déversent littéralement hors des frontières russes. Des centaines de milliers de tonnes de céréales chaque mois quittent le pays, avec des exportations de blé impressionnantes cette année, selon les experts. En résumé, d’une main la Russie mendie de l’aide et de l’autre expédie ouvertement ses richesses minérales et agricoles à l’étranger pour obtenir ce qu’il y a de plus précieux aujourd’hui dans le pays ébranlé par une grave crise financière : les devises. Le ministre de l’Énergie Sergueï Gueneralov a averti les compagnies pétrolières cette semaine que leurs exportations pourraient être contingentées si elles ne fournissent pas les utilisateurs russes, alors que certaines parties de la Sibérie orientale ont déjà atteint un seuil critique. Les autorités envisagent également de mettre en place une taxe à l’exportation de 5 % pour forcer tous les exportateurs russes à revoir leur stratégie de vente à l’étranger. Un système de licence a été instauré pour l’exportation des graines de tournesol. Les céréales pourraient être soumises au même système, prédisent les experts agricoles. Corruption au sommet Mais ces mesures ne risquent pas de mettre fin à cette situation paradoxale, car les forces du marché sont trop puissantes pour un gouvernement paralysé qui lutte pour nourrir sa population. Les chiffres sont sans ambiguité. Quelque 500 000 tonnes de blé ont été exportés cette années, soit un cinquième du montant total de l’aide promise par l’Occident. Les exportations de pétrole vont atteindre le chiffre record de 115 millions de tonnes. «Si un fermier peut obtenir trois fois plus pour son blé en l’exportant, il le fera. Sachant que l’alternative est de le vendre à Moscou où les paiements sont en roubles – quand ils sont versés!», résume le directeur anglais d’une compagnie russe qui exporte des céréales, John Warren. Le secteur de l’exportation est en outre miné au sommet par la corruption. Les responsables qui prélèvent des devises sur les revenus obtenus à l’exportation n’ont aucun intérêt à ce que la production reste en Russie. La Russie ne sera pas autorisée à re-exporter le blé, les céréales et autres produits alimentaires que Washington et Bruxelles doivent fournir selon les accords conclus au début du mois. Mais encore faudra-t-il que les chargements soient strictements contrôlés. Des livraisons antérieures ont déjà fini sur le marché noir. Pour Elena Tiourina, analyste à l’Institut de recherche sur le marché agricole, l’étrangeté de la livraison d’aide humanitaire à un pays exportateur s’explique par le fait que l’aide fournie est autant financière qu’humanitaire. Les donateurs occidentaux ont d’ailleurs admis que leur générosité n’était pas totalement altruiste et avait en partie pour dessein d’aider leurs propres producteurs en assurant des parts de marché en Russie.
Le paradoxe est typiquement russe. Tandis que Moscou réclame à grands cris de l’aide humanitaire et que ses régions frissonnent déjà en raison d’une pénurie énergétique, le pays exporte des volumes records de céréales, de pétrole et de gaz. Des accords d’aide alimentaire pour un total équivalent à un milliard de dollars ont été conclus avec les États-Unis, l’Union européenne et le Canada. Au moins une région de Russie, le Kamtchatka (Extrême-Orient), a demandé à l’Onu des milliers de tonnes de pétrole pour renflouer le niveau de ses réserves dangereusement bas, alors que l’hiver russe est déjà bien ancré dans le pays. Et dans le même temps, les géants énergétiques russes s’apprêtent à expédier à l’étranger des quantités de pétrole inégalées cette année, selon des responsables...