Actualités - CHRONOLOGIE
Malaisie - L'affaire Anwar Ibrahim refait surface Le sommet de l'Apec amplifie la voix de l'opposition (photo)
le 19 novembre 1998 à 00h00
Le sommet de l’Apec à Kuala Lumpur cette semaine a tenu lieu de caisse de résonance à la cause de l’opposition politique en Malaisie déterminée à renverser le Premier ministre Mahathir Mohamad au pouvoir depuis 17 ans. La Malaisie s’était déjà placée avant la réunion de l’Apec sous les projecteurs de l’actualité en jugeant pour sodomie et corruption son ancien vice-Premier ministre, Anwar Ibrahim, limogé le 2 septembre pour ses vues trop libérales en matière de politique économique. Le 6e sommet de l’Apec mardi et mercredi, ainsi que les travaux ministériels qui l’ont précédé, ont donné à Anwar Ibrahim, à sa famille et à ses sympathisants, la possibilité de faire entendre encore davantage leurs voix, au plus grand déplaisir du gouvernement et du Premier ministre Mahathir Mohamad. Anwar Ibrahim, devenu depuis sa mise à l’écart le symbole en Malaisie d’une opposition muselée jusque-là, a lancé le 12 novembre depuis le tribunal un appel au départ de Mahathir qu’il a accusé d’être «ivre de pouvoir» et «mégalomane». Anwar a plaidé son innocence, mais risque au moins 20 ans de prison s’il est reconnu coupable. Dès son retour dans sa cellule, son épouse, Wan Azizah Wan Ismail, a pris le relais en s’entretenant avec une série de hauts dignitaires étrangers, dont le président philippin Joseph Estrada, pour défendre la cause de son mari qui se déclare victime d’une «conspiration politique». L’un d’eux, le ministre canadien des Affaires étrangères Lloyd Axworthy, a déclaré après avoir rencontré dimanche Wan Azizah qu’Anwar Ibrahim n’était autre qu’un «prisonnier politique». Le secrétaire d’État américain Madeleine Albright, après avoir invité dimanche Wan Azizah à déjeuner dans son hôtel, a qualifié d’«effroyables» les conditions faites à l’ancien vice-Premier ministre, une «personnalité internationalement respectée», a-t-elle souligné. «Reformasi» Plus de 2 000 manifestants scandant «Reformasi» (réformes) et brandissant des portraits d’Anwar Ibrahim s’étaient rassemblés au pied de l’hôtel abritant le secrétaire d’État américain au moment de son entretien avec Mme Azizah. «Au moins, le monde prête-t-il attention à mon mari et aux autres détenus qui traversent une période difficile juste pour avoir exprimé leur désaccord», a commenté Wan Azizah sur sa série d’entrevues, après avoir rencontré mardi soir l’ancien ministre australien des Affaires étrangères Gareth Evans. Mais c’est le vice-président américain Al Gore, venu à Kuala Lumpur en remplacement de Bill Clinton retenu à Washington par la crise irakienne, qui a exprimé le soutien le plus retentissant à l’opposition politique en Malaisie. Dans un discours devant un parterre de hautes personnalités dont le Premier ministre Mahathir, il a lancé lundi soir le même cri de «Reformasi» que celui martelé par les manifestants que la police dispersait la veille avec des canons à eau. Le ministre malais des Affaires étrangères Abdullah Ahmad Badawi a assimilé l’intervention de M. Gore, qui a même trouvé ses critiques parmi certaines des 21 délégations étrangères, à rien de moins qu’une tentative de subversion. «Il s’agit d’un encouragement à certains éléments dans le pays à utiliser des moyens non démocratiques pour renverser un régime constitutionnellement élu», a-t-il affirmé dans un communiqué lu devant les caméras de télévision au lendemain de l’intervention d’Al Gore. Mais le soutien américain a été diversement apprécié par les organisations locales de défense des droits de l’homme dont certaines ont souligné que le Premier ministre Mahathir pourrait désormais réprimer encore plus violemment leurs mouvements, et traiter Anwar Ibrahim encore plus durement en faisant valoir qu’ils bénéficient du soutien avoué de puissances étrangères.
Le sommet de l’Apec à Kuala Lumpur cette semaine a tenu lieu de caisse de résonance à la cause de l’opposition politique en Malaisie déterminée à renverser le Premier ministre Mahathir Mohamad au pouvoir depuis 17 ans. La Malaisie s’était déjà placée avant la réunion de l’Apec sous les projecteurs de l’actualité en jugeant pour sodomie et corruption son ancien vice-Premier ministre, Anwar Ibrahim, limogé le 2 septembre pour ses vues trop libérales en matière de politique économique. Le 6e sommet de l’Apec mardi et mercredi, ainsi que les travaux ministériels qui l’ont précédé, ont donné à Anwar Ibrahim, à sa famille et à ses sympathisants, la possibilité de faire entendre encore davantage leurs voix, au plus grand déplaisir du gouvernement et du Premier ministre Mahathir Mohamad. Anwar Ibrahim,...
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