Actualités - CHRONOLOGIE
Affaire Ocalan - Ankara menace Rome de rétorsion L'Italie prise en étau entre la Turquie et les kurdes (photo)
le 19 novembre 1998 à 00h00
Le gouvernement turc a menacé mercredi de «riposter» au refus de l’Italie d’extrader le chef des rebelles kurdes de Turquie Abdullah Öcalan et mobilise son opinion publique pour faire contrepoids aux manifestations kurdes en Europe. La crise diplomatique entre les deux pays, alliés au sein de l’Otan, a pris une tournure explosive, Rome placé dans une situation inconfortable et Ankara campant sur des positions publiques inconciliables. L’Italie n’est «pas disposée à subir des intimidations injustifiées», a déclaré mercredi soir le président du conseil italien Massimo D’Alema, alors que pour la troisième journée consécutive, des milliers de nationalistes turcs ont manifesté devant les représentations diplomatiques italiennes à Ankara, Istanbul et Izmir, où des drapeaux italiens ont été brûlés. «J’appelle l’Italie à extrader Öcalan pour le faire comparaître en justice (...) faute de quoi aucun gouvernement turc ne laissera sans riposte cette erreur», a déclaré le Premier ministre turc Mesut Yilmaz. Il n’a cependant pas précisé quelle forme prendrait cette «riposte». Les services d’immigration italiens craignent qu’en représailles éventuelles, Ankara ne favorise un nouvel exode de Kurdes vers les côtes italiennes, d’autant plus que l’octroi éventuel de l’asile politique à M. Öcalan pourrait créer un appel d’air pour de nombreux Kurdes pour qui l’Italie deviendrait le «pays ami». Face à la montée des pressions, Rome adopte une position prudente. Le ministre de la Défense Carlo Scognamiglio a indiqué que l’Italie ferait «ce que les lois italiennes et internationales prévoient». Le ministre italien du Commerce extérieur Piero Fassino a expliqué que son pays agirait pour «qu’il n’y ait pas de conséquences négatives ou qu’elles soient les plus mineures possibles» sur le plan commercial. M. Yilmaz a justifié mercredi la demande d’extradition comme une démarche «de justice visant à punir un homme coupable de crimes contre l’humanité» et non pour des «raisons de vengeance». Mais le président du Conseil italien Massimo D’Alema avait exclu mardi d’extrader le chef rebelle vers la Turquie, car la peine capitale y est en vigueur, et a évoqué la possibilité de lui accorder l’asile politique. Or, pour Ankara, il n’y a pas de «problème kurde», il n’y a qu’«un problème de terrorisme». Quelque 8 à 12 millions de Kurdes vivent en Turquie, sur une population de 63 millions d’habitants, dont beaucoup sont bien intégrés. La Turquie dénie au PKK la représentativité de tous les Kurdes et refuse tout dialogue avec lui. En Turquie, le gouvernement cherchait à mobiliser son opinion, après une série de manifestations à travers l’Europe de sympathisants kurdes. La joie qui avait accueilli en Turquie l’arrestation d’Abdullah Öcalan s’est muée en inquiétude, voire en amertume envers l’Italie. «Non seulement le PKK n’est pas fini, mais il trouve du soutien en Europe», relevait mercredi l’éditorialiste du quotidien Milliyet. Le gouvernement turc tente de faire contrepoint aux multiples manifestations en Europe, des sympathisants du chef du PKK en appelant les citoyens turcs à se faire entendre. «Montrez qu’il n’y a pas que des supporters du PKK, mais aussi des Turcs attachés à leur pays», a demandé le Premier ministre Mesut Yilmaz aux Turcs expatriés en Europe de l’Ouest, selon le quotidien Hurriyet. Le gouvernement a également lancé une campagne de fax sur Rome, encourageant les citoyens à envoyer – gratuitement – des demandes d’extradition d’Öcalan aux autorités italiennes. La presse fait vibrer la corde sensible du nationalisme et se déchaîne. «L’Italie trahit pour la deuxième fois de ce siècle le grand empire dont elle est originaire : la première fois avec le fascisme, la seconde en abritant un tueur», selon un éditorialiste d’Hurriyet. «S’il doit y avoir en Turquie un débat sur la question kurde, ce n’est pas dans cette ambiance qu’il pourra s’ouvrir», note un diplomate occidental. Il relève que la crise diplomatique actuelle avec l’Italie «n’aide pas» dans le dossier du rapprochement entre la Turquie et l’Union européenne. «Si la crise se développe, la Turquie ne se fera pas beaucoup d’amis en Europe», souligne-t-il. Pour Ergun Ozbuden, professeur de sciences politiques à l’université Bilkent d’Ankara, «si le gouvernement italien donne l’asile politique à Öcalan, cela affectera très négativement les relations avec l’Union européenne».
Le gouvernement turc a menacé mercredi de «riposter» au refus de l’Italie d’extrader le chef des rebelles kurdes de Turquie Abdullah Öcalan et mobilise son opinion publique pour faire contrepoids aux manifestations kurdes en Europe. La crise diplomatique entre les deux pays, alliés au sein de l’Otan, a pris une tournure explosive, Rome placé dans une situation inconfortable et Ankara campant sur des positions publiques inconciliables. L’Italie n’est «pas disposée à subir des intimidations injustifiées», a déclaré mercredi soir le président du conseil italien Massimo D’Alema, alors que pour la troisième journée consécutive, des milliers de nationalistes turcs ont manifesté devant les représentations diplomatiques italiennes à Ankara, Istanbul et Izmir, où des drapeaux italiens ont été brûlés....
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