Le groupe automobile allemand BMW a confirmé qu’il était le grand favori pour la reprise des voitures Rolls-Royce, en concluant un accord ferme avec Vickers, mais il n’a pas réussi à éliminer Volkswagen, toujours aussi déterminé à tenter sa chance. Après un mois de discussions, BMW et Vickers ont conclu «un accord complet sur les modalités de la vente», sur la base de l’accord de principe annoncé le 30 mars. Le prix, qui avait laissé certains actionnaires sur leur faim, n’a pas varié: 340 millions de livres (568 millions de dollars). Concurrent de BMW pour la reprise du célèbre constructeur, Volkswagen a fait rapidement savoir que cet accord n’était pas une «surprise» et que cela ne changeait en rien ses projets, à savoir une surenchère. De toutes façons, a souligné VW, la vente à BMW doit encore être ratifiée par les actionnaires de Vickers. Dossier solide Le premier constructeur européen a bien «l’intention» de déposer une offre améliorée et a demandé une rencontre avec la direction de Vickers, jusqu’à présent contrainte de respecter une période de «discussions exclusives» avec BMW, a déclaré un représentant du constructeur allemand à Londres. Le conseil de surveillance de VW avait avalisé le week-end dernier l’idée d’une surenchère qui, en cas de succès, permettrait au constructeur des Golf et des Polo de faire son entrée par la grande porte sur le marché convoité de la voiture de grand luxe. Hasard du calendrier, l’état-major de Vickers avait rendez-vous avec ses actionnaires quelques heures après l’annonce de l’accord pour l’assemblée générale annuelle du groupe. Le président-directeur général Colin Chandler n’a pu éviter les questions sur une éventuelle surenchère de Volkswagen, pas plus qu’il n’a pu nier la règle en la matière: tant que la transaction n’est pas réalisée, un accord de vente peut être remis en cause par une offre supérieure. «Si nous recevons une autre que nous estimons intéressante, nous en discuterons avec nos banquiers pour être sûrs qu’elle est crédible et alors, nous l’étudierons», a déclaré M. Chandler lors d’une conférence de presse, à l’issue de l’assemblée générale à Londres. Le patron de Vickers a nié avoir réservé un traitement de faveur à BMW au cours des cinq mois de négociations qui ont précédé l’accord de principe de mars et avoir «fermé la porte» d’emblée à Volkswagen. Une offre éventuelle du géant allemand pourrait être faite à partir de vendredi, après l’expiration de la période d’exclusivité d’un mois qui empêchait Vickers de discuter avec une autre partie que BMW. Le porte-parole de Volkswagen à Londres a refusé d’indiquer de quel montant pourrait être une nouvelle offre de la part du constructeur. Des sources proches du conseil de surveillance du groupe avaient indiqué dimanche qu’il pourrait aller jusqu’à près de 1,7 milliard de DM (945 millions de dollars), soit plus d’une fois et demie le montant offert par BMW. Faute d’accord avec la direction de Vickers, Volkswagen pourrait s’adresser directement aux actionnaires du groupe pour faire échouer la vente à BMW lors de l’assemblée générale extraordinaire dont la date n’a pas été fixée. BMW a plusieurs fois affirmé qu’il n’avait pas l’intention de payer plus de 340 millions de livres pour la firme de Crewe. Mais, même en cas de surenchère, le dossier de BMW reste très solide car il fournit les moteurs des nouveaux modèles Rolls-Royce et Bentley, la Silver Seraph et l’Arnage. (AFP)