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Actualités - CHRONOLOGIE

New Labour an I Parcours sans faute et succès spectaculaires pour Tony Blair

Un an après avoir mis fin à dix-huit ans de règne conservateur, Tony Blair et le New Labour caracolent dans les sondages grâce à un parcours sans accroc majeur et à quelques succès spectaculaires. Comme pour illustrer son image de sérieux, le plus jeune premier ministre britannique du siècle a donné pour consigne à ses ministres de ne pas tomber dans le piège de l’auto-congratulation. «Le premier anniversaire (de l’élection triomphale du 1er mai 1997) n’est pas le moment de la fête ou des félicitations mais celui de redoubler d’efforts pour de meilleures écoles, de meilleurs hôpitaux, plus d’emplois et moins de criminalité», a fait savoir Tony Blair. Le «héros de la journée» ne sera d’ailleurs même pas dans son pays, mais à Bruxelles pour préparer, en qualité de président en exercice de l’Union européenne, le Conseil européen du 2 mai qui arrêtera la liste des onze pays constituant le cercle fondateur de l’euro. La première année de règne de Tony Blair, qui s’est fixé pour ambition de moderniser la Grande-Bretagne après avoir recentré un Labour vieilli, est un quasi-sans faute, sans «couac» majeur — l’homme et son équipe ont certes parfois trébuché, surtout par manque d’expérience, mais sans chuter vraiment. Ces derniers douze mois n’ont pas connu la cascade de crises internes et de démissions spectaculaires qui avait miné les précédents gouvernements travaillistes des années 60 et 70. L’homme, surnommé «Bambi» en raison de son désarmant sourire juvénile, a su imposer une discipline de fer sur un parti rénové, contrairement à son prédécesseur au 10, Downing Street, John Major, dont l’action aura été systématiquement sapée par l’impitoyable guérilla des «eurosceptiques» tories. L’équipe Blair n’est, certes, pas exempte de rivalités mais elles revêtent, semble-t-il, un caractère plus personnel que politique. Et celui que ses adversaires de gauche présentent, par dérision, comme le digne héritier de la Dame de fer sous des oripeaux socio-démocrates sait jouer à merveille d’une machinerie médiatique très centralisée et très au point. Conjoncture favorable L’An I de Tony Blair a aussi bénéficié d’une conjoncture exceptionnellement favorable qui se résume en quelques mots — croissance de l’économie et chômage en perte de vitesse. Une situation qui est d’ailleurs, en grande partie, due à l’héritage du gouvernement conservateur sortant. Le déficit budgétaire a, comme par enchantement, fondu, ce qui n’empêche pas le premier ministre et son chancelier de l’Echiquier, Gordon Brown, de résister aux sirènes du Labour favorables à un relâchement de la discipline financière. Les deux hommes ne cessent de répéter leur hostilité aux «recettes miracles» en matière économique. Mais l’opposition conservatrice et la gauche du Labour craignent, eux, que le poids d’une fiscalité élevée ajouté aux restrictions en matière de dépenses ne fassent un jour basculer le pays dans la récession. Disposant d’une énorme majorité aux Communes, le premier ministre n’a eu à faire face qu’à une seule révolte de la part des élus travaillistes, à propos du projet de réduction de l’allocation aux mères célibataires. Les sondages d’opinion confirment ce sentiment de sans-faute et cette cote d’amour sans précédent. D’après l’étude ICM publiée en week-end par l’«Observer», le New Labour est crédité de 52% d’opinions favorables, soit huit points de plus qu’il y a un an. Les conservateurs reculent, eux, de deux points à 29%. L’avance des travaillistes est d’ailleurs la plus importante enregistrée à ce stade par un gouvernement depuis l’après-guerre. Tony Blair, qui n’avait jamais exercé de fonctions gouvernementales avant d’être propulsé au 10, Downing Street, a montré depuis qu’il était plus un «radical», au sens anglo-saxon du mot, qu’un pragmatique à la Harold Wilson. Les réformes les plus audacieuses qu’il a menées à bien concernent pour le moment les institutions, à bien des égards, poussiéreuses du royaume — plus grande autonomie pour la Banque d’Angleterre, élection d’assemblées régionales autonomes pour l’Ecosse et le Pays de Galles, et, très bientôt, d’un maire pour Londres. Mais le succès le plus visible de Tony Blair est l’accord historique du 10 avril sur l’Irlande du Nord pour lequel il s’est personnellement investi et qu’il a su arracher au forcing. Autre joli coup diplomatique, dont les dividendes pourraient émerger dans les jours à venir — réunir le 4 mai à Londres, sous la houlette des Etats-Unis, Yasser Arafat et Benjamin Netanyahu pour tenter de débloquer l’impasse au Proche-Orient. Un «communicateur» Dans d’autres domaines, Tony Blair inquiète parfois ses propres amis politiques en reprenant à son compte sans complexe, voire en allant encore plus loin, une partie de l’héritage de Margaret Tchatcher. Discours sécuritaire «musclé», offensive de charme en direction des chefs d’entreprise contrastant avec la superbe ignorance dans laquelle il tient les syndicats, pourvoyeurs traditionnels des gros bataillons du Labour d’antan — les exemples ne manquent pas. Dans le domaine de la santé et des transports, la politique conservatrice a certes été renversée mais les changements sont limités par le dogme blairien de l’orthodoxie financière. L’emprise indéniable du premier ministre sur son gouvernement est renforcée par son immense talent de «communicateur» qui a su peaufiner son image à la fois publique — sorte de M. Propre charismatique et séducteur — et privée — mari amoureux d’une brillante avocate et père attentif de trois enfants photogéniques. Il se fait le chantre de la «troisième voie», à mi-chemin entre le capitalisme du laissez-faire et un socialisme démodé du tout-Etat. La formule laisse parfois sceptique, mais son auteur semble résolu à la mettre en pratique en tentant, notamment, de convaincre le Labour qu’il défend ses valeurs traditionnelles dans un contexte et sous un habillage radicalement différents. Sur un point décisif (l’euro), Tony Blair a toutefois reculé devant l’obstacle au lieu de faire un choix difficile, comme c’est apparemment sa philosophie politique. Il a ainsi décidé de reporter la décision d’adhérer à l’Union économique et monétaire (UEM) au lendemain des prochaines législatives, c’est-à-dire pas avant 2002. Ce qui ne l’empêche pas de professer des positions résolument pro-européennes. Tony Blair, mettant ses actes en accord avec ses promesses, a signé le protocole social du traité de Maastricht et mis fin à la politique de l’affrontement au sein des institutions européennes qui avait été élevée au rang d’un art par les gouvernements conservateurs précédents. Mais pour les Européens, la position britannique à l’égard de la construction européenne reste encore floue, et les sympathies atlantistes avérées du successeur de John Major, et sa relation personnelle très étroite avec Bill Clinton, éveillent des soupçons. Pour certains experts, Tony Blair devra bien un jour choisir entre l’Europe et le «grand frère américain». Mais en dernier ressort, le succès de l’entreprise de modernisation du premier ministre et, par là, sa crédibilité et son avenir politique risquent de dépendre de l’évolution de la conjoncture économique. Si la croissance actuelle s’essouffle et si le chômage remonte, le mot d’ordre d’austérité pourrait être contesté au sein même du Labour et obliger Tony Blair à des révisions déchirantes. (Reuters)
Un an après avoir mis fin à dix-huit ans de règne conservateur, Tony Blair et le New Labour caracolent dans les sondages grâce à un parcours sans accroc majeur et à quelques succès spectaculaires. Comme pour illustrer son image de sérieux, le plus jeune premier ministre britannique du siècle a donné pour consigne à ses ministres de ne pas tomber dans le piège de l’auto-congratulation. «Le premier anniversaire (de l’élection triomphale du 1er mai 1997) n’est pas le moment de la fête ou des félicitations mais celui de redoubler d’efforts pour de meilleures écoles, de meilleurs hôpitaux, plus d’emplois et moins de criminalité», a fait savoir Tony Blair. Le «héros de la journée» ne sera d’ailleurs même pas dans son pays, mais à Bruxelles pour préparer, en qualité de président en exercice de...