Actualités - CHRONOLOGIE
Affaire ELF Roland Dumas mis en examen et placé sous contrôle judiciaire (photo)
le 30 avril 1998 à 00h00
Le président du Conseil constitutionnel français Roland Dumas a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans un volet de la tentaculaire affaire Elf. Il lui est interdit de se rendre dans une série de paradis fiscaux (Suisse, Liechtenstein, Luxembourg, Andorre, Monaco, Antigue) et de rencontrer les autres personnes mises en examen. Il devra en outre payer une caution de 5 millions de francs avant le 29 mai. A 75 ans, l’ancien ministre des Affaires étrangères (1984-86 et 1988-93) a été inculpé pour «recel et complicité d’abus de biens sociaux». Dans un communiqué, il a «exprimé des réserves expresses sur la compétence des juges» qui l’ont mis en examen — Eva Joly et Laurence Vichnievski — et à «opposé un démenti formel à l’ensemble des faits qui paraissent lui être reprochés». Ses avocats ont fait savoir en outre qu’il n’entendait pas démissionner. La mise en cause du cinquième personnage de la République française porte sur les avantages présumés dont il aurait fait bénéficier et qu’il aurait obtenus à son tour de la part de son ex-amie et collaboratrice, Christine Deviers-Joncour, quand il était ministre. Libérée sous caution début avril, Mme Deviers-Joncour figure parmi les personnes impliquées dans une nébuleuse et très rémunératrice affaire de pots de vin versés dans la vente de frégates militaires à Taïwan, en 1991. Elle est soupçonnée d’avoir perçu 66 millions de francs (11 millions de dollars) versés en France et en Suisse par le groupe pétrolier Elf, sous forme de commissions occultes, de salaires de complaisance et d’usage abusif d’une carte bancaire du groupe. L’affaire des souliers La charge de complicité d’abus de biens sociaux signifie que les juges estiment que Mme Deviers-Joncour n’a dû les avantages dont elle a bénéficié d’Elf qu’à sa qualité d’amie intime de M. Dumas, voire à la suite de ses instructions. Le chef de «recel d’abus de biens sociaux» veut dire qu’il est également soupçonné d’avoir personnellement bénéficié des sommes versées à son amie, tout en ayant eu connaissance de leur origine frauduleuse. Selon une source sûre, les juges évaluent le montant des recels d’abus de biens sociaux qu’elles imputent à M. Dumas à 8 millions de francs (1,3 million de dollars). Elles estiment possible un lien, à hauteur de cette somme, entre des retraits d’espèces constatés sur les comptes bancaires suisses de Mme Deviers-Joncour et des dépôts sur le compte parisien de M. Dumas. Les juges ont mis en lumière l’utilisation de la carte de crédit Elf de Mme Deviers-Joncour dans l’achat pour M. Dumas d’une paire de chaussures chez le bottier de luxe Berluti. Plus que toute autre révélation, l’histoire de ces «souliers» à 11.000 francs (1.800 dollars) — que M. Dumas dit avoir remboursés — est devenue emblématique de cette affaire aux liaisons dangereuses entre argent et politique. Sur la brusque fortune de son amie, M. Dumas affirme n’avoir pas su qu’elle venait de commissions. «Ce point n’a jamais été évoqué entre nous», a-t-il affirmé. Le coup paraît très dur pour M. Dumas, après un parcours aussi brillant que sinueux qui l’a conduit, en 1995, à devenir président du Conseil constitutionnel, institution chargée de faire respecter la Constitution. Dans l’opposition, comme dans la majorité socialiste, où ce vieux cacique mitterrandien ne compte pas que des amis, des voix se sont élevées pour estimer incompatible cette responsabilité avec une inculpation. M. Dumas s’est estimé victime d’une cabale politique, visant, selon lui, à éclabousser «l’héritage politique» du président Mitterrand, au pouvoir de 1981 à 1995.
Le président du Conseil constitutionnel français Roland Dumas a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans un volet de la tentaculaire affaire Elf. Il lui est interdit de se rendre dans une série de paradis fiscaux (Suisse, Liechtenstein, Luxembourg, Andorre, Monaco, Antigue) et de rencontrer les autres personnes mises en examen. Il devra en outre payer une caution de 5...
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