Actualités - CHRONOLOGIE
Bosnie : doutes US sur la volonté francaise de capturer les criminels de guerre
le 28 avril 1998 à 00h00
L’«affaire Gourmelon», du nom d’un officier français accusé d’avoir fait échouer la capture de Radovan Karadzic, renforce les soupçons des Etats-Unis sur la réticence de Paris à pourchasser les dirigeants serbes de Bosnie. Paris a reconnu que cet officier avait eu en 1997 des «relations» ayant «pu apparaître contestables» avec des personnes accusées de crimes de guerre en Bosnie. Le commandant Hervé Gourmelon a été rappelé fin 1997 en France. Selon le «Washington Post» et le «New York Times», un plan de l’OTAN élaboré l’an dernier pour capturer Radovan Karadzic a été annulé de peur qu’il n’ait été révélé à l’ancien dirigeant serbe bosniaque par le commandant Gourmelon. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry, a refusé lui aussi de parler «des activités opérationnelles de notre mission en Bosnie». Il s’est contenté de souligner que les Américains avaient «travaillé étroitement avec les Français en ce qui concerne le déploiement (de l’OTAN) en Bosnie». Des responsables de l’OTAN se sont par contre empressés d’affirmer que cet incident n’entamerait pas la confiance entre forces américaines et françaises en Bosnie. Ce n’est pas la première fois que la presse américaine se fait l’écho des critiques de Washington sur la passivité supposée des soldats français dans la recherche des criminels de guerre. En juillet 1997, le «New York Times» avait affirmé qu’une opération de l’OTAN pour capturer Karadzic avait été annulée parce que les Français avaient refusé au dernier moment d’y participer. Paris avait démenti. La France commande les troupes de l’OTAN dans la région de Pale, bastion serbe bosniaque aux portes de Sarajevo qui est le fief de Karadzic. La participation, ou au moins le feu vert des Français, serait donc nécessaire pour le capturer dans cette zone. Les soldats français seraient aussi les plus directement exposés à des représailles serbes. En décembre, le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie, la Canadienne Louise Arbour, avait provoqué la fureur des autorités françaises en affirmant que «les criminels de guerre se sentent en totale sécurité» dans la zone contrôlée par les militaires français en Bosnie. Elle réagissait à une décision de Paris de ne pas autoriser ses officiers à témoigner en personne devant le TPI. Avec le commandant Gourmelon, pour la première fois, un officier français est mis en cause nommément. Elle fait suite à des critiques contre l’inaction des Occidentaux de la part de l’ancien procureur du TPI, Richard Goldstone. Selon lui, dire comme le fait le Pentagone que les soldats américains ne doivent arrêter les criminels de guerre que lorsque qu’il y a peu de risques «revient à dire que les pompiers ne devraient pas être envoyés pour éteindre les incendies». Il se trouvait à la mi-avril à Washington pour présenter un rapport d’experts indépendants exhortant les Etats-Unis et l’Europe à utiliser la force pour arrêter les criminels de guerre. L’affaire Gourmelon intervient aussi au moment où Washington a demandé au Congrès des fonds supplémentaires pour maintenir des troupes américaines en Bosnie dans la cadre de l’opération de l’OTAN qui succédera à la SFOR à partir de juillet. Enfin, de récentes rumeurs sur les déplacements de Karadzic et l’arrestation de suspects de moindre envergure avaient relancé les espoirs de capturer l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie. Le secrétaire d’Etat Madeleine Albright avait réaffirmé «qu’il n’y avait pas de prescription pour les crimes de guerre». «Son heure viendra», avait-elle ajouté à propos de M. Karadzic. (AFP)
L’«affaire Gourmelon», du nom d’un officier français accusé d’avoir fait échouer la capture de Radovan Karadzic, renforce les soupçons des Etats-Unis sur la réticence de Paris à pourchasser les dirigeants serbes de Bosnie. Paris a reconnu que cet officier avait eu en 1997 des «relations» ayant «pu apparaître contestables» avec des personnes accusées de crimes de guerre en Bosnie. Le commandant Hervé Gourmelon a été rappelé fin 1997 en France. Selon le «Washington Post» et le «New York Times», un plan de l’OTAN élaboré l’an dernier pour capturer Radovan Karadzic a été annulé de peur qu’il n’ait été révélé à l’ancien dirigeant serbe bosniaque par le commandant Gourmelon. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry, a refusé lui aussi de parler «des activités opérationnelles de...
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