Actualités - CHRONOLOGIE
L'adhésion de l'Autriche a encore réduit leur marge de manoeuvre L'espace Schengen, un havre de plus en plus inaccessible pour les réfugiés politiques
le 28 avril 1998 à 00h00
L’entrée de l’Autriche dans l’espace Schengen, le 1er décembre dernier, a considérablement compliqué les choses pour les candidats à l’asile politique, confrontés désormais à un véritable casse-tête, selon un bilan d’organisations humanitaires. «Avec l’espace Schengen qui ferme les frontières des pays de l’Union européenne à tous les immigrants, les réfugiés sont touchés dans la foulée. Seul un petit nombre d’entre eux parviennent à gagner l’Autriche pour pouvoir y déposer une demande d’asile», estime Anny Knapp, directrice de l’organisation Coordination de l’asile, qui rassemble plusieurs groupes de travail gérant plus d’un millier de réfugiés présents en Autriche. «Pratiquement, plus aucun réfugié n’arrive à pénétrer en Autriche par la voie terrestre. Les rares qui réussissent à venir, le font généralement à l’aide de passeurs», ajoute Eva-Maria Barki, avocate viennoise spécialisée dans les questions de réfugiés. Sur 2.234 demandes d’asile déposées au premier trimestre, 72 ont reçu un avis favorable, plusieurs dizaines étant en cours d’instance. Entre 1992 et 1997, plus de 6.000 réfugiés ont déposé chaque année — soit quelque 30.000 réfugiés au total — en Autriche des demandes d’asile. Quelque 10% ont été approuvées. Selon Mme Knapp, les réfugiés qui parviennent néanmoins à pénétrer dans le pays constituent «le petit groupe qui bénéficie désormais des améliorations introduites depuis le 1er janvier par une nouvelle loi», notamment la possibilité d’un regroupement familial pour les réfugiés dont la procédure est en instance, et une autorisation de séjour provisoire. Pour le jugement des procédures en appel, un «Sénat de l’asile» a en outre été créé, indépendant du ministère de l’Intérieur qui statue en première instance. De plus, la loi interdit maintenant de refouler automatiquement un réfugié vers le pays voisin dont il est venu, comme ce fut le cas dans la passé. Les autorités doivent désormais «évaluer si le réfugié est en sécurité dans ce pays non seulement au moment de son expulsion éventuelle mais aussi pour l’avenir», explique Mme Knapp. Ainsi, le «Sénat pour l’asile» a récemment estimé en appel qu’un réfugié afghan en provenance de Slovaquie ne pouvait y être refoulé car ce pays ne garantissait pas sa sécurité. Mme Knapp critique en revanche la loi autrichienne qui permet toujours de placer en détention, en vue d’une expulsion, des réfugiés dont la demande d’asile est en cours d’instance, ce qui est contraire à la pratique en vigueur dans les autres pays européens. Au moins une cinquantaine de réfugiés sont dans ce cas, selon elle. Mme Barki reproche de son côté aux autorités autrichiennes d’«empêcher les réfugiés de pouvoir déposer une demande d’asile à la frontière, comme cela est prévu par la loi». «La pratique montre que personne ne dépose une demande d’asile à la frontière, or il est impensable que personne ne souhaite le faire», indique l’avocate qui prépare une mission d’enquête à ce sujet au cours des prochaines semaines à la frontière austro-hongroise. (AFP)
L’entrée de l’Autriche dans l’espace Schengen, le 1er décembre dernier, a considérablement compliqué les choses pour les candidats à l’asile politique, confrontés désormais à un véritable casse-tête, selon un bilan d’organisations humanitaires. «Avec l’espace Schengen qui ferme les frontières des pays de l’Union européenne à tous les immigrants, les réfugiés sont touchés dans la foulée. Seul un petit nombre d’entre eux parviennent à gagner l’Autriche pour pouvoir y déposer une demande d’asile», estime Anny Knapp, directrice de l’organisation Coordination de l’asile, qui rassemble plusieurs groupes de travail gérant plus d’un millier de réfugiés présents en Autriche. «Pratiquement, plus aucun réfugié n’arrive à pénétrer en Autriche par la voie terrestre. Les rares qui...