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Actualités - CHRONOLOGIE

Cérémonie de l'aube, 83 ans après la bataille Australie, Nouvelle-Zélande: Gallipoli ou le passage à l'âge adulte

Dans la pénombre de la nuit finissante, un clairon sonne «Au mort» devant une foule émue jusqu’aux larmes, sur une plage devenue cimetière: comme chaque année, ont été honorés les combattants australiens et néo-zélandais tombés à Gallipoli en Turquie, l’une des grandes batailles de la Première Guerre mondiale. Pour le 83e anniversaire de cette bataille, sept mille personnes, un nombre record, ont assisté à la traditionnelle «cérémonie de l’aube», à l’heure et au lieu exact où, en avril 1915, le corps expéditionnaire allié (Australia New Zealand Army Corps) avait débarqué, à la baie d’Anvac, sur le versant ouest de la presqu’île de Gallipoli, qui commande le détroit des Dardanelles. «Il n’y a jamais eu autant de monde, même lors du 75e ou 80e anniversaire», a estimé John Price, responsable de la commission des cimetières militaires du Commonwealth. La foule, de tous âges, venue d’Europe ou des antipodes, certains ayant passé la nuit en plein vent dans des sacs de couchage, recouvrait presque entièrement la plage, en prenant garde à ne pas abîmer les centaines de tombes de soldats tués, enterrés sur place pendant la campagne par leurs camarades. La raison de cet engouement est que cette bataille, pourtant perdue, fut pour les jeunes nations qu’étaient à l’époque l’Australie et la Nouvelle Zélande un véritable acte fondateur. Dans les deux pays, cette date est une fête nationale, fériée. «Elle a marqué l’arrivée à l’âge adulte de notre nation», explique le colonel John Harvey, attaché de défense près de l’ambassade d’Australie à Ankara. «Ce fut presque un rite de passage, une naissance par le sang», ajoute-t-il. L’Australie a été créée, en tant que fédération, en 1901. «Pour nous, Gallipoli est synonyme de naissance en tant que nation», a confirmé, dans son discours, le gouverneur général de Nouvelle-Zélande, Sir Michaël Hardie Boys. Mais, a-t-il ajouté, «Gallipoli est aussi un monument à la futilité et au gâchis des guerres». «Je vous demande de mourir» La campagne, qui a duré huit mois et demi, a mobilisé au total environ un million d’hommes. Entre un tiers et la moitié ne sont pas revenus. L’Australie a eu plus de 8.700 morts, la Nouvelle-Zélande 2.700, la Grande-Bretagne plus de 21.000, la France quelque 18.000 et la Turquie, alliée de l’Allemagne dans le premier conflit mondial, plus de 86.000 «Tout cela dans une bataille qui n’eut aucune incidence sur l’issue de la guerre», a ajouté Sir Michaël. L’idée du War Council et du cabinet britanniques était de créer un second front, pour tenter de briser le statu quo de la guerre de tranchées en Europe de l’Ouest et prendre le contrôle du détroit stratégique des Dardanelles et menacer Constantinople (Istanbul). L’échec de la campagne, qui s’est terminée par un rembarquement fin décembre, est largement dû à un homme, le chef des troupes turques, Mustafa Kemal. Il devait par la suite connaître un destin exceptionnel d’homme d’Etat, en fondant la Turquie moderne, ce qui lui a valu le nom d’Ataturk (père des Turcs). Selon tous les historiens, Mustafa Kemal a montré à Gallipoli des capacités militaires peu communes, à la fois fin tacticien et meneur d’hommes. «Je ne vous demande pas d’attaquer, je vous demande de mourir», a-t-il dit un jour à ses troupes. «Gallipoli est aussi un monument à la réconciliation», a estimé Sir Michaël dans son discours, soulignant l’amitié qui lie aujourd’hui la Turquie et les anciens alliés. Et de bouleverser la foule sur la plage en citant une autre phrase célèbre de Mustafa Kemal qui, devenu plus tard président de la République de Turquie, avait écrit dans un message de réconciliation: «Vous, les mères qui de pays lointains avez envoyé vos fils combattre ici, séchez vos larmes, ils reposent maintenant parmi nous et sont en paix. Après avoir perdu leur vie sur cette terre, ils sont devenus nos fils aussi». (AFP)
Dans la pénombre de la nuit finissante, un clairon sonne «Au mort» devant une foule émue jusqu’aux larmes, sur une plage devenue cimetière: comme chaque année, ont été honorés les combattants australiens et néo-zélandais tombés à Gallipoli en Turquie, l’une des grandes batailles de la Première Guerre mondiale. Pour le 83e anniversaire de cette bataille, sept mille personnes, un nombre record, ont assisté à la traditionnelle «cérémonie de l’aube», à l’heure et au lieu exact où, en avril 1915, le corps expéditionnaire allié (Australia New Zealand Army Corps) avait débarqué, à la baie d’Anvac, sur le versant ouest de la presqu’île de Gallipoli, qui commande le détroit des Dardanelles. «Il n’y a jamais eu autant de monde, même lors du 75e ou 80e anniversaire», a estimé John Price, responsable de...