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Actualités - CHRONOLOGIE

La DVU, un parti dirigé par un milliardaire bavarois

L’Union du peuple allemand (DVU), formation d’extrême droite qui a réalisé une spectaculaire percée aux élections régionales de Saxe-Anhalt, est dirigée d’une main de fer depuis Munich, la capitale de la Bavière, par un milliardaire, Gerhard Frey, 65 ans. Gerhard Frey a qualifié le score de son parti de «succès pour la démocratie», tandis que l’Office fédéral de protection de la Constitution (Bundesverfassungsschutz) classe la DVU parmi les formations «antisémites et xénophobes». Spéculant sur les peurs engendrées dans la population de l’ex-RDA par les conséquences de la réunification allemande — chômage endémique, remise en cause d’avantages sociaux (crèches, retraites...), insécurité — la DVU a mené une campagne délibérément xénophobe et sécuritaire avec des slogans tels que «Dehors les criminels étrangers», «L’argent allemand seulement pour le travail allemand», «Contre la criminalité avec rigueur». Si la DVU revendique en Saxe-Anhalt 1.500 adhérents et 15.000 dans toute l’Allemagne, c’est dans l’ex-RDA que se produisent la plupart des incidents à caractère raciste et néo-nazi: ainsi, il n’y a pas de semaine sans que des bandes de skinheads désœuvrés n’agressent des étrangers. En Saxe-Anhalt, Gerhard Frey et la DVU ont mis en œuvre des moyens financiers gigantesques: pas moins de trois millions de marks (1,6 million de dollars), selon les enquêteurs de l’Office de protection de la Constitution. Du jamais vu encore pour une formation d’extrême droite. Si une partie de cet argent peut provenir de la fortune personnelle de M. Frey, qui édite les deux journaux de la DVU (200.000 exemplaires), notamment la «Deutsche National Zeitung» laquelle dénonce régulièrement «le chantage des juifs» comme source des maux du monde, une partie de ces sommes a peut-être pour origine un mystérieux généreux donateur français. Le Parlement allemand a en effet ouvert une enquête sur un don d’un million de francs (150.000 dollars) en faveur de la DVU qui aurait été versé par un aristocrate d’extrême droite français, le marquis Jacques de Mathan, 90 ans. Ce dernier avait déclaré au quotidien français Le Monde ne pas se souvenir de ce don. Président et créancier Dans le passé, la DVU a déjà été représentée aux Parlements régionaux de Brême et du Schleswig-Holstein (nord) avant d’en être évincée, et elle dispose aujourd’hui d’élus dans les assemblées communales de Hambourg, Brême et Bremerhaven. Jusqu’à présent, l’extrême droite allemande, en permanence déchirée par des querelles intestines, ne siégeait que dans un seul des 16 Parlements régionaux, celui du Bade-Wurtemberg, à l’ouest, mais sous l’étiquette des «républicains», un parti concurrent de la DVU. Quant à Gerhard Frey, il est en même temps le président et le principal créancier de la DVU: l’an dernier, son parti lui devait déjà un total de 8 millions de marks (4,4 millions de dollars), et cette dette a encore dû s’alourdir compte tenu des moyens engagés pour la campagne électorale en Saxe-Anhalt. Gerhard Frey, juriste de formation, a commencé à l’extrême droite au début des années 50 comme journaliste à la «Deutschen Soldaten-Zeitung». Créé en 1951 à Munich par d’anciens officiers de la Wehrmacht pour défendre l’idée d’une contribution de la jeune RFA à la défense de l’Europe de l’Ouest, sous l’œil bienveillant des autorités d’occupation américaines et du gouvernement chrétien-démocrate allemand, le journal évolue rapidement vers l’extrême droite. En 1954, les Etats-Unis et le gouvernement ouest-allemand cessent de lui verser des subventions et Gerhard Frey profite des difficultés financières pour s’emparer et du journal et de la maison d’édition. En 1963, il change le titre, qui devient «Deutsche National-Zeitung», et adjoint à la maison d’édition un lucratif commerce d’insignes, médailles, disques, vidéos... En 1971, il se lance dans la politique, crée la DVU en tant qu’association et la transforme seize ans plus tard, en 1987, en parti politique national. (AFP)
L’Union du peuple allemand (DVU), formation d’extrême droite qui a réalisé une spectaculaire percée aux élections régionales de Saxe-Anhalt, est dirigée d’une main de fer depuis Munich, la capitale de la Bavière, par un milliardaire, Gerhard Frey, 65 ans. Gerhard Frey a qualifié le score de son parti de «succès pour la démocratie», tandis que l’Office fédéral de protection de la Constitution (Bundesverfassungsschutz) classe la DVU parmi les formations «antisémites et xénophobes». Spéculant sur les peurs engendrées dans la population de l’ex-RDA par les conséquences de la réunification allemande — chômage endémique, remise en cause d’avantages sociaux (crèches, retraites...), insécurité — la DVU a mené une campagne délibérément xénophobe et sécuritaire avec des slogans tels que «Dehors...