Actualités - CHRONOLOGIE
Russie La réforme Kirienko, déjà en butte à la résistance des lobbies industriels
le 28 avril 1998 à 00h00
Le nouveau premier ministre Sergueï Kirienko arrive à la barre de la Russie avec un programme de rigueur économique, dont la réussite dépendra de sa résistance aux pressions des lobbies industriels, estiment les analystes. La candidature de M. Kirienko, 35 ans, imposée par le président russe Boris Eltsine, a été finalement acceptée vendredi dernier par les députés de la Douma mettant fin à près d’un mois de crise politique, à peine ressentie dans les sphères économiques. Pour les spécialistes, la nomination du jeune libéral à la tête du gouvernement est une bonne nouvelle mais n’a rien d’une surprise: elle signifie la «continuation des réformes et de la politique (de stabilité) monétaire», se satisfait Alexandre Morozov, expert de la Banque mondiale. Optimiste, M. Morozov compte qu’elle donnera une «impulsion» aux réformes économiques. Cette accélération est une des priorités affichées du futur gouvernement. M. Kirienko n’a cessé de le répéter depuis un mois quand Boris Eltsine l’a nommé premier ministre par intérim après avoir renvoyé à la stupéfaction générale Viktor Tchernomyrdine. Il entend réduire le déficit budgétaire, la dette extérieure, réorganiser les services d’Etat en réduisant notamment le nombre de fonctionnaires et enfin améliorer la très déficiente collecte des impôts. M. Kirienko a déjà annoncé une réduction des dépenses de près de 6 milliards de dollars sur les quelque 84 milliards prévus dans le budget. Lors de la séance qui a décidé de son investiture, l’ex-banquier a voulu montrer que son cabinet travaillait déjà, en énumérant «les résolutions, décisions et mécanismes concrets» qu’il a élaborés cette semaine. M. Kirienko, proche du réformateur Boris Nemtsov, vise une croissance économique de 5-6% par an à partir de l’an 2.000. Pour 1998, tout en reconnaissant la situation très difficile du pays, il promet une croissance de 1,5% à 2%. M. Kirienko «est plus optimiste que les marchés», commente Maxime Safonov de la banque ING. Il devra se conformer aux consignes de rigueur énoncées par le Fonds monétaire international s’il veut toucher les dernières tranches du prêt de 10,2 milliards de dollars accordé en 1996 à la Russie. Le nouveau premier ministre aura toutefois les mains plus libres que ses prédécesseurs, estiment les experts: le nouveau gouvernement sera «homogène», avec de nouvelles têtes, «il n’y aura plus d’éléments résistants (aux réformes)», remarque M. Morozov, faisant allusion à Viktor Tchernomyrdine, l’ancien magnat du géant mondial du gaz, Gazprom. Mais, pour Rory Macfarquhar, du Centre russo-européen de politique économique, M. Kirienko «pourrait aussi avoir de plus grandes difficultés pour trouver un accord avec la Douma» et surtout «pour résister à l’influence des milieux d’affaires» au moment des dernières grandes privatisations de Rosneft (pétrole) et de Sviazinvest (communications). Cet expert craint que «les milieux industriels n’aient une grande influence sur le gouvernement parce qu’il est si jeune et relativement inexpérimenté». La dernière opposition et non la moindre qui ralentirait l’action du futur gouvernement pourrait venir du chef de l’Etat lui-même. M. Eltsine ne peut se résoudre à des mesures impopulaires comme il l’a montré à l’occasion de l’annonce du plan Koudrine-Fischer (du nom du vice-ministre des Finances et du responsable du FMI) qui prévoit la réduction de 200.000 emplois dans le service public (10 à 15% des fonctionnaires, dont des médecins et professeurs). Il avait qualifié de «provocation» ce plan, pourtant confirmé peu après par le ministre des Finances, Mikhaïl Zadornov. (AFP)
Le nouveau premier ministre Sergueï Kirienko arrive à la barre de la Russie avec un programme de rigueur économique, dont la réussite dépendra de sa résistance aux pressions des lobbies industriels, estiment les analystes. La candidature de M. Kirienko, 35 ans, imposée par le président russe Boris Eltsine, a été finalement acceptée vendredi dernier par les députés de la Douma mettant...
Les plus commentés
Naïm Kassem affiche sa combativité face à Israël, sa formation joint l’acte à la parole
Au Liban-Sud, la loi du plus fort (3/3)
Cinq semaines plus tard, le point sur l’offensive terrestre israélienne