Rechercher
Rechercher

Actualités - BIOGRAPHIES

Un militaire rugueux, aimé par les russes

Alexandre Lebed est un général charismatique à la voix d’outre-tombe et au regard perçant: redouté de la classe dirigeante moscovite, il a prouvé dimanche, en remportant le premier tour de l’élection pour le poste de gouverneur de Krasnoïarsk, qu’il était toujours aimé des Russes et un candidat sérieux à la présidentielle de l’an 2000. En retrait de la scène politique depuis un an et demi, le général à la carrure massive n’a pourtant jamais douté de lui. A qui veut l’entendre, il répète sans sourciller: «Je serai président en l’an 2.000». «C’est aujourd’hui le candidat le plus sérieux pour la charge du Kremlin», estime Iouri Korgoniouk du centre d’études politiques Indem après le premier tour de l’élection à Krasnoïarsk (Sibérie) où le général à la retraite est venu chercher l’assise politique nécessaire pour entrer dans la course présidentielle. En tant que «personnalité remarquable... sur laquelle on peut fonder certains espoirs de changement», il est à même de «satisfaire les attentes de groupes très différents d’électeurs», explique M. Korgoniouk. Vedette des casernes, M. Lebed, 48 ans, a déjà flirté avec les hautes sphères du pouvoir qui ont tôt fait de redouter cet homme solitaire au profil atypique. Né le 20 avril 1950 à Novotcherkassk, dans le sud-ouest, Alexandre Lebed décroche ses premiers titres de gloire comme parachutiste en Afghanistan, puis participe aux sanglantes répressions soviétiques des mouvements indépendantistes à Tblissi, en avril 1989, et à Bakou, en janvier 1990. Mais en août 1991, il prend la défense de Boris Eltsine et des démocrates contre les putschistes communistes à Moscou, et est envoyé à la tête de la 14e armée russe en Moldavie, où il devient le général préféré des soldats. Lors des affrontements entre russophones et roumanophones moldaves en 1991-92, il se forge une réputation d’intégrité et de défenseur des intérêts russes. En opposition avec le ministre de la Défense de l’époque, Pavel Gravtchev, qu’il accuse de corruption, l’ambitieux général démissionne de l’armée en juin 1995 pour se lancer dans la vie politique, comme numéro deux du Congrès des communautés russes (KRO), un mouvement nationaliste modéré. Aux législatives de décembre, il est élu député. Démagogue En juin 1996, Alexandre Lebed, au plus haut de sa popularité, arrive en troisième place au premier tour de l’élection présidentielle avec près de 15% des voix. Il se rallie alors au président Eltsine, lui permettant de se faire élire face au candidat communiste Guennadi Ziouganov. Pour le récompenser, Boris Eltsine le nomme secrétaire du Conseil de sécurité russe. Là, il se démarque une nouvelle fois en signant un traité de paix avec les indépendantistes tchétchènes, mettant fin à 21 mois d’un conflit sanglant. Pour cela, M. Lebed n’hésite pas à se rendre seul dans la république sécessionniste du Caucase russe et à rencontrer les chefs tchétchènes. «Il a alors montré qu’il n’était pas seulement un talentueux démagogue, mais aussi un homme d’action», explique M. Korgoniouk. Fort de ce succès, le général, qui dit admirer Napoléon 1er et le dictateur chilien Augusto Pinochet, s’attaque aux «faucons» du Kremlin. Cette fois, il échoue. Prenant ombrage de sa popularité grandissante, Boris Eltsine le limoge en octobre 1996. Lebed tombe alors dans un oubli médiatique, ayant perdu son titre de député. Dix-huit mois plus tard, il réapparaît en force à Krasnoïarsk, une riche région de Sibérie quatre fois plus grande que la France, où il brigue le poste de gouverneur. En civil, évitant les plaisanteries douteuses et les déclarations à l’emporte-pièce, le général à la retraite fait tout pour séduire: il apprend à sourire, fait même venir dans cette lointaine région l’acteur français Alain Delon et ne refuse pas l’aide du financier Boris Berezovski, même si la réputation d’homme d’affaires louche de ce dernier s’accorde mal avec l’image de «Monsieur propre» du général. (AFP)
Alexandre Lebed est un général charismatique à la voix d’outre-tombe et au regard perçant: redouté de la classe dirigeante moscovite, il a prouvé dimanche, en remportant le premier tour de l’élection pour le poste de gouverneur de Krasnoïarsk, qu’il était toujours aimé des Russes et un candidat sérieux à la présidentielle de l’an 2000. En retrait de la scène politique depuis un an et demi, le général à la carrure massive n’a pourtant jamais douté de lui. A qui veut l’entendre, il répète sans sourciller: «Je serai président en l’an 2.000». «C’est aujourd’hui le candidat le plus sérieux pour la charge du Kremlin», estime Iouri Korgoniouk du centre d’études politiques Indem après le premier tour de l’élection à Krasnoïarsk (Sibérie) où le général à la retraite est venu chercher...