Actualités - CHRONOLOGIE
Sommet de l'APEC - Washington souhaite plus de démocratie Polémique en Asie sur les propos réformateurs d'Al Gore (photo)
le 18 novembre 1998 à 00h00
Le sommet des chefs d’État et de gouvernement des 21 pays du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) s’est ouvert hier à Kuala Lumpur sur une intense polémique suscitée par des propos du vice-président américain en faveur de la démocratie en Asie. Les quelques phrases prononcées par Al Gore pour soutenir la «Reformasi» en Malaisie et dans d’autres pays asiatiques ont immédiatement suscité une réponse indignée de la part des autorités malaises et des réactions variant entre l’embarras et l’irritation en Asie. La tempête diplomatique allumée par les propos d’Al Gore a brutalement remis à nu l’antagonisme en Asie entre les tenants d’un régime autoritaire et ceux pour lesquels il ne peut y avoir de prospérité durable sans démocratie. Jamais la politique n’a été aussi présente à un sommet de l’Apec qu’à celui de Kuala Lumpur. Depuis le début des travaux de ce forum jeudi, les négociations commerciales n’ont pas réussi à faire oublier le sort réservé à l’ancien vice-Premier ministre malais Anwar Ibrahim. C’est l’incarcération le 20 septembre du rival de Mahathir, puis l’ouverture de son procès pour sodomie et corruption, qui ont amené Al Gore à prononcer les quelques phrases de soutien explicite à la «Reformasi» (Réforme) et aux «Malais courageux» partisans de la démocratie. Ostensiblement, les encouragements du vice-président américain sont allés aussi aux autres courants démocratiques qui fleurissent dans d’autres pays de la région. La réponse de la Malaisie n’a pas tardé. Elle a accusé les États-Unis de déclarations «irresponsables», «répugnantes», «détestables» et «contraires aux règles régissant les relations entre États souverains». Les réactions parmi les 21 pays membres de l’Apec ont illustré les lignes de fracture dans une région mosaïque où coexistent des régimes autoritaires et des démocraties confirmées. L’un des premiers à critiquer Al Gore a été Goh Chock Tong, Premier ministre de Singapour, petite république qui s’est fait la championne des «valeurs asiatiques» par la voix de son «senior minister» Lee Kuan Yew. L’Apec «ne devrait pas s’occuper de politique», a dit le chef du gouvernement singapourien, prenant note du fait que les autorités malaises étaient «évidemment furieuses». À l’exact opposé, le président des Philippines, Joseph Estrada, a expliqué «qu’étant le président d’un pays démocratique, je me range à l’opinion» d’Al Gore. Le Japon, une démocratie parlementaire, mais avant tout attaché à la stabilité politique chez ses voisins, a clairement choisi le camp de la condamnation des déclarations américaines. «Notre approche n’est pas de pointer le doigt sur les autres. Nous faisons part de nos inquiétudes, mais nous ne nous répandons pas partout en déclamant nos vues dans un mégaphone», a dit Sadaaki Numata, porte-parole du Premier ministre japonais Keizo Obuchi. Un clash entre civilisations La Chine et la Corée du Sud se sont jusqu’à présent abstenues de prendre part à cette tempête diplomatique. La première est cependant clairement à ranger dans le camp des gouvernements autoritaires. Pékin ne s’est jamais privé de dénoncer les leçons de démocratie données par les États-Unis et d’accuser ce pays de commettre lui-même de nombreuses violations des droits de l’Homme. Le président de la Corée du Sud, Kim Dae-jung, un ancien dissident, est au contraire fermement attaché aux valeurs démocratiques. Il dit et répète que la crise asiatique est pour une grande partie le résultat de l’autoritarisme, de la corruption et du manque de transparence. Il reste que le coup d’éclat du vice-président américain, dont les propos ont été intégralement endossés par la Maison-Blanche, pourrait bien dans les faits ne pas servir la cause qu’il défend et se retourner contre Anwar Ibrahim, relèvent des diplomates asiatiques. «Beaucoup y verront un clash entre civilisations» qui va «créer un sentiment anti américain» là où il n’existait pas encore dans une Asie jalouse de son indépendance, a expliqué une source asiatique. La Nouvelle-Zélande a estimé, par la voix de son Premier ministre Jenny Shipley, qu’une diplomatie discrète était plus efficace à des déclarations tonitruantes. Déjà terni par l’absence du président US Bill Clinton et la crise irakienne, le sommet se retrouve encore plus hypothéqué par l’incident diplomatique créé entre les USA et la Malaisie, pays hôte. Le sommet doit s’achever ce soir par une déclaration commune dont l’accent sera de toute vraisemblance mis sur les remèdes pour extraire la région de la crise financière et économique.
Le sommet des chefs d’État et de gouvernement des 21 pays du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) s’est ouvert hier à Kuala Lumpur sur une intense polémique suscitée par des propos du vice-président américain en faveur de la démocratie en Asie. Les quelques phrases prononcées par Al Gore pour soutenir la «Reformasi» en Malaisie et dans d’autres pays asiatiques...
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