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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire Ocalan - Tension grandissante entre la Turquie et l'Italie Des milliers de kurdes déferlent sur Rome (photo)

La tension montait mardi entre la Turquie et l’Italie, cinq jours après l’arrestation du chef séparatiste kurde de Turquie Abdullah Öcalan, alors que des milliers de Kurdes venus de toute l’Europe affluaient sur Rome où se déroule une manifestation permanente devant le siège du gouvernement italien. Le chef du gouvernement italien, Massimo D’Alema, avait opposé lundi une fin de non recevoir aux pressions de la Turquie, qui exige l’extradition de son ennemi public numéro un. L’Italie «n’entend subir ni menaces, ni pressions, ni chantages», a-t-il déclaré. Il a rappelé que l’Italie était un État démocratique et de droit qui entend procéder sur les bases de ses propres lois. Une de celles-ci empêche l’extradition vers un pays où une personne risque la peine de mort. «Il me paraît difficile de parler de terrorisme dans le cas du peuple kurde. Il y a certes eu des violences mais de tous les côtés» a-t-il ajouté, au cours d’un point de presse. Comme en écho aux propos de M. D’Alema, une déclaration d’Öcalan dans laquelle celui-ci condamne le terrorisme, a été diffusée lundi à Rome par la branche politique du PKK, le Front national de libération (ERNK). «Le génocide, l’extermination, les attaques aux libertés des peuples ne peuvent en aucune manière être justifiés et je condamne de toutes mes forces le terrorisme, même s’il émane de notre part», a déclaré M. Öcalan. M. Öcalan, qui se trouve aux arrêts dans un hôpital à Palestrina, à 40 kilomètres de Rome, ajoute «être venu en Italie pour construire les conditions d’une solution politique». La Turquie poursuit de son côté ses pressions pour l’extradition du chef kurde, l’Union des chambres de commerce et d’industrie de Turquie appelant notamment au boycottage des produits italiens. L’Italie est le deuxième partenaire commercial de la Turquie. Avec l’affaire Öcalan, le gouvernement italien, dirigé par l’ex-communiste D’Alema et formé le 21 octobre dernier, affronte sa première épreuve de politique internationale. «Extradition ou asile politique ? De ce choix dépendront probablement les futures relations internationales de l’Italie», a écrit le quotidien de gauche Il Manifesto de mardi. Le troisième pays intéressé directement à l’affaire, l’Allemagne qui a émis un mandat d’arrêt en 1990 à l’encontre d’Öcalan, est désormais dirigé par les sociaux-démocrates et les Verts à la sensibilité politique proche de celle de M. D’Alema. La demande d’extradition, qui dépend du parquet fédéral, n’a pas encore été faite, a indiqué le ministre des Affaires étrangères allemand Joschka Fischer. Il a replacé la question dans un contexte international plus large estimant que «le cas Öcalan est une occasion pour une solution politique du problème kurde en Turquie. Avec sagesse politique, on peut arriver à une solution», a déclaré M. Fischer interrogé en marge de la réunion de l’Union européenne de défense (UEO) qui s’est tenue lundi et mardi à Rome. La pression des Kurdes s’accentue également sur Rome où des milliers de Kurdes continuent à affluer de toute l’Europe sur la capitale où ils organisaient mardi après-midi une grande manifestation. Partout où ils sont présents, les Kurdes proches du PKK manifestent leur présence et leur soutien à leur chef par des actions parfois spectaculaires. Attentat-suicide, détenus tentant de s’immoler par le feu et drapeau italien brûlé : les manifestations contre ou pour l’extradition d’Italie du chef de la rébellion kurde Abdullah Öcalan ont mis mardi la Turquie en ébullition. Une militante présumée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) s’est tuée dans un attentat-suicide qui a fait 4 blessés devant un poste de gendarmerie à Yüksekova, près de la frontière iranienne, selon une source officielle à Diyarbakir. Trois détenus kurdes emprisonnés pour appartenance au PKK ont tenté dans la nuit de lundi à mardi de s’immoler par le feu à Batman (sud-est), selon une source pénitentiaire. Les trois hommes se sont aspergés d’eau de Cologne avant d’y mettre le feu. Plus de 600 détenus kurdes observent une grève de la faim depuis lundi dans plusieurs prisons de l’ouest de la Turquie en signe de solidarité avec le chef du PKK. À Istanbul, des affrontements ont opposé quelque 200 nationalistes à environ 150 sympathisants du PKK qui manifestaient en soutien à Öcalan. La police a arrêté plusieurs personnes et un blessé au moins a été enregistré, selon des témoins. Les forces de l’ordre ont dû intervenir pour sauver du lynchage des sympathisants du PKK, selon l’agence Anatolie. Parallèlement, les manifestations se sont multipliées devant les représentations italiennes pour réclamer l’extradition d’Öcalan. Une cinquantaine de manifestants nationalistes ont brûlé un drapeau italien devant l’ambassade d’Italie à Ankara, à l’appel du parti d’Action nationaliste (MHP). À Istanbul, une vingtaine de personnes ont déposé une gerbe noire devant le consulat général d’Italie. Et une cinquantaine de femmes ont appelé au boycottage des produits textiles italiens en manifestant devant un magasin du groupe italien Benetton. Le président Suleyman Demirel a de son côté contesté l’intention du gouvernement d’abolir la peine capitale en vue d’obtenir l’extradition d’Öcalan, soulignant qu’il «n’existe pas dans l’opinion publique turque une tendance favorable» à cette mesure. M. Demirel a en outre affirmé mardi à Vienne que le chef kurde aura droit à un «procès libre» si l’Italie répond favorablement à la demande d’extradition. «Je peux garantir un procès libre non seulement à M. Öcalan mais à quiconque», a déclaré M. Demirel au cours d’une conférence de presse à Vienne, à l’issue d’entretiens avec le président autrichien Thomas Klestil. «La Turquie n’a pas de problème kurde. Nous avons un problème avec le terrorisme», a déclaré M. Demirel, ajoutant : «aussi longtemps que ce terrorisme est placé dans la même catégorie que le prétendu problème kurde, il ne pourra pas y avoir de solution» et «rien ne changera».
La tension montait mardi entre la Turquie et l’Italie, cinq jours après l’arrestation du chef séparatiste kurde de Turquie Abdullah Öcalan, alors que des milliers de Kurdes venus de toute l’Europe affluaient sur Rome où se déroule une manifestation permanente devant le siège du gouvernement italien. Le chef du gouvernement italien, Massimo D’Alema, avait opposé lundi une fin de non recevoir aux pressions de la Turquie, qui exige l’extradition de son ennemi public numéro un. L’Italie «n’entend subir ni menaces, ni pressions, ni chantages», a-t-il déclaré. Il a rappelé que l’Italie était un État démocratique et de droit qui entend procéder sur les bases de ses propres lois. Une de celles-ci empêche l’extradition vers un pays où une personne risque la peine de mort. «Il me paraît difficile de parler de...