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Actualités - REPORTAGE

Education - Initiative privée et bénévolat Une bibliothèque française au Hermel (photos)

Des élèves portant des livres et des cahiers discutent ensemble à l’entrée d’un bâtiment de la ville. Ils viennent à la bibliothèque, après les cours, afin de consulter les manuels nécessaires à leurs divers devoirs. D’autres se sont simplement déplacés pour lire ou pour discuter avec les membres de l’association culturelle de Hermel ou du Groupement des retraités enseignants sans frontière (GREF). Le GREF, association française, est présent au Liban depuis cinq ans. Depuis 1996, le groupement est chargé, dans cette localité, de l’animation de la bibliothèque. Il organise, entre autres, des réunions avec les instituteurs du primaire, en dehors des heures des cours, afin de répondre à leurs besoins. «Toutes les institutrices veulent améliorer leur langue française parlée», note Mme Mitou Ermine, membre du GREF. Le local qui abrite l’actuelle bibliothèque a été construit en 1985 par le comité populaire de la ville. C’est M. Ismaïl Chahine, enseignant de français dans une école privée du Hermel, qui est à l’origine de la création de la bibliothèque. Il se rappelle que les habitants avaient installé des barrages pour collecter l’argent nécessaire à la construction du bâtiment, qui devait être doté d’une salle de spectacle. «La somme la plus importation a été octroyée par l’ancien député Yéhia Chamas», note M. Chahine. Et d’ajouter que «l’auditorium, inauguré par le ministre syrien de l’Éducation, a été baptisée la Salle Hafez el-Assad». En 1986, M. Chahine propose que les trois salles situées à proximité de l’auditorium soient aménagées en bibliothèque. Il puise dans ses économies et paie plus de 1 000 dollars pour pourvoir les murs d’étagères, aménager la cafétéria… Au début, la bibliothèque n’avait que 250 ouvrages en français et 300 en arabe. Un peu plus tard, M. Chahine sollicite l’aide du Centre culturel français (CCF). La réponse est positive et c’est en 1991, que la bibliothèque reçoit les premiers dons français. Jusqu’à présent, le CCF a octroyé une aide s’élevant à 45 mille francs. La bibliothèque recèle 3 000 livres en français et 2 500 ouvrages en arabe. Les livres arabes ont été offerts pour la plupart par l’Action sociale culturelle arabe. C’est M. Chahine qui a choisi les ouvrages français : des livres pour tous les âges et tous les goûts, notamment la bibliothèque verte, des livres documentaires, des bandes dessinées, des revues (Okapi, Pomme d’api, Sciences et vie, Je bouquine) et beaucoup de romans. Leurs auteurs sont variés : Sartre, Camus, Balzac, Montesquieu… et Amine Maalouf, André Chédid, Georges Schéhadé, Tahar Ben Jelloun… M. Chahine note «avoir choisi exprès des auteurs francophones pour que les étudiants sachent que même si le français n’est pas leur langue maternelle, ils pourront, comme beaucoup d’auteurs libanais, exprimer leurs idées en français». «C’est pour encourager les étudiants à apprendre la langue», ajoute-t-il. Que n’a-t-il pas fait pour encourager les jeunes du Hermel à fréquenter la bibliothèque ! M. Chahine raconte qu’au début, avant la création de l’association culturelle de Hermel, «c’est moi et mon épouse Hanan qui avons tenu seuls la permanence durant deux ans». «De plus, comme personne ne venait consulter les livres, nous avons obligé nos neveux à venir à la bibliothèque afin d’inciter les autres enfants de la localité à fréquenter l’établissement», poursuit-il. Aujourd’hui, la bibliothèque reçoit quotidiennement une vingtaine d’étudiants appartenant aux écoles publiques et privées. Elle ouvre uniquement ses portes l’après-midi, de 15 à 19 heures. Et ce sont 28 bénévoles de l’association culturelle de Hermel qui y assurent la permanence. Ils sont pour la plupart des enseignants dans les écoles de Hermel et de Ras-Baalbeck. Quelques-uns sont ingénieurs ou médecins. Fête de la bibliothèque Le local construit durant les années quatre-vingt est divisé en plusieurs salles : l’une est consacrée aux membres de l’association culturelle, une autre est consacrée aux livres arabes, une troisième aux livres français, et un espace, tout prêt de l’auditorium, est aménagé en cafétéria. L’accès à la bibliothèque (pour étudier ou consulter des ouvrages) est gratuit. Pour emprunter des livres ou des revues, il faut payer une cotisation annuelle de 5 000 livres libanaises. «Au début, presque personne ne venait à la bibliothèque, maintenant la place manque et certains étudiants sont obligés de s’installer dans la cafétéria», indique M. Chahine. Les membres du GREF soulignent que «beaucoup d’étudiants fréquentent la bibliothèque pour se faire aider en français, notamment les élèves qui préparent un bac littéraire». Cette année, l’association française a ajouté à ses activités d’animation une séance de lecture destinée aux élèves qui fréquentent les lieux. L’association culturelle de Hermel célèbre, chaque année, deux cérémonies à l’intérieur de la bibliothèque : la fête du professeur et celle de la bibliothèque. Cette dernière est célébrée en février, date de l’inauguration des salles de lecture. «Nous avons créé ces évènements afin de présenter la bibliothèque aux habitants et pour les encourager à octroyer des dons», raconte M. Chahine, qui souligne la «nécessité de sensibiliser la population à la lecture». Pour la fête de la bibliothèque, l’association culturelle de Hermel invite à la cérémonie les membres de la mission culturelle de l’ambassade de France. «C’est une manière modeste de les remercier», indique M. Chahine. La fête du professeur, elle, est célébrée avec tous les instituteurs de la localité ainsi que les enseignants retraités du Hermel et les membres du GREF présents. Non sans amertume, M. Chahine note que «même si les responsables du CCF se sont déplacés jusqu’au Hermel pour inspecter la bibliothèque, aucun ministre libanais ne nous a rendu visite». «Les députés, eux, s’y sont arrêtés au cours de leurs campagnes électorales ; ils ont prononcé des discours dans l’auditorium et ont fait des promesses qu’ils n’ont jamais tenues», poursuit-il. Au début du mois de novembre, les élèves de diverses écoles de la localité ont pu assister, grâce à la mission culturelle française, dans l’auditorium de la bibliothèque, à un spectacle de marionnettes. À la question de savoir pourquoi il a tenu à fonder une bibliothèque française au Hermel, M. Chahine déclare que dans son village «il n’y a ni jardin public, ni cinéma, ni théâtre ; il n’existe aucun lieu de rencontre pour les jeunes. Il fallait donc agir». Et de souligner: «La bibliothèque est un pas en avant, il faut parvenir d’une manière ou d’une autre à développer la région». La prochaine étape sera peut être la création d’un ciné-club dans la salle de spectacle de la bibliothèque. En attendant, M. Chahine n’épargne pas ses efforts pour encourager l’apprentissage de la langue française au Hermel.
Des élèves portant des livres et des cahiers discutent ensemble à l’entrée d’un bâtiment de la ville. Ils viennent à la bibliothèque, après les cours, afin de consulter les manuels nécessaires à leurs divers devoirs. D’autres se sont simplement déplacés pour lire ou pour discuter avec les membres de l’association culturelle de Hermel ou du Groupement des retraités enseignants sans frontière (GREF). Le GREF, association française, est présent au Liban depuis cinq ans. Depuis 1996, le groupement est chargé, dans cette localité, de l’animation de la bibliothèque. Il organise, entre autres, des réunions avec les instituteurs du primaire, en dehors des heures des cours, afin de répondre à leurs besoins. «Toutes les institutrices veulent améliorer leur langue française parlée», note Mme Mitou Ermine,...