Actualités - CHRONOLOGIE
UEO : conférence des ministres des AE à Rome L'Europe relance le débat sur une défense commune
le 17 novembre 1998 à 00h00
Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), réunis à Rome, ont relancé lundi le débat récurrent sur la création d’une défense européenne, à la lumière d’une récente évolution de Londres qui en accepte désormais la perspective. Après des années de léthargie et dotée depuis le début des années 90 d’un outil opérationnel lui permettant de mener des missions d’ampleur moyenne (15 000 hommes), l’UEO, créée en 1948 et inexistante sur la scène internationale, attend toujours son réel «baptême du feu». Elle n’a aucun rôle influent ni en Bosnie ni au Kosovo et a manqué début 1997 une «mission idéale» en Albanie, selon son secrétaire général José Cutileiro. Faute d’un accord britannique et allemand pour un recours à l’UEO, une opération de paix avait été menée alors dans ce pays, avec succès, par une coalition ad hoc de 6 000 hommes dirigés par l’Italie. «L’Europe a besoin d’être en mesure d’agir seule lorsque, pour différentes raisons, les États-Unis ne sont pas capables ou ne désirent pas s’engager», reconnaît aujourd’hui le Premier ministre britannique Tony Blair, en réclamant de «premières propositions» dans les six mois à venir. Les alliés européens de Londres restent toutefois méfiants face à cette évolution. Craignant de porter ombrage à l’Otan, la Grande-Bretagne avait toujours refusé jusqu’à présent le développement d’une défense européenne et bloqué en 1997 une perspective de fusion UEO/Union européenne. «Nous n’entrons pas dans le débat avec des idées préconçues», assure un diplomate britannique, en rappelant toutefois aussitôt le rejet de son pays à l’idée d’une fusion UEO/UE défendue par Paris et Bonn. Selon un expert, la discussion ne peut aller que dans trois directions: outre la fusion, un nouveau renforcement de l’UEO, et un transfert de ses moyens militaires à l’Otan en ne laissant à l’UE qu’un rôle politique. Cette idée, d’origine britannique, est rejetée par les partenaires de la Grande-Bretagne, qui y voient une volonté de «tuer» l’UEO. Après avoir évoqué à Amsterdam en 1997 la nécessité d’une capacité de défense européenne, il serait absurde que «l’Europe abdique devant un rôle autonome en se rendant totalement dépendante des États-Unis», estime ainsi le ministre italien des Affaires étrangères Lamberto Dini. Le ministre allemand de la Défense Rudolf Scharping a estimé que l’Europe n’avait «plus de temps à perdre» pour créer une défense européenne. «Les Européens doivent surmonter leurs faiblesses au lieu de se plaindre de la suprématie américaine» dans la sécurité en Europe, a-t-il dit. L’idée d’identité européenne de défense et de sécurité progresse, a assuré de son côté le secrétaire général de l’Otan Javier Solana, en citant notamment l’engagement des Européens au sein de l’Alliance à mettre sur pied une force d’intervention rapide pour venir en aide si besoin à l’OSCE au Kosovo. Pour le Portugais José Cutileiro, l’heure n’est plus aux discussions stériles. «Soyons sérieux. Depuis le début des années 90, l’UEO n’est plus un club de débats académiques. Un rôle particulier lui a été donné, des moyens ont été mis en place. Pourquoi est-il fait si peu appel à l’UEO et pourquoi dépensons-nous tant d’énergie à débattre de son avenir, non pas en se souciant de son renforcement mais en s’interrogeant à l’infini sur une mort annoncée, retardée ou démentie?» se demande-t-il. L’Europe «peut économiser beaucoup d’argent si elle s’organise dans une logique européenne» pour sa défense, estime de son côté le président de l’Assemblée parlementaire de l’UEO, l’Espagnol Luis Maria de Puig. L’UE dépense, dans quinze budgets de la Défense séparés, quelque 200 milliards de dollars par an contre 270 milliards versés aux États-Unis.
Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), réunis à Rome, ont relancé lundi le débat récurrent sur la création d’une défense européenne, à la lumière d’une récente évolution de Londres qui en accepte désormais la perspective. Après des années de léthargie et dotée depuis le début des années 90 d’un outil opérationnel lui permettant de mener des missions d’ampleur moyenne (15 000 hommes), l’UEO, créée en 1948 et inexistante sur la scène internationale, attend toujours son réel «baptême du feu». Elle n’a aucun rôle influent ni en Bosnie ni au Kosovo et a manqué début 1997 une «mission idéale» en Albanie, selon son secrétaire général José Cutileiro. Faute d’un accord britannique et allemand pour un recours à l’UEO, une...
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