Actualités - CHRONOLOGIE
Affaire Ocalan - Forcing turc pour l'extradition du chef du PKK L'Italie sous pression (photo)
le 17 novembre 1998 à 00h00
L’Italie était soumise lundi à d’intenses pressions à propos du chef kurde Abdullah Öcalan, la Turquie faisant le forcing pour obtenir son extradition et ses partisans se disant prêts à tout pour convaincre Rome de lui accorder l’asile politique. Chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en lutte armée contre Ankara depuis 1984 pour la création d’un État kurde indépendant, Abdullah Öcalan, dit «Apo», a été arrêté jeudi à l’aéroport de Rome en vertu de deux mandats d’arrêt internationaux, l’un émanant de Turquie, l’autre d’Allemagne. Ce dernier avait été émis en 1990 pour «homicide et direction d’une organisation terroriste». Le PKK est interdit en Allemagne. Bonn n’a pas exclu de présenter à l’Italie une demande d’extradition. Le gouvernement turc tente par tous les moyens, y compris une éventuelle abolition de la peine de mort, d’obtenir d’un pays qui est son allié au sein de l’Otan l’extradition d’un homme qu’il considère comme son ennemi public numéro un. Le Premier ministre turc, Mesut Yilmaz, a rappelé aux dirigeants italiens leurs «engagements internationaux contre le terrorisme» et les a appelés à assumer leurs responsabilités et montrer que l’Italie est un «État de droit», en extradant M. Öcalan. «Cet individu est responsable de la mort de 30 000 personnes. Aucun pays qui le protège ou tolère ses activités ne peut prétendre être un État de droit», a déclaré M. Yilmaz à Ankara, au moment où, à Rome, son ministre des Affaires étrangères, Ismail Cem, s’entretenait du cas Öcalan avec son homologue italien, Lamberto Dini. Par ailleurs, l’Union des chambres de commerce et d’industrie de Turquie a appelé au boycottage des produits italiens, tandis que la presse réclame à grands cris l’extradition d’Öcalan. Des manifestants nationalistes, demandant son extradition, ont brûlé des drapeaux italiens devant le consulat général d’Italie à Istanbul et déposé une gerbe noire devant l’ambassade d’Italie à Ankara. Des détenus turcs d’une prison d’Istanbul retenaient en otage un Italien, pour la deuxième journée consécutive, réclamant eux aussi l’extradition. Mais de son côté, le PKK faisait lui aussi pression sur Rome, à coup de manifestations, pour obtenir la libération de son chef, menaçant de «conséquences» les pays soutenant la position d’Ankara. Plus de 6 000 Kurdes, venus de toute l’Europe, ont afflué vers le centre de Rome pour soutenir Öcalan tandis que dans plusieurs villes d’Europe comme Strasbourg et Bucarest, et jusqu’au Liban, des Kurdes manifestaient ou entamaient des grèves de la faim en signe de solidarité. Les mesures de sécurité ont été renforcées autour de l’hôpital de la région de Rome où se trouve M. Öcalan, la police italienne craignant d’importants rassemblements de Kurdes devant l’établissement. Simultanément, les voix en Italie se faisaient nombreuses en faveur de l’octroi de l’asile politique. Les secrétaires du principal parti de la majorité de centre-gauche, Walter Veltroni (Démocrates de gauche, DS), et du Parti de la refondation communiste (PRC), Fausto Bertinotti, se sont tous deux prononcés en faveur de l’asile politique. «C’est un héros», a estimé le dirigeant indépendantiste de la Ligue du Nord, Umberto Bossi. L’ancien président de la République Francesco Cossiga, chef d’un parti-clé de la majorité, a affirmé que l’Italie, «patrie des exilés», devait absolument accorder l’asile politique à Öcalan, tout en lui imposant de s’abstenir de toute activité politique. M. Öcalan lui-même estimait avoir de bonnes chances d’obtenir l’asile politique en Italie, «en considérant les approches positives» de personnalités du gouvernement italien à l’égard de la cause kurde, selon une lettre révélée par La Stampa. La demande d’asile, déposée samedi par M. Öcalan, bloque les demandes d’extradition. «Une extradition ne peut être concédée, tant que l’autorité compétente n’a pas statué sur le statut de réfugié politique du requérant», a indiqué un magistrat spécialiste.
L’Italie était soumise lundi à d’intenses pressions à propos du chef kurde Abdullah Öcalan, la Turquie faisant le forcing pour obtenir son extradition et ses partisans se disant prêts à tout pour convaincre Rome de lui accorder l’asile politique. Chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en lutte armée contre Ankara depuis 1984 pour la création d’un État kurde indépendant, Abdullah Öcalan, dit «Apo», a été arrêté jeudi à l’aéroport de Rome en vertu de deux mandats d’arrêt internationaux, l’un émanant de Turquie, l’autre d’Allemagne. Ce dernier avait été émis en 1990 pour «homicide et direction d’une organisation terroriste». Le PKK est interdit en Allemagne. Bonn n’a pas exclu de présenter à l’Italie une demande d’extradition. Le gouvernement turc tente par tous les moyens,...