Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

La Pax Americana dans le Golfe : une persistante odeur de pétrole

Le prix du brut est omniprésent dans la stratégie des États-Unis, premier consommateur mondial de pétrole, de maintenir l’Irak le plus longtemps possible sous surveillance, via les Nations unies, estiment les analystes. «La Pax Americana, qui s’est installée dans le Golfe à partir des années 90, a une odeur excessivement pétrolière», estime Ghassan Salamé, directeur de recherches au CNRS (Centre national français de la recherche scientifique) à Paris . L’Irak ne pourra pas avoir accès au marché pétrolier international «s’il n’arrive pas à signer des contrats à long terme avec les grandes compagnies pétrolières mondiales», estime-t-il. «Mais, pour cela, il faut que l’embargo soit levé car aucune compagnie internationale, même chinoise ou russe, n’oserait signer aujourd’hui avec l’Irak. Et sur ce point (la levée de l’embargo), les États-Unis ne sont pas prêts à transiger», souligne ce chercheur. L’Irak a négocié ces dernières années divers contrats pétroliers avec les Français, les Russes, les Chinois et les Italiens. Les pourparlers sont les plus avancés avec les Français et les Russes. Les Américains sont pratiquement absents du marché. «Or, avec des réserves prouvées de 112 milliards de barils au moins, soit près de 11% des réserves mondiales, et plusieurs gisements géants découverts, mais non encore exploités, l’Irak pourrait porter sa production à plus de six millions de barils/jour dans les six années qui suivront la levée des sanctions», affirme Nicolas Sarkis, directeur du bulletin «Le pétrole et le gaz arabes» publié à Paris. Sous embargo pétrolier depuis août 1990, l’Irak a été autorisé par l’Onu, en décembre 1996 par l’accord «pétrole contre nourriture», à exporter pour deux milliards de dollars de brut par semestre, pour acheter des vivres et des médicaments, montant passé en février à 5,2 milliards. Les experts estiment la capacité d’exportation de l’Irak entre 1,3 et 1,6 million de barils par jour (mb/j). Avant la guerre du Golfe (1991), sa capacité de production était de 3,5 mb/j et le quota Opep de 3,14 mb/j. Or, aujourd’hui, «les alliés régionaux des États-Unis, notamment l’Arabie Séoudite, troisième fournisseur des États-Unis, n’ont pas intérêt à ce que l’embargo soit levé, car cela les obligerait à réduire leurs ventes», selon M. Sarkis. Un retour de l’Irak sur le marché pétrolier ne saurait rester sans effet sur les liens traditionnellement forts des États-Unis avec les monarchies du Golfe, et notamment l’Arabie séoudite. «Les liens des États-Unis avec Ryad, en particulier, constituent la cheville ouvrière de la sécurité régionale», a ainsi récemment déclaré l’ancien secrétaire d’État américain James Baker. «Une levée de l’embargo provoquera une nouvelle chute des prix du pétrole. Or, si les Américains ont intérêt à ce que les prix du pétrole soient faibles, estime M. Sarkis, ni eux ni personne ne veulent que les prix s’effondrent, ou tombent à 8 ou 9 dollars sur une longue période». Enfin, «les États-Unis, tout en voulant continuer à importer du pétrole à des prix relativement bas, ne veulent pas non plus pénaliser les petits producteurs locaux américains qui produisent aux États-Unis». «Pour ces petites sociétés, qui sont influentes (...), les dommages seraient énormes car elles ont des coûts de production élevés et l’arrivée sur le marché de pétrole importé à des prix trop bas les obligeront à fermer des puits, ce qui a d’ailleurs déjà commencé», note-t-il. Or, les prix pétroliers ont déjà accusé une chute de 40 % en l’espace d’un an, et se situent en monnaie constante (hors inflation) au niveau des années 1970, ce qui se répercute sur les profits et les investissements futurs du secteur pétrolier, notent les spécialistes. «Le problème, c’est que les États-Unis n’ont pas de politique pétrolière cohérente, avec des objectifs clairs. Leur politique est formée d’un ensemble de considérations qui sont parfois contradictoires», souligne M. Sarkis. L’administration américaine doit ainsi tenir compte de certains groupes de pression comme «USA Engage» qui regroupe plus de 500 sociétés, y compris pétrolières, et qui souhaitent eux la levée des sanctions contre des pays comme l’Iran, un autre marché dont ils sont pour l’instant exclus, explique M. Sarkis. «La levée de l’embargo est souvent discutée en fonction de son impact sur les prix du pétrole, en laissant dans l’ombre les ravages du blocus international», déplore-t-il.
Le prix du brut est omniprésent dans la stratégie des États-Unis, premier consommateur mondial de pétrole, de maintenir l’Irak le plus longtemps possible sous surveillance, via les Nations unies, estiment les analystes. «La Pax Americana, qui s’est installée dans le Golfe à partir des années 90, a une odeur excessivement pétrolière», estime Ghassan Salamé, directeur de recherches au CNRS (Centre national français de la recherche scientifique) à Paris . L’Irak ne pourra pas avoir accès au marché pétrolier international «s’il n’arrive pas à signer des contrats à long terme avec les grandes compagnies pétrolières mondiales», estime-t-il. «Mais, pour cela, il faut que l’embargo soit levé car aucune compagnie internationale, même chinoise ou russe, n’oserait signer aujourd’hui avec l’Irak. Et sur ce...