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Exposé de Raymond Barre à l'ESA Le partenariat euro-méditerranéen va de soi. La clé de la réussite : le poids des échanges
Par DE HAUTEVILLE Gérard, le 24 avril 1998 à 00h00
Hier, M. Raymond Barre a poursuivi sa visite à Beyrouth par une causerie dans le cadre du grand amphithéâtre de l’«ESA». Cette session, que M. Barre a lui-même prolongée en répondant volontiers aux questions d’un auditoire particulièrement attentif, a permis une analyse claire des relations entre l’Union européenne et le Moyen-Orient. La circonstance a réuni nombre de personnalités libanaises du monde des affaires, des intellectuels, des économistes, mais aussi des étudiants de l’«ESA» et d’«HEC» en mission au Liban. La séance a été ouverte par M. Roger Ourset, directeur général de l’«ESA», en présence de M. Daniel Jouanneau, ambassadeur de France au Liban. Le climat des grands jours qui régnait dans la salle a attesté de l’importance donnée par les Libanais à l’un des économistes mondiaux les plus réputés. Pour autant, l’atmosphère est restée conviviale, à l’image de l’acteur principal dont la bonhomie ne sacrifie en rien à la précision des propos. devant donc plusieurs centaines d’auditeurs, M. Barre a voulu souligner le succès de l’«ESA» et l’aspect indispensable pour le Liban d’un enseignement supérieur de ce niveau , dans un contexte mondial difficile. Laissant de côté quelque peu les difficultés des rapprochements bilatéraux ou multilatéraux entre les pays européens et ceux du Moyen-Orient, l’ancien premier ministre français a surtout insisté dans son exposé sur l’ouverture des marchés dans la région et avec l’Europe. Cette donnée est pour lui capitale pour le développement de la région, mais aussi de ce grand bloc d’alliance naturelle que composent ensemble l’Europe, les pays de la Méditerranée et l’Afrique. Pour conforter ses propos, M. Barre a relaté l’expérience française. «Lorsque j’étais responsable des travaux européens, en France, dans les années 50, j’ai été le témoin d’une résistance importante de la part de groupes qui étaient hostiles à l’ouverture du marché français. En fait, rares étaient ceux qui étaient vraiment convaincus des bienfaits du libre échangisme économique. Pour autant, dix ans plus tard, tout un chacun s’accordait à constater l’énorme élan donné aux entreprises françaises par l’ouverture, encore modérée, des frontières». Par ailleurs, le professeur d’économie a reconnu qu’avec l’explosion du bloc de l’Est, une priorité avait été donnée au développement des relations de l’Europe occidentale avec les pays de l’Est. Europe, Moyen-Orient, Afrique: une zone naturelle d’échanges Toutefois, s’est-il empressé de préciser, les alliances naturelles de l’Union européenne ne devraient pas nécessairement se limiter aux pays de l’Est. Englobant l’Europe orientale, le partenariat historique, celui de demain, est, pour lui, résolument tourné vers les pays du bassin méditerranéen et l’Afrique qui n’est plus un continent perdu, mais une région du monde qui fournit actuellement de plus en plus d’efforts pour intégrer à nouveau la communauté internationale économique. Pour M. Barre, une seule recette contre tous les obstacles au développement des partenariats entre pays: le poids des échanges. Avec la liberté des échanges commerciaux et des capitaux, viennent aussi les échanges culturels et la paix. La paix du marché, c’est à dire la sécurité des transactions qui amoindrit la volatilité des capitaux nécessaires à la reconstruction du Liban, mais aussi au développement des régions dites émergentes. M. Barre poursuit: «Si les capitaux étrangers sont importants, il n’en est pas moins vrai que l’épargne locale doit avoir un poids égal dans l’investissement national». Répondant à certaines questions, M. Barre explique que «l’ouverture des marchés et donc des frontières est inévitable. Ce mouvement mondial visant au développement de toutes les régions du monde, mais aussi visant à l’amélioration du niveau de vie de toutes les populations, est irréversible. Il est donc important pour tous les acteurs économiques, y compris les gouvernements, de se fixer des échéances. Celle de 2010 pour l’abaissement des droits de douane entre les pays méditerranéens et les pays européens doit encourager des pays comme le Liban où les droits de douane représentent une part importante des ressources fiscales. s’il est normal, après les événements, de constater un déficit de la fiscalité au Liban, la collecte doit être organisée et l’impôt classique doit permettre des ressources normales pour alimenter le budget de l’Etat». Pour Raymond Barre, le poids de l’économie et de la culture acquise par le développement humain, doit influer sur le poids politique avec l’objectif d’une stratégie équilibrée entre les pays partenaires, plus que la mise en place de protocoles liant les pays les uns aux autres sans que les plus défavorisés aient vraiment les moyens de tels accords formalistes. Enfin, répondant à une question «hors cadre» posée par l’un des étudiants à propos de l’occupation israélienne et étrangère en général, M. barre a tenu à souligner la nécessité d’un certain pragmatisme. «Même si pragmatisme est souvent équivalent de médiocrité; mieux vaut une situation médiocre qu’une situation intolérable», a conclu l’ancien premier ministre, sous les applaudissements de l’assistance.
Hier, M. Raymond Barre a poursuivi sa visite à Beyrouth par une causerie dans le cadre du grand amphithéâtre de l’«ESA». Cette session, que M. Barre a lui-même prolongée en répondant volontiers aux questions d’un auditoire particulièrement attentif, a permis une analyse claire des relations entre l’Union européenne et le Moyen-Orient. La circonstance a réuni nombre de personnalités libanaises du monde des affaires, des intellectuels, des économistes, mais aussi des étudiants de l’«ESA» et d’«HEC» en mission au Liban. La séance a été ouverte par M. Roger Ourset, directeur général de l’«ESA», en présence de M. Daniel Jouanneau, ambassadeur de France au Liban. Le climat des grands jours qui régnait dans la salle a attesté de l’importance donnée par les Libanais à l’un des économistes mondiaux...