L’ONU a lancé à Moscou une campagne mondiale antisida destinée à protéger les jeunes, parmi lesquels le virus HIV se propage à «un rythme alarmant». «Chaque jour, 7.000 jeunes de 10 à 24 ans sont infectés par le virus du sida à travers le monde», et «au moins 10 millions» d’entre eux sont porteurs du virus HIV dans le monde, a indiqué le directeur de l’organisation ONUSIDA, Peter Piot, lors d’une conférence de presse. ONUSIDA veut obtenir le soutien des gouvernements, du secteur privé et des médias pour mettre en marche des programmes de prévention et amener les jeunes à s’engager plus activement dans la lutte contre le sida. «Les jeunes peuvent apporter une contribution précieuse lorsqu’on leur donne des occasions concrètes», soutient M. Piot, ajoutant que leur «énergie, idéalisme et engagement peuvent être utilisés pour enrayer la propagation de l’épidémie». En lançant sa nouvelle campagne internationale depuis Moscou, ONUSIDA espère également attirer l’attention sur la «progression astronomique» des cas de sida dans les pays de l’Europe de l’Est, et notamment dans les anciennes républiques soviétiques, telles que l’Ukraine, le Belarus et la Russie. Moyens limités «Le nombre de nouveaux cas (dans l’ex-URSS) a atteint 170.000 (…) et la plupart de ces personnes ont été infectées l’année dernière. C’est un signal d’alarme», avertit M. Piot. «Nous devons agir avant que la situation devienne incontrôlable», martèle-t-il. Selon l’ONU, cette progression est «le plus souvent liée à la drogue» et touche donc les toxicomanes, mais risque de se transmettre à l’ensemble de la population. L’Ukraine est le pays le plus touché des anciennes républiques soviétiques avec 15.000 cas (recensés) en 1997 contre 44 en 1994, selon la même source. En Russie, la progression du sida est également inquiétante: 158 cas en 1994 contre 7.900 cas officiellement enregistrés cette année. «90% des personnes porteuses du virus ont été infectées l’année dernière à travers des injections de drogue», affirme le vice-ministre russe de la Santé, Guennadi Onichenko. Les régions les plus touchées en Russie sont celles de Kaliningrad (avec 2.179 séropositifs recensés), Moscou et Novgorod. Mais ces chiffres officiels sous-estiment vraisemblablement l’ampleur du phénomène. «Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg», affirme l’ONUSIDA. En plus des méthodes classiques de prévention, telles que la distribution de préservatifs, l’information et la mise en place de cours d’éducation sexuelle dans les collèges, ONUSIDA entend amener les jeunes à jouer un rôle plus actif dans la lutte contre l’épidémie. Ainsi en Russie, ONUSIDA veut que jeunes gens et responsables locaux travaillent main dans la main dans le cadre des «Comités de maire». «Nous organiserons des «Comités de maire» pour permettre aux jeunes de travailler avec les officiels locaux dans la lutte contre le sida», explique Ezio Gianni Murzi, le représentant de l’UNICEF en Russie. «Même si nos moyens sont limités, je sais que nous pouvons y arriver», conclut M. Piot. (AFP)