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Colloque spirituel syriaque à Antelias Vitalité de l'aventure monastique (photos)
le 24 avril 1998 à 00h00
Le colloque sur le patrimoine syriaque qui se tient au couvent Saint-Elie d’Antelias a pris un départ en flèche, avec une conférence du P. Louis Rohban, recteur de l’Université antonine, dans laquelle ce dernier a mis en relief, sans fausse pudeur, ce que les Arabes doivent aux chrétiens de souche syriaque. «Sans les chrétiens, a-t-il dit, les Arabes, aujourd’hui, parleraient le turc. Avant d’être assumée par nous, la langue arabe croupissait dans la décadence». En Orient, comme partout, le christianisme a été le pilote de la société civile», a-t-il ajouté. Par delà cette note d’éclat, qui est l’affirmation d’une identité, le colloque sur le patrimoine syriaque, qui est consacré cette année au monachisme du VIIe siècle à nos jours, a posé une problématique qui est au cœur de la vie de l’Eglise et de la société. Il revenait au professeur Christian Cannuyer, de l’Université catholique de Lille (France), d’exposer cette problématique avec le plus de clarté et d’évidence. Son intervention, a eu le mérite de situer le monachisme dans la vie de l’Eglise, et de définir des priorités qui, par delà les contingences, resteront toujours les mêmes. En voici des extraits: «Pour proclamer l’Evangile à la société et l’en faire vivre, il faut promouvoir, avant tout: 1. La famille; 2; La liturgie; 3. Les monastères. La famille, comme espace privilégié de la transmission de la foi; la liturgie comme temps privilégié de son expression, de sa théologie; le monachisme comme expérience privilégiée de vie baptismale, et de la prière qui donne au monde l’Union en Dieu». «Le monachisme est au cœur de la vie chrétienne, a poursuivi le Pr. Cannuyer. En Occident comme en Orient. Mais en Orient, il a toujours été constitutif de l’identité des Eglises. Comme l’a écrit l’évêque de Rome, le pape Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Orientale Lumen (mai 1995), «le monachisme n’a pas été considéré en Orient uniquement comme une condition à part, propre à une catégorie de chrétiens, mais de façon plus particulière, comme un point de référence pour tous les baptisés, selon les dons offerts à chacun par le Seigneur, se présentant comme un synthèse emblématique du christianisme...». «Nous aurons cette année à nous pencher sur différents aspects de l’histoire du monachisme syriaque depuis la conquête musulmane. Celle-ci, rappelons-le, n’a pas engendré, du moins initialement, un affaiblissement rapide de la vie monastique. Les moines étaient même, sous les omayyades et les premiers abbassides, jusqu’au milieu du IXe siècle, exemptés de la djiziya, de la capitation exigée des Ahl al-Kitâb, des Gens du Livre. De mauvaises langues assurent que cela a peut-être même contribué à une recrudescence des «vocations» monastiques... Mais à partir du moment où l’Islam a commencé à devenir majoritaire au Proche-Orient, c’est-à-dire à partir du Xe siècle environ, il est vrai que le monachisme a commencé à s’essouffler. à entrer dans une longue phase de repli... «Aujourd’hui, a précisé le professeur Cannuyer, le monachisme n’est plus en Orient que l’ombre de ce qu’il fut autrefois, et il a même totalement disparu pour ce qui est de l’Eglise assyrienne. Mais les monastères qui subsistent, notamment dans les différentes Eglises de tradition syriaque, ont réussi à préserver l’héritage spirituel du passé dans sa spécificité orientale. «Par rapport à la tradition monastique occidentale, le monachisme oriental a conservé une plus grande unité et une plus grande proximité avec les origines, tandis qu’en Occident, l’esprit juridique latin a entraîné une spécification des divers types de vie apostolique, la création d’ordres réguliers à vocations déterminées et comme cloisonnées. Le monachisme des Eglises orientales catholiques s’est laissé quelque peu, de par le passé, contaminer par ce modèle mais nombreux sont ceux qui comprennent aujourd’hui que ce qui caractérise la vie monastique dans la tradition orientale, c’est sa profonde unité et sa toute simplicité, à l’image du terme monachos lui-même, dont la meilleure traduction est «Unifié». Proposé comme un idéal de vie chrétienne unifiée, le monachisme oriental n’a cependant pas étendu son empire sur l’Eglise au point d’imposer le célibat comme norme du ministère presbytéral, comme cela s’est progressivement produit en Occident, à partir du Ve s., sous l’influence des milieux lériniens. J’y vois une marque de la volonté de laisser à la société chrétienne cette liberté et cette économie qui caractérisent l’ethos de la spiritualité orientale. Nous aurons peut-être à réfléchir sur les leçons que nous pouvons tirer des différences et les complémentarités développées par les monachismes orientaux et occidentaux depuis la fin de l’antiquité a conclu le Pr. Cannuyer. A l’heure où des prophètes de malheur annoncent la disparition des chrétiens d’Orient, la vitalité, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Irak, en Palestine, de l’aventure monastique commencée au IIe siècle en Egypte et au Levant, est plus que jamais le gage de l’avenir de nos Eglises dans cette région du monde où est née notre foi le matin de Pâques et au saint jour de la Pentecôte».
Le colloque sur le patrimoine syriaque qui se tient au couvent Saint-Elie d’Antelias a pris un départ en flèche, avec une conférence du P. Louis Rohban, recteur de l’Université antonine, dans laquelle ce dernier a mis en relief, sans fausse pudeur, ce que les Arabes doivent aux chrétiens de souche syriaque. «Sans les chrétiens, a-t-il dit, les Arabes, aujourd’hui, parleraient le turc. Avant d’être assumée par nous, la langue arabe croupissait dans la décadence». En Orient, comme partout, le christianisme a été le pilote de la société civile», a-t-il ajouté. Par delà cette note d’éclat, qui est l’affirmation d’une identité, le colloque sur le patrimoine syriaque, qui est consacré cette année au monachisme du VIIe siècle à nos jours, a posé une problématique qui est au cœur de la vie de l’Eglise...
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