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Journée nationale du patrimoine : un SOS pour Tripoli, ville des Mamelouks
Par MAKAREM May, le 24 avril 1998 à 00h00
L’Association libanaise du Patrimoine présidée par Mme Mona Elias Hraoui a choisi Tripoli, et plus précisément le bourj mamelouk «Al Sibaa’» (la Tour des lions) pour célébrer la «Journée nationale du patrimoine». Etaient présents Mmes Randa Nabih Berry, Nayla René Moawad, Wadad Maan Karamé, MM. Marwan Hamadé, Amine Bizri , Camille Asmar ainsi que les présidents des municipalités de Tripoli et de Mina, Sami Minkara et Abdel Kader Alameddine. En cette journée toutes les richesses historiques ou naturelles du pays , dont on peut tirer une légitime fierté ont été mises à l’honneur. Le patrimoine devient un dépôt sacré qui regroupe aussi bien les vestiges archéologiques que les paysages architecturaux traditionnels offrant l’image de toute une culture, de toute une esthétique, de tout un art de vivre dont la disparition s’accélère effroyablement. Le patrimoine, c’est aussi le Liban de nos vallées, forêts, montagnes, plaines, grottes, côte et mer. Des espaces qui se rétrécissent comme une peau de chagrin. Le patrimoine c’est également un visage humain dépositaire des valeurs et d’une culture propre à ce pays. Pour cette journée nationale toute l’attention était braquée sur Tripoli. Cette deuxième ville du Liban peut se souvenir sans complexe qu’elle a été capitale pour les mamelouks. Elle en garde d’ailleurs une présence obsédante. Cette ville souvent méconnue compte 12 mosquées, 11 «madrassat», deux «hammams», cinq «khans» ( al-Khayatine, al-Askar, al-Masriyine, al-Saboun, al-Tamassili); trois «souks» ( al-Jadid, al-Haraj, al-Bazerkan ). Le souk des «Nahassine» a été démoli dans les années 50 pour le tracé d’une route. La «Tour des Lions» et la fameuse forterresse des Croisés «Saint-Gilles», construite au début du 12e siècle par le prince de Toulouse. Seul le quartier «al Mahatira», tissu représentatif de l’époque mamelouk fait partie de l’inventaire de la Direction générale des Antiquités. Les constructions y sont donc interdites. Mais rien n’a été encore entrepris pour la sauvegarde des pierres anciennes de ce tissu urbain. Par ailleurs grâce à une aide allemande 20% de la structure du Khan al Khayatine a été remise en état . Sur les 12 arcades en pierre ramlé neuf sont toujours par terre ! On peut alors poser la question: dans quelles limites , par quels moyens peut-on sauver des bâtisses anciennes , leur redonner vie? La cité chargée d’histoire est tristement grignotée par la progression anarchique du béton mais aussi et surtout par l’indifférence, l’incompétence ou encore l’ignorance. Mme Wadad Maaan Karamé a lancé un appel aux hautes instances nationales et internationales, afin qu’un terme soit mis rapidement à cette dégradation en imposant des interventions urgentes pour réhabiliter l’environnement urbain des quartiers anciens et sauver du béton et de l’oubli un chapitre de l’histoire de notre pays. Cette action devrait être élargie à travers la participation des associations professionnelles, académiques ou celles servant de relais entre la société civile et les autorités publiques. Seule une approche multidisciplinaire peut protéger le patrimoine, visage touristique , urbaniste et culturel tant désiré par les Libanais. Il va sans dire que tout cela serait très coûteux mais l’unité du Liban se ferait symbole autour de sa mémoire et son identité plutôt qu’autour de quelques tables luxueuses. Pour une logique de réhabilitation du vieux Tripoli M. Mosbah Rajab, professeur d’architecture à l’Université libanaise, a défini trois axes: agir à l’intérieur du réseau Mèd-Urbs, organisme financé par la Communauté européenne et regroupant des villes des deux rives de la Méditérrannée . Collaborer avec l’Institut des Beaux-Arts de l’UL qui prévoit dans son programme un travail intensif sur la vieille ville de Tripoli. Attirer les donateurs et encourager les mécènes et les organismes locaux ou étrangers pour financer des projets concrets et créer «une logique de réhabilitation» basée sur des critères solides parmi lesquels le pouvoir de décision, les outils juridiques adéquats, la bonne organisation, une coordination rigoureuse et une compétence technique. Mme Maha Kayal a traité du patrimoine social de Tripoli «entre réalités et espérances». Le nord c’est aussi un canyon étrange, repaire des premiers maronites, parsemé d’ermitages et de cavernes troglodityques. M. Antoine Kawwal a parlé de Bkaa Kafra «expérience pilote dans la réhabilitation du patrimoine». Mme Mona Elias Hraoui devait conclure, disant que «le patrimoine représente un outil de rassemblement des régions et des communautés appartenant à une même terre. Il constitue l’union du peuple et son identité». Agressés de tous côtés , archéologie, sites naturels et vieilles demeures trouvent des défenseurs et ne remettent pas les armes. Heureusement d’ailleurs, le Liban est si petit qu’il est possible de le détruire à une vitesse déconcertante .
L’Association libanaise du Patrimoine présidée par Mme Mona Elias Hraoui a choisi Tripoli, et plus précisément le bourj mamelouk «Al Sibaa’» (la Tour des lions) pour célébrer la «Journée nationale du patrimoine». Etaient présents Mmes Randa Nabih Berry, Nayla René Moawad, Wadad Maan Karamé, MM. Marwan Hamadé, Amine Bizri , Camille Asmar ainsi que les présidents des municipalités de Tripoli et de Mina, Sami Minkara et Abdel Kader Alameddine. En cette journée toutes les richesses historiques ou naturelles du pays , dont on peut tirer une légitime fierté ont été mises à l’honneur. Le patrimoine devient un dépôt sacré qui regroupe aussi bien les vestiges archéologiques que les paysages architecturaux traditionnels offrant l’image de toute une culture, de toute une esthétique, de tout un art de...