Le président français Jacques Chirac a placé sa visite d’État au Mexique sous le signe d’une présence plus forte de la France dans ce pays, du point de vue économique comme du point de vue culturel. Devant la communauté d’affaires franco-mexicaine réunie dans un grand hôtel de Mexico, Jacques Chirac a plaidé pour «une relation économique plus ambitieuse et plus large» entre la France et le Mexique. Dixième puissance économique du monde, le Mexique est en effet considéré par les autorités françaises comme «une terre d’opportunités». Jacques Chirac a souligné que quatre an après la crise du peso en 1994, le Mexique avait su «éviter la tourmente» financière actuelle et a salué les réformes entreprises par le président mexicain Ernesto Zedillo. «La communauté internationale a confiance» dans le Mexique, a-t-il dit en assurant que la croissance dans ce pays était «aujourd’hui robuste, malgré les turbulences mondiales». Pour faire face à la crise financière internationale, le président français a exposé son idée d’un «nouveau Bretton Woods» qui élaborerait «une meilleure régulation mondiale, une plus grande transparence et un renforcement des systèmes bancaires», c’est-à-dire «un bon code de la route de la circulation des capitaux». Jacques Chirac s’est félicité de la reprise des investissements français au Mexique qui «témoignent de la vitalité française et de l’intérêt très fort que suscite en France la réussite» de ce pays. «Mais nous devons être encore plus ambitieux pour nos échanges», a-t-il ajouté. «La France peut faire mieux». Une cinquantaine de chefs d’entreprises françaises ont d’ailleurs fait le voyage de Mexico avec Jacques Chirac. Trois gros contrats ont été paraphés en présence de MM. Chirac et Zedillo: Alsthom et Vivendi ont signé avec le groupe mexicain Cemex un accord sur la construction de la centrale thermique de Tamuin, pour une valeur de 300 millions de dollars. Alcatel a signé avec Pegaso-Televisa un accord d’un montant de 280 millions de dollars portant sur la téléphonie cellulaire numérique. Enfin, Gaz de France et le groupe mexicain Buffette ont signé un accord d’une valeur de 100 millions de dollars pour la distribution de gaz naturel dans la vallée de Mexico. Coopération culturelle Auparavant, les deux chefs d’État avaient également parrainé la signature d’un accord sur la protection réciproque des investissements. Jacques Chirac s’est également félicité de l’accord, en cours de ratification par les Parlements nationaux des Quinze, entre l’Union européenne et le Mexique. Avec cet accord, «le Mexique et l’Europe pourront s’ouvrir plus largement l’un à l’autre» a-t-il dit, en appelant à «préparer l’étape suivante, qui conduira vers une zone de libre- échange». Mais la coopération culturelle a également été au cœur de cette visite. La France et le Mexique ont ainsi signé une déclaration commune sur «la diversité culturelle» qui proclame que les œuvres de création culturelle ne doivent pas être «de simples marchandises» et insiste sur la défense des langues. Devant les parlementaires, le président français a mis en garde contre le «danger d’uniformisation» culturelle qui marquerait «le déclin de la civilisation». Manière pour lui d’offrir, à travers l’héritage latin, un contrepoids à l’influence américaine, prépondérante au Mexique. Jacques Chirac et son épouse Bernadette ont par ailleurs inauguré «la Maison de la France» qui, a dit le président, sera, «au coeur de Mexico, la vitrine de la France». «Ici, les Mexicains vont pouvoir découvrir la France d’aujourd’hui. Un pays moderne, à la pointe de la technologie et de la science, riche de ses hommes et de ses savoir-faire, l’une des toutes premières nations industrielles du monde».