Actualités - CHRONOLOGIE
Saddam Hussein, le funambule
le 16 novembre 1998 à 00h00
Le président irakien Saddam Hussein a joué une nouvelle fois le funambule au bord de l’abîme en acceptant samedi in extremis sous la menace de renouer avec les experts en désarmement de l’Onu. Une attaque américaine semblait imminente quand il a permis que les inspecteurs de l’Onu reprennent leur travail de désarmement, sans condition, après avoir présenté des exigences toujours croissantes. En février déjà, Saddam Hussein n’a évité les représailles américaines qu’à la dernière minute en obtenant que le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan fasse le voyage à Bagdad avant d’annoncer qu’il ne s’opposait plus à l’inspection de ses palais présidentiels. Depuis la fin de la guerre du Golfe, le chef de l’État irakien a provoqué plusieurs crises avec les experts en désarmement de l’Onu et avec les États-Unis ou en menaçant le Koweït, ne reculant qu’en dernier recours. Il a parfois calculé trop juste et à trois reprises a essuyé des représailles américaines, deux fois en 1993 et une fois en 1996. Mais sa plus monumentale erreur de calcul a été de ne pas se retirer du Koweït, envahi en août 1990 alors que les États-Unis et l’URSS, alliée de Bagdad, entraient dans une ère de coopération sans précédent. En janvier 1991, il croit encore au bluff quand les États-Unis, qui ont pris la tête d’une coalition multinationale, lui adressent un ultimatum expirant le 15 janvier pour quitter le Koweit. Un mois après, ses troupes sont chassées de l’émirat après une guerre éclair. Depuis qu’il est devenu président en 1979, Saddam Hussein, âgé de 61 ans, ne s’est montré disposé au dialogue que lorsqu’il ne pouvait réaliser ses desseins par la force. Incapable de réduire la guérilla kurde, Saddam Husssein, alors vice-président, signe en 1975 un accord frontalier avec le chah d’Iran pour le partage du fleuve Chatt al-Arab afin que Téhéran cesse de soutenir les Kurdes, ce qui lui permet enfin de les mater. En 1980, il dénonce l’accord avec Téhéran et envahit l’Iran, croyant à l’affaiblissement de ce pays après la révolution islamique qui a chassé le chah. Lorsque les troupes iraniennes reprennent l’initiative, en 1982, Saddam Hussein demande le cessez-le-feu, qu’il n’obtiendra qu’en 1988. La guerre a fait des centaines de milliers de morts irakiens et iraniens. Saddam Hussein suit la même tactique sur le plan intérieur. Il n’accepte de parler aux Kurdes que lorsqu’il n’arrive pas à les faire taire par les armes. En 1988, quand la guerre avec l’Iran touche à sa fin, il ordonne le bombardement de villages kurdes aux armes chimiques, pour les punir d’avoir pris parti pour Téhéran. En 1991, lorsque les Kurdes s’emparent du nord de l’Irak sous la protection des alliés occidentaux, Saddam Hussein appelle au dialogue, à la fraternité arabo-kurde et à l’unité irakienne.
Le président irakien Saddam Hussein a joué une nouvelle fois le funambule au bord de l’abîme en acceptant samedi in extremis sous la menace de renouer avec les experts en désarmement de l’Onu. Une attaque américaine semblait imminente quand il a permis que les inspecteurs de l’Onu reprennent leur travail de désarmement, sans condition, après avoir présenté des exigences toujours croissantes. En février déjà, Saddam Hussein n’a évité les représailles américaines qu’à la dernière minute en obtenant que le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan fasse le voyage à Bagdad avant d’annoncer qu’il ne s’opposait plus à l’inspection de ses palais présidentiels. Depuis la fin de la guerre du Golfe, le chef de l’État irakien a provoqué plusieurs crises avec les experts en désarmement de l’Onu et...