Actualités - CHRONOLOGIE
Russie - Cauchemar total Le moratoire sur la dette des banques s'est achevé
le 16 novembre 1998 à 00h00
Le moratoire de 90 jours sur le remboursement de la dette des banques et entreprises russes à leurs créditeurs étrangers est arrivé à son terme samedi, ouvrant un nouvel acte de la crise russe, plus dur, plus grave, estiment les experts. «Sans aucun doute, il va y avoir des jugements, des arrestations, des débats», prévoit Alexeï Mareïtchev, responsable des titres de la banque Gazprom interrogé par le quotidien Kommersant, qui annonce lui-même un «cauchemar total». Tout aussi pessimiste, Irène Chevchenko, économiste de la société Alfa Capital remarque: «Nous n’avons pas vu le pire, la deuxième phase de la crise arrive avec plus de troubles, de scandales et de défauts» de paiement. Le face-à-face, tant redouté par les banquiers russes, commencera lundi, le gouvernement n’ayant pas eu le geste que les débiteurs espéraient: prolonger encore la trêve sur leur dette estimée à près de 30 milliards de dollars. Car malgré les trois mois offerts par les autorités russes le jour de la dévaluation du rouble le 17 août, la situation d’une très grande partie des banques et grosses entreprises russes ne s’est pas améliorée, loin de là. Les plus solides pétroliers et gaziers, qui ont ignoré le moratoire et continué à payer leurs créditeurs, se comptant sur les doigts des mains. «Tout ce que le moratire a fait, c’est de permettre au directeur de ces structures de voler ce qui avait encore de la valeur et de le placer dans des comptes à l’étranger», juge durement Mme Chevchenko, citant en exemple le scandale d’Inkombank. En tout état de cause, les caisses de ces entreprises sont pratiquement toutes vides et il ne reste plus grand-chose à prendre. Pour Mme Chevchenko, certains créditeurs vont profiter de la fin du moratoire pour essayer de se servir dans les biens restants, comme les titres. Mais même les valeurs les plus intéressantes ne devraient pas suffire à les rembourser, estime-t-elle. Quant à prendre des participations dans le capital de ces structures fragiles et menacées par la faillite, les étrangers vont tout faire pour l’éviter, «obéissant à leur pragmatisme d’hommes d’affaires» conscients de la situation économique dramatique du pays. Aujourd’hui, il y aura des «actions agressives» de la part de créditeurs encore furieux du moratoire arbitrairement imposé par le gouvernement, prévoit Margot Jacobs, expert du groupe United Financial. Ceux-ci n’ont qu’un objectif à court terme: «Récupérer autant d’argent liquide» que possible, poursuit-elle tout en soulignant les limites pour eux de tentatives extrêmes comme la poursuite judiciaire ou la mise en faillite. «Une banque en vie vaut beaucoup plus qu’une banque morte», résume Richard Hainsworth de la Thomson Bankwatch de Moscou, laissant entendre que des restructurations de dettes pourront être négociées, même sans grande illusion. Les plus chanceux des créditeurs seront peut-être ceux très exposés dans les banques jugées stratégiques par le gouvernement. Selon un plan révélé jeudi, les autorités russes se sont engagées à soutenir 18 banques de cette catégorie, considérées comme ayant une importance sociale dans la mesure où elles détiennent 40% des dépôts de la population. Pour les maintenir en vie, il devra débourser 47,5 milliards de roubles (près de 3 milliards de dollars).
Le moratoire de 90 jours sur le remboursement de la dette des banques et entreprises russes à leurs créditeurs étrangers est arrivé à son terme samedi, ouvrant un nouvel acte de la crise russe, plus dur, plus grave, estiment les experts. «Sans aucun doute, il va y avoir des jugements, des arrestations, des débats», prévoit Alexeï Mareïtchev, responsable des titres de la banque Gazprom interrogé par le quotidien Kommersant, qui annonce lui-même un «cauchemar total». Tout aussi pessimiste, Irène Chevchenko, économiste de la société Alfa Capital remarque: «Nous n’avons pas vu le pire, la deuxième phase de la crise arrive avec plus de troubles, de scandales et de défauts» de paiement. Le face-à-face, tant redouté par les banquiers russes, commencera lundi, le gouvernement n’ayant pas eu le geste que les...