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Actualités - CHRONOLOGIE

Lire en français et en musique - Le roman d'une alliance brisée "La première épouse" de Françoise Chandernagor (photos)

Après 25 ans de mariage, quatre enfants, l’âge venu, elle doit céder la place à une «jeune conquête». Ce n’est pas un homme que Catherine perd mais les deux tiers de son passé, une part de ce qui était devenu au fil des ans et des sentiments «elle-même»… Dans «La première épouse», son dernier roman, Françoise Chandernagor fait exploser à l’état brut la passion conjugale, l’échec amoureux, et met à nu un divorce. Changeant d’époque et de ton, l’auteur de «L’Allée du Roi» et de «L’enfant des lumières» a brisé la chronologie historique de ses romans précédents. Comment est-elle passée de l’histoire aux aveux d’une femme rompue, à la chronique d’un amour meurtri ? Le livre porte les marques du désespoir et d’un désir de vengeance: «En rendant publics mes malheurs et nos démêlés, je poursuis un dessein plus trouble: j’use de l’imprimé comme d’un exorcisme pour empêcher l’inconstant de revenir». Mais aussi pour que celui qui est devenu son «ex-mari» se heurte sans cesse avec sa nouvelle épouse à la douleur de ces mots qui n’épargnent personne, elle comprise. Ayant elle-même vécu un divorce, Françoise Chandernagor décrit-elle l’épreuve par laquelle elle est passée ? «Il est vrai que certains de mes sentiments y sont rapportés, mais les faits de La première épouse ne sont absolument pas biographiques. Ce n’est pas mon histoire que je raconte» déclare l’auteur. «J’ai toujours alterné roman historique et roman contemporain. J’ai voulu cette fois un roman intimiste où les seuls rebondissements se passent dans l’état des sentiments de l’héroïne. Cela m’est venu brusquement alors que j’étais en train de travailler sur un roman historique. Comme ça, un matin, j’ai eu dans ma tête tout le plan de ce livre. J’avais envie de montrer une femme complètement foudroyée par le départ d’un homme. Bon, je n’aurai pas pu parler de cette expérience si je n’avais pas vécu cette situation. De même que je n’aurai pas pu écrire L’enfant des lumières si je n’avais pas trois enfants; si je ne connaissais pas les problèmes d’éducation …» La souffrance des femmes et la souffrance du divorce sont souvent banalisées dans nos sociétés modernes. «C’est vrai, on entoure la veuve, pas la divorcée alors qu’elle aussi vient de vivre une grande perte. Un veuvage aurait été plus facile à vivre. C’est une douleur propre le veuvage. Le divorce est une douleur pas propre à cause des mots maladroits que les gens lancent ou qu’ils disent: “S’il l’a quitté, il a donc ses raisons”. Donc c’est une douleur assez honteuse; on est rejeté; on est humilié. Dans le veuvage on est peiné et la peine est respectée… En France, les assureurs placent le divorce comme un risque maximum en matière de stress…» La bigamie Pourquoi les hommes partent-ils ? « Une façon de fuir leur propre vieillissement peut-être… En France, un couple sur deux divorce. Et quand c’est la femme qui part, elle est le plus souvent jeune. Elle travaille; elle est indépendante financièrement; elle sait qu’elle va obtenir la garde des enfants; mais aussi, à cet âge, on se place mieux sur le marché. Dans les couples plus vieux c’est-à-dire 45-50 ans, ce sont en général les hommes qui divorcent. Ils ont eu le temps d’asseoir leur situation et sur le plan financier et sur le plan social et ils ont envie de rechercher de la fantaisie amoureuse ailleurs. D’ailleurs à 50 ans ils peuvent tout naturellement refaire une deuxième famille. L’homme de 50 ans peut épouser une femme de 25 ans mais c’est jamais l’inverse qui se produit.On trouvera suspect qu’une femme épouse un jeune. On criera au gigolo. Et puis une femme de 50 ans est plus vulnérable; il se trouve que beaucoup d’entre elles ont sacrifié leur profession pour élever leurs enfants; et par conséquent leur situation financière est plus difficile. Et puis on pense que la vie est finie à 50 ans, même s’il est bien sûr que ce n’est pas le cas…» Pendant un certain temps, Catherine l’héroïne va cohabiter avec d’autres. Ce n’est pas non plus une situation agréable. «Vous serez étonnés du nombre de femmes qui acceptent la bigamie. “Ce sont celles qui ont «réussi» qui admettent cette pratique parce qu’elles se sentent coupables”, disent les sociologues. Alors l’homme qui veut dominer fait payer la femme en la faisant souffrir. Il veut l’humilier. C’est une manière à lui de se venger…» Née à Palaiseau , Françoise Chandernagor partage son temps entre Paris et la Creuse. Après Sciences Po et une maîtrise de droit, elle est la première femme admise à l’Ena dont elle sort major de promotion. En 1969, elle intègre le Conseil d’État où elle exerce différentes fonctions juridictionnelles . En 1993, elle quitte définitivement l’administration pour se consacrer à l’écriture. Son premier ouvrage, L’Allée du roi, paru en 1981, est traduit dans une douzaine de langues, récompensé par plusieurs prix et adapté au théâtre. En 1988, elle entreprend la publication d’une trilogie consacrée à la société française des années 60-80 qui sera récompensée par le prix Chateaubriand. Françoise Chandernagor est membre de l’Académie Goncourt.
Après 25 ans de mariage, quatre enfants, l’âge venu, elle doit céder la place à une «jeune conquête». Ce n’est pas un homme que Catherine perd mais les deux tiers de son passé, une part de ce qui était devenu au fil des ans et des sentiments «elle-même»… Dans «La première épouse», son dernier roman, Françoise Chandernagor fait exploser à l’état brut la passion conjugale, l’échec amoureux, et met à nu un divorce. Changeant d’époque et de ton, l’auteur de «L’Allée du Roi» et de «L’enfant des lumières» a brisé la chronologie historique de ses romans précédents. Comment est-elle passée de l’histoire aux aveux d’une femme rompue, à la chronique d’un amour meurtri ? Le livre porte les marques du désespoir et d’un désir de vengeance: «En rendant publics mes malheurs et nos...