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Actualités - CHRONOLOGIE

Les allemands orphelins, à regret, du mark

Les Allemands n’en finissent pas de pleurer sur la mort programmée de leur mark-fétiche, symbole de 50 ans de paix et de prospérité, poussant les anti-euro à un dernier baroud d’honneur et le camp des résignés à réclamer toujours plus de garanties. Les sondages sont catégoriques: les Allemands n’aiment pas la future monnaie européenne car ils sont convaincus qu’elle entamera leur pouvoir d’achat et sera moins stable que le mark. Et «le oui, mais» délivré fin mars par la Bundesbank, la Banque centrale allemande, à un euro à onze n’y a rien changé. Selon un sondage publié vendredi par le quotidien économique «Handelsblatt», 47% des personnes interrogées début avril étaient hostile à l’euro. C’est moins qu’en janvier (58%) certes, mais un quart seulement des sondés croit que la monnaie européenne sera aussi stable que le mark et plus de la moitié est persuadée du contraire. Un comble pour un pays dirigé par le partisan le plus constant et le plus acharné de l’euro, Helmut Kohl, qui se démène depuis des années pour convaincre ses compatriotes des bienfaits de la monnaie européenne et a parié que l’euro l’aiderait à remporter les élections générales du 27 septembre. Raison d’Etat oblige, Gerhard Schroeder, son adversaire social-démocrate, donné gagnant dans les sondages, longtemps classé parmi les euro-sceptiques alors que son parti, le SPD, a toujours défendu la monnaie européenne, a fini par admettre que l’euro était «inévitable». Pour lui, il ne faut cependant pas qu’il tourne «à la débâcle». L’avis positif de la Banque centrale, adulée pour avoir été le rempart contre la hausse des prix dans un pays traumatisé par le souvenir de l’inflation galopante des années 20, a même été vécu comme une trahison par les euro-sceptiques. Lors d’une audition parlementaire le 3 avril, son président, Hans Tietmeyer, a été couvert d’une pluie de questions et de reproches de laxisme à peine déguisés. Qu’en est-il de la promesse d’un strict respect des critères alors que l’Italie et la Belgique crèvent tous les plafonds d’endettement public? L’Allemagne devra-t-elle payer pour les autres?, ont interrogé les députés, alors que le citoyen de base s’inquiète pour la retraite ou se demande comment payer des vacances dans les pays européens du sud au coût de la vie bien inférieur. Pour les Allemands de l’Est, qui ont accédé seulement en 1990 au deutschemark et qui exportent peu, l’amertume est plus grande encore. Sonnant le glas pour de nombreuses entreprises est-allemandes, la réunification monétaire a apporté son lot de chômeurs. Pas à court d’arguments, les ennemis de l’euro veulent lutter jusqu’au bout. Déboutés par la Cour constitutionnelle, quatre professeurs d’économie ont supplié le Parlement, dans un «dernier appel», de stopper le lancement de l’euro. Mais le vote des deux Chambres les 23 et 24 avril ne devrait pas réserver de surprise. La commission des Finances de la Chambre haute du Parlement (Bundesrat, où sont représentés les Laender, les Etats régionaux), dominée par l’opposition social-démocrate, a déjà recommandé un feu vert à l’euro à onze. Comme le gouvernement, la commission s’est entourée de précautions qui n’ont rien d’oratoire, reprenant, dans son esprit, la formule lancée par M. Tietmeyer aux futurs pays participants selon laquelle «l’euro n’est pas un cadeau mais un devoir». Malgré le Pacte de stabilité obtenu par le ministre des Finances, Theo Waigel, et qui obligera les pays de l’euro à bannir les déficits publics à moyen terme, les Allemands continuent de loucher sur les performances de l’Italie. Selon le sondage de début avril publié par le Handelsblatt, seulement 48% des Allemands pensent que le partenaire méditerranéen devrait participer à l’euro, 23% ne savent pas et 29% sont carrément contre. (AFP)
Les Allemands n’en finissent pas de pleurer sur la mort programmée de leur mark-fétiche, symbole de 50 ans de paix et de prospérité, poussant les anti-euro à un dernier baroud d’honneur et le camp des résignés à réclamer toujours plus de garanties. Les sondages sont catégoriques: les Allemands n’aiment pas la future monnaie européenne car ils sont convaincus qu’elle entamera leur pouvoir d’achat et sera moins stable que le mark. Et «le oui, mais» délivré fin mars par la Bundesbank, la Banque centrale allemande, à un euro à onze n’y a rien changé. Selon un sondage publié vendredi par le quotidien économique «Handelsblatt», 47% des personnes interrogées début avril étaient hostile à l’euro. C’est moins qu’en janvier (58%) certes, mais un quart seulement des sondés croit que la monnaie...