Actualités - CHRONOLOGIE
La France repart en campagne pour son candidat à la future banque centrale européenne
le 21 avril 1998 à 00h00
A moins de deux semaines du lancement historique de l’euro, la France est vigoureusement repartie en campagne pour imposer son candidat à la tête de la future Banque centrale européenne (BCE), un mécanisme essentiel de la future monnaie unique européenne, au risque de lui faire prendre un mauvais départ. Paris est prêt à opposer son veto à la candidature de l’actuel président de l’Institut monétaire européen (IME), le Néerlandais Wim Duisenberg, s’il ne partage pas son mandat de huit ans avec l’actuel gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet. Le premier ministre socialiste français, Lionel Jospin, l’a clairement déclaré dans une interview au quotidien français Le Monde, parue lundi, dans laquelle il exprime notamment l’espoir qu’un compromis de dernière minute sera possible lors du sommet européen de Bruxelles du 1er au 3 mai. Mais rares sont les partenaires de la France disposés au compromis, qu’exclut également le Traité de l’Union européenne, comme l’a rappelé lundi à Bruxelles un porte-parole de la Commission européenne. L’insistance française à soutenir la candidature de Jean-Claude Trichet vient notamment de ce que Paris a mal accepté qu’en mai 1996 les gouverneurs des Banques centrales des quinze pays de l’Union européenne aient coopté à la tête de la IME l’un des leurs, Wim Duisenberg, alors que la décision en revient au sommet européen. Paris reproche également à Wim Duisenberg d’être très proche des monétaristes allemands soucieux de maintenir fermement un euro fort pour mieux faire accepter la disparition du mark, le symbole de la réussite allemande. C’est pourquoi, le 4 novembre dernier, le président français, Jacques Chirac, et Lionel Jospin ont publié un exceptionnel communiqué commun présentant la candidature de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE. Jeudi dernier, Jacques Chirac a rappelé ce choix commun en dépit des nombreuses critiques des partenaires de la France. «Je souhaite qu’une solution intervienne pour le 2 mai (...). Ce n’est pas une obligation, mais ce serait psychologiquement préférable», a-t-il déclaré. Le premier ministre néerlandais, Wim Kok, a immédiatement rejeté toute idée de compromis et menacé de faire usage de son veto contre le candidat français si Paris persistait à vouloir bloquer le candidat néerlandais. Le chancelier allemand Helmut Kohl, en période pré-électorale, avait auparavant qualifié d’«absurde» tout compromis en la matière. Lundi, le ministère allemand des Finances a légèrement atténué ces propos en estimant qu’un compromis (non précisé) restait possible «en accord avec la mission de la BCE, à savoir la stabilité de la monnaie». Quant à Wim Duisenberg, il a rejeté le compromis français et considéré qu’il était «un très mauvais début pour la nouvelle Banque centrale». Un très mauvais signal également pour les marchés financiers dont la confiance sera à conquérir pour imposer l’euro. Comment en effet plaider pour une monnaie forte, crédible, devant «mettre fin à l’hégémonie du dollar» comme le fait notamment Lionel Jospin dans son interview au Monde, et entacher son lancement par une querelle de personnes, s’interroge-t-on dans les milieux financiers. La répartition des grands postes internationaux a régulièrement fait l’objet d’après marchandages entre les pays. Un marchandage qui risque de déstabiliser politiquement le premier ministre socialiste néerlandais, Wim Kok, s’il fléchit dans son soutien à la candidature de son compatriote à la tête de la BCE, les Pays-Bas ayant déjà échoué en 1995 à décrocher la présidence de la Commission européenne et le secrétariat de l’OTAN. (AFP)
A moins de deux semaines du lancement historique de l’euro, la France est vigoureusement repartie en campagne pour imposer son candidat à la tête de la future Banque centrale européenne (BCE), un mécanisme essentiel de la future monnaie unique européenne, au risque de lui faire prendre un mauvais départ. Paris est prêt à opposer son veto à la candidature de l’actuel président de l’Institut monétaire européen (IME), le Néerlandais Wim Duisenberg, s’il ne partage pas son mandat de huit ans avec l’actuel gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet. Le premier ministre socialiste français, Lionel Jospin, l’a clairement déclaré dans une interview au quotidien français Le Monde, parue lundi, dans laquelle il exprime notamment l’espoir qu’un compromis de dernière minute sera possible lors du sommet...
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