Actualités - CHRONOLOGIE
Trois ans après l'attentat d'Oklahoma City Le terrorisme intérieur est en hausse aux Etats-Unis
le 21 avril 1998 à 00h00
Trois ans après l’attentat d’Oklahoma City, qui avait fait 168 morts le 19 avril 1995, le terrorisme intérieur apparaît en hausse aux Etats-Unis, où sont désormais répertoriés plus d’un millier de groupuscules antigouvernementaux plus ou moins organisés. En trois ans, le nombre d’enquêtes menées par le FBI sur des affaires de terrorisme intérieur est passé de 100 à plus de 900, selon un récent rapport du Southern Poverty Law Center (SPLC), organisme indépendant spécialisé dans la surveillance de la mouvance antigouvernementale. «Il y a une augmentation des enquêtes», confirme un porte-parole du FBI, Steve Berry. «Nous avons vu un complot terroriste sérieux presque chaque mois» depuis Oklahoma City, explique Mark Potok, responsable du SPLC. Son rapport fait état de complots destinés à faire exploser des ponts et des bâtiments, assassiner des personnalités officielles, envahir des bases militaires, dévaliser des banques, faire dérailler des trains... Le 18 mars, trois membres d’une milice du Michigan (nord-est) ont été arrêtés: ils auraient projeté de faire exploser des bâtiments fédéraux, une chaîne de télévision et un échangeur d’autoroute. Quelques semaines plus tôt, le FBI avait arrêté à Las Vegas (ouest), deux hommes soupçonnés apparemment à tort de vouloir utiliser du bacille de charbon à des fins terroristes. La même semaine, les autorités fédérales signalaient le vol d’une tonne d’explosifs à Sligo (Pennsylvanie, nord-est). Entre 1996 et 1997, les groupuscules d’incitation à la haine (néo-nazi, skinhead, défenseurs de la suprématie blanche, sectes religieuses comme l’«Identité chrétienne») ont augmenté de 20%: ils seraient désormais près de 500, selon le SPLC. Armes sophistiquées S’y ajoutent quelque 850 groupes «patriotes» dont quelque 400 seraient organisés en milices armées à travers tout le pays. Le terrorisme reste cependant le fait d’une minorité. Ce «n’est pas un mouvement organisé», souligne Mitchell Hammers, expert de l’Américain University à Washington. Il émane tant «d’un employé contrarié, que de milices qui voient la violence comme le moyen de traiter avec le gouvernement». Mais, ajoute-t-il dans une interview par téléphone, «ce terrorisme est une menace croissante, il est plus organisé, notamment au sein des milices». Et poursuit-il, «il ne se limite plus à des bombes artisanales, comme à Oklahoma City, mais implique aussi des armes de destruction plus avancées et plus sophistiquées, comme les armes chimiques ou biologiques». Pour la police, plus que les milices, ce sont les groupuscules autonomes et sans leader, où les individus agissant seuls, qui restent les plus difficiles à contrer, à la façon d’Unabomber, qui avait pendant dix-huit ans tenu en échec le FBI. La mouvance antigouvernementale recrute majoritairement parmi une population rurale modeste, déroutée par l’évolution rapide de la société américaine. Elle prospère, via l’Internet notamment, sur des thèmes comme la volonté supposée du gouvernement fédéral de désarmer ses citoyens, un complot des banques internationales ou des Nations Unies contre l’Amérique, invoque les valeurs des pères fondateurs ou de la Constitution. Ces deux dernières années, selon Mark Potok, certains groupes se sont orientés vers le trafic de drogue pour financer leurs activités. Le FBI a contre-attaqué: son budget a triplé, passant à 243 millions depuis 1994, l’autorisant à recruter quelque 350 agents supplémentaires pour lutter contre le terrorisme intérieur. Il a cherché à identifier et infiltrer les plus violentes des milices, dialogué avec les plus modérées. Il a également appri, selon Mitchell Hammers, à mieux négocier sur le terrain, après deux sièges à l’issue dramatique qui avaient exacerbé les tensions, celui de Waco en 1993 (quelque 80 morts) et celui de Ruby Ridge en 1992 (trois morts). (AFP)
Trois ans après l’attentat d’Oklahoma City, qui avait fait 168 morts le 19 avril 1995, le terrorisme intérieur apparaît en hausse aux Etats-Unis, où sont désormais répertoriés plus d’un millier de groupuscules antigouvernementaux plus ou moins organisés. En trois ans, le nombre d’enquêtes menées par le FBI sur des affaires de terrorisme intérieur est passé de 100 à plus de 900, selon un récent rapport du Southern Poverty Law Center (SPLC), organisme indépendant spécialisé dans la surveillance de la mouvance antigouvernementale. «Il y a une augmentation des enquêtes», confirme un porte-parole du FBI, Steve Berry. «Nous avons vu un complot terroriste sérieux presque chaque mois» depuis Oklahoma City, explique Mark Potok, responsable du SPLC. Son rapport fait état de complots destinés à faire exploser des...