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Actualités - CHRONOLOGIE

Cette fois, c'est pour des travaux ... Les pavés refont surface à Paris trente ans après mai 68

Au croisement des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain, au cœur du Quartier Latin à Paris, des pavés refont surface, le temps de travaux, trente ans après l’embrasement étudiant de mai 68. Arme des insurgés qui ébranlèrent la France et le pouvoir du général de Gaulle, le pavé parisien avait été recouvert d’un épais goudron. Il n’est plus aujourd’hui que le symbole d’une commémoration médiatique. «Mai 68 dans le formol», titre sans nostalgie «Libération», le quotidien d’une génération qui admet avoir davantage contribué à une évolution des mœurs qu’à avoir «changé la vie» politique d’un pays aux convulsions récurrentes. Et les bouffées de violence des jeunes des banlieues, victimes du chômage, n’ont rien hérité de la révolte des jeunes bourgeois, qu’insupportait une société figée mais d’abondance, et que le tiers-monde fascinait. Qu’ils y aient participé, ou l’aient combattu, les dirigeants français sont tous passés par «Mai 68», kermesse libertaire le jour, barricades de rue la nuit, mais aussi la plus grande grève générale qu’ait connue la France. Le président néogaulliste Jacques Chirac était un jeune haut fonctionnaire qui négocia avec les syndicats la fin des grèves, et le premier ministre socialiste, Lionel Jospin, un jeune diplomate, aux sympathies trostkystes. De ces affrontements, plus rhétoriques que sanglants — un étudiant et un commissaire de police tués en neuf jours de violences — la France retient des images exaltées qui passent en boucle sur les chaînes de télévision. Parti de petits noyaux hostiles à la guerre du Vietnam, le mouvement a été surtout spontané et libertaire, dépassant les politiques, y compris les groupes gauchistes en rupture avec le Parti communiste inféodé à Moscou. Héritage impossible «A l’époque on voulait tout, tout de suite» résume d’une phrase le plus célèbre des leaders étudiants, Daniel Cohn Bendit, qui dit redouter chaque année, à l’approche du mois de mai, «les mêmes questions connues et débiles». Parmi les innombrables témoignages, et souvent déjà entendus, sur le basculement au Printemps 1968 de la France intellectuelle et ouvrière dans la contestation, émerge celui d’une employée des usines automobiles Renault. «Les visages étaient graves, les yeux pleins d’espoir, dit Annie Raigneau. Les anciens parlaient de la grande grève de 1936. Les jeunes refaisaient le monde. Il y avait beaucoup de gentillesse, de spontanéité, de solidarité». Pour l’historien, Jean-Pierre Le Goff, «Mai 68 est toujours très loin d’être assumé en tant que tel: à la différence d’événements historiques antérieurs, l’héritage de 68 reste impossible». Chef de la rédaction de «Libération», Laurent Joffrin estime que «trente ans après, alors que les années 70, idéologiques à souhait, puis les années 80, réalistes jusqu’à l’écœurement, se sont interposés dans la mémoire, l’héritage de Mai 68 demeure». Ce ne sont pourtant pas les jeunes d’aujourd’hui, dont les parents étaient sur les barricades, refaisant le monde dans les bistrots, ou pratiquant la «libération sexuelle», qui se revendiquent «enfants de Mai-68». «Aujourd’hui, remarque encore Daniel Cohn Bendit, omniprésent dans les médias ils ont peur du chômage, du sida, du trou dans la couche d’ozone.» Et, en cas d’une hypothétique «grande explosion», elle partirait plutôt des banlieues, et pourrait être relayée non plus par la classe ouvrière mais par les chômeurs. (AFP)
Au croisement des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain, au cœur du Quartier Latin à Paris, des pavés refont surface, le temps de travaux, trente ans après l’embrasement étudiant de mai 68. Arme des insurgés qui ébranlèrent la France et le pouvoir du général de Gaulle, le pavé parisien avait été recouvert d’un épais goudron. Il n’est plus aujourd’hui que le symbole d’une commémoration médiatique. «Mai 68 dans le formol», titre sans nostalgie «Libération», le quotidien d’une génération qui admet avoir davantage contribué à une évolution des mœurs qu’à avoir «changé la vie» politique d’un pays aux convulsions récurrentes. Et les bouffées de violence des jeunes des banlieues, victimes du chômage, n’ont rien hérité de la révolte des jeunes bourgeois, qu’insupportait une société...