Actualités - CHRONOLOGIE
Bonn : Schroeder investi par le SPD dans la course au pouvoir (photo)
le 18 avril 1998 à 00h00
Les sociaux-démocrates allemands (SPD) ont peaufiné leur rôle de parti soudé lors du congrès de Leipzig, investissant comme un seul homme Gerhard Schroeder, porteur de leurs espoirs d’en finir aux élections du 27 septembre avec seize années de pouvoir conservateur de «l’ère Kohl». Avec 93% des voix des délégués en sa faveur, Schroeder a certes fait vendredi un peu moins bien que ses prédécesseurs dans la course à la chancellerie, Rudolf Scharping (95,4% des voix en 1994) et Oskar Lafontaine (98,7% en 1990). Le vote de Leipzig n’en est pas moins une consécration en ce qu’il donne au candidat l’aval indispensable de la base, où quelques grincements de dents étaient perceptibles du côté de l’aile gauche et des jeunes, réticents devant le «pragmatisme» du personnage, parfois dénigré comme «le camarade des patrons». Après avoir rallié la direction à sa cause, à commencer par son ex-rival, Oskar Lafontaine, président du parti, au vu de son triomphe électoral dans son fief de Basse-Saxe le 1er mars dernier, Gerhard Schroeder peut à présent se targuer d’être l’incontestable vecteur d’espoir du SPD pour mettre un terme à quatre défaites électorales consécutives face au chrétien-démocrate Helmut Kohl. C’est que les sociaux-démocrates entendent bien sortir cette fois de l’opposition, où ils marinent depuis bientôt seize ans, et ne pas réitérer l’expérience de 1994, lorsque la victoire leur était promise dans les sondages, mais leur avait ensuite échappé. Pour apporter la touche finale au tableau d’un grand parti uni derrière son candidat dans la foi en sa victoire, le dernier chancelier social-démocrate, Helmut Schmidt lui-même, 79 ans, avait fait le déplacement de Leipzig, apparaissant pour la première fois à un congrès du SPD depuis son départ du pouvoir en 1982. Paralysie Cette unité brandie en étendard apparaît d’autant plus éclatante, qu’en face, la coalition gouvernementale du chancelier Kohl, déjà usée par un long séjour au pouvoir, traîne comme un boulet un chômage record de 4,6 millions de personnes et se débat sans fin dans des querelles intestines tant sur la politique européenne, économique, fiscale que sur la relève du chancelier. Aussitôt félicité par le premier ministre britannique, celui qui est souvent présenté comme «le Tony Blair allemand» a joué aussi à 54 ans sur la relève des générations face à un Helmut Kohl de 68 ans. Il n’a pas manqué de souligner dans son discours la paralysie du gouvernement, les points noirs du bilan chrétien-démocrate tels que le chômage et l’aspiration des électeurs à une alternance en septembre, comme le révèlent les sondages mirobolants pour le SPD (43 à 46% d’intentions de vote début avril). Se projetant dans la peau du prochain chancelier et d’un homme d’Etat, il a promis qu’il ferait de la lutte contre le chômage la première de ses priorités, promettant un nouveau pacte pour l’emploi, une flexibilisation du temps de travail et une réforme fiscale. Il a aussi pris soin d’affirmer ses convictions européennes, en tentant de justifier ses prises de position réticentes qui avaient alimenté le débat sur l’opportunité de l’euro l’an dernier. «Notre politique est de veiller à ce que l’euro ne soit pas une débâcle», a-t-il lancé, tout en prônant une plus grande concertation au sein de l’Union européenne pour une politique en faveur de l’emploi. Le programme électoral, adopté à la hussarde en fin de journée avec quelque 95% des mandats, reflète ces préoccupations, en mettant l’accent sur l’orientation économique du futur gouvernement Schroeder. Il fait la part belle aux familles moyennes, leur promettant des allégements d’impôts, et aux travailleurs indépendants, en qui le candidat Schroeder place de grands espoirs de reprise économique. «Le réalisme est plus important que l’idéologie», a-t-il souligné, prenant aussi ses distances avec les écologistes et leurs revendications radicales, notamment le triplement du prix de l’essence d’ici dix ans. Plus question pour le moment d’alliance avec les écologistes, donc, comme si le SPD, avec le vent en poupe, se prenait à rêver d’une majorité absolue qui lui éviterait toute alliance pour l’après-élections. (AFP)
Les sociaux-démocrates allemands (SPD) ont peaufiné leur rôle de parti soudé lors du congrès de Leipzig, investissant comme un seul homme Gerhard Schroeder, porteur de leurs espoirs d’en finir aux élections du 27 septembre avec seize années de pouvoir conservateur de «l’ère Kohl». Avec 93% des voix des délégués en sa faveur, Schroeder a certes fait vendredi un peu moins bien que ses prédécesseurs dans la course à la chancellerie, Rudolf Scharping (95,4% des voix en 1994) et Oskar Lafontaine (98,7% en 1990). Le vote de Leipzig n’en est pas moins une consécration en ce qu’il donne au candidat l’aval indispensable de la base, où quelques grincements de dents étaient perceptibles du côté de l’aile gauche et des jeunes, réticents devant le «pragmatisme» du personnage, parfois dénigré comme «le camarade...