Actualités - CHRONOLOGIE
Enquête - Niveau de vie, entre 5400 et 10000 francs Hiérarchie territoriale en France
le 12 novembre 1998 à 00h00
L’éventail des niveaux de vie en France va pratiquement du simple au double, selon que l’on habite dans des communes agricoles ou dans des quartiers dits «huppés». C’est ce que révèle une enquête rendue publique par l’Insee, consacrée aux «inégalités territoriales de niveau de vie». Constatant que la hiérarchie sociale est fortement imprimée sur le territoire (le personnel exécutant d’une entreprise n’habite généralement pas les mêmes quartiers que ses dirigeants), l’institut a établi une classification des zones d’habitat en France métropolitaine sur des critères socio-économiques, à partir du recensement de 1996. Le niveau de vie moyen en France est de 8 100 francs mensuels par unité de consommation. Au bas de l’échelle se situent les communes agricoles, là où vivent 12 % de la population, surtout des exploitants et anciens agriculteurs. Le niveau de vie y est de 6 500 francs mensuels en moyenne (soit 20 % de moins que la moyenne) mais il descend jusqu’à 5 400 francs dans les milieux ruraux isolés. Classes tertiaires Tout à l’opposé, les quartiers les plus aisés – rarement situés en province, sinon dans quelques grandes villes – regroupent un ménage sur dix. Ils sont principalement composés de patrons, professions libérales et cadres dont le niveau de vie par unité de consommation avoisine 11 600 francs par mois mais atteint 13 300 francs dans des quartiers franciliens à forte concentration d’actifs travaillant dans les services aux entreprises, les banques et organismes financiers. Leur niveau de vie représente ainsi en moyenne deux fois et demi celui des habitants du secteur rural isolé. La plus grosse catégorie socio-économique en France (37 %) demeure dans des communes et quartiers dits ouvriers mais regroupant également des employés et professions intermédiaires. Ces ménages, qui habitent pour la plupart en province, ont un niveau de vie moyen de 7 300 francs mensuels par unité de consommation. Mais il est plus élevé dans les couronnes périurbaines et banlieues, qui accueillent aussi contremaîtres et techniciens, que dans les villes-centres des grandes agglomérations de province où séjournent aussi des ouvriers-artisans et des chômeurs. Par ailleurs, un tiers des ménages vit dans les quartiers et communes des classes moyennes dites tertiaires, avec un niveau de vie moyen très proche de la moyenne nationale (8 200 francs mensuels par unité de consommation). De catégories sociales très diverses, ces actifs travaillent majoritairement dans l’administration de proximité, la Sécurité sociale, les P&T, les hôpitaux ou encore le commerce de détail, c’est-à-dire dans des activités généralement implantées dans des centres moyens et rayonnant sur leur environnement. Dans les centres, ces classes moyennes tertiaires cohabitent avec des professions libérales ou cadres supérieurs du tertiaire, mais la présence relativement importante d’étudiants et de personnes âgées y minore quelque peu le niveau de vie moyen. Au contraire, dans les banlieuses, ces classes moyennes côtoient des cadres supérieurs techniques et des ingénieurs. Plus haut dans l’échelle des revenus figurent les habitants des quartiers d’activité technique très qualifiée, qu’on retrouve dans l’espace périphérique des grands centres, dont la banlieue parisienne pour les deux tiers des cas. Ingénieurs, cadres de gestion de l’industrie et techniciens y sont surreprésentés, avec un niveau de vie supérieur de 20 % à la moyenne nationale, à 10 000 francs mensuels par unité de consommation. Concentrations L’enquête de l’Insee montre en outre que les quartiers ou communes abritant les populations les plus aisées (Paris, Versailles, Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Saint-Germain-en-Laye mais aussi Bordeaux, Lyon, Nancy, Nantes et Strasbourg) sont non seulement ceux où les inégalités sont les plus fortes mais aussi ceux dont les activités requièrent le plus large éventail de professions. La proportion de patrons, de professions libérales et de cadres y est quatre fois plus importante que dans les communes et quartiers ouvriers, tandis que la présence d’avocats, ingénieurs-conseils et spécialistes de l’informatique y est huit fois supérieure. Enfin, les ménages les plus aisés présentent la particularité de se concentrer: 40 % d’entre eux occupent les quartiers «huppés» ou «techniques très qualifiées» qui n’abritent pourtant que 16 % de la population totale. Les ménages à faible niveau de vie sont plus dispersés: beaucoup demeurent dans les zones urbaines, mais 18 % seulement d’entre eux séjournent dans le type socio-économique le plus pauvre en France, à savoir les communes agricoles.
L’éventail des niveaux de vie en France va pratiquement du simple au double, selon que l’on habite dans des communes agricoles ou dans des quartiers dits «huppés». C’est ce que révèle une enquête rendue publique par l’Insee, consacrée aux «inégalités territoriales de niveau de vie». Constatant que la hiérarchie sociale est fortement imprimée sur le territoire (le personnel exécutant d’une entreprise n’habite généralement pas les mêmes quartiers que ses dirigeants), l’institut a établi une classification des zones d’habitat en France métropolitaine sur des critères socio-économiques, à partir du recensement de 1996. Le niveau de vie moyen en France est de 8 100 francs mensuels par unité de consommation. Au bas de l’échelle se situent les communes agricoles, là où vivent 12 % de la population,...