Actualités - CHRONOLOGIE
Grande guerre - Chirac et Elisabeth II au 80e anniversaire de l'armistice Les mutins de 14-18 divisent la France (photos)
le 12 novembre 1998 à 00h00
Les cérémonies du 80e anniversaire de l’armistice de 1918, marqué par le désaccord entre Jacques Chirac et Lionel Jospin sur les mutins de la Grande Guerre, se sont déroulées mercredi à Paris en présence de la reine Élisabeth II. Le temps d’une matinée ensoleillée d’automne, le chef de l’État et le Premier ministre ont fait cause commune. La reine Élisabeth et Jacques Chirac se sont ensuite rendus au pied des Champs-Élysées, à l’endroit où s’élève une statue de Georges Clemenceau, le «père la Victoire». En compagnie de Lionel Jospin, arborant un bleuet à la boutonnière en souvenir des «poilus», la reine d’Angleterre et le chef de l’État français ont là aussi procédé à un dépôt de gerbes. Après un déjeuner à l’Élysée, Jacques Chirac et Élisabeth II avaient inauguré à Paris, près de la Seine, une statue de Winston Churchill, premier Lord de l’Amirauté pendant la Grande Guerre et Premier ministre de la bataille d’Angleterre pendant la Deuxième Guerre mondiale. La matinée de commémoration s’est achevée par un défilé en forme de reconstitution sur les Champs-Élysées. Des taxis de la Marne, des ambulances du front, un canon de 75 tiré par six chevaux, des camions hérissés de «poilus» pliant sous leur paquetage, brandissant leur fusil Lebel, et chantant La Madelon, ont roulé sur le pavé. Des soldats portaient l’uniforme des premiers combats, avec le célèbre pantalon garance qui faisaient des Français des cibles si faciles. La presse quotidienne parisienne est elle revenue sur le débat qui agite la classe politique depuis qu’il y a une semaine Lionel Jospin a demandé que les soldats de 17 fusillés pour l’exemple «réintègrent aujourd’hui pleinement notre mémoire collective nationale». Le Premier ministre s’était attiré une réprimande du président de la République qui avait jugé cette déclaration «inopportune» à l’approche des cérémonies du 11 novembre. Pour le journal populaire France-Soir, «il est grand temps de célébrer les mutins de 1917 et de tous les temps ceux qui, au plus noir de l’enfer, disent: “ça suffit comme ça”. Il est des guerres justes. Qui pourrait prétendre que 14-18 fut l’une d’entre elles ?» Libération considère qu’«il y a deux 11 novembre dans cette journée de sonneries et de drapeaux». «Il y a celui de la victoire, de Clemenceau, de Foch, des poilus héroãques, du traité de Versailles et de la folie nationale». «Il y a celui du peuple des tranchées, de la souffrance, de l’horreur, des généraux inhumains et de la paix retrouvée». Pour Laurent Joffrin, «la réaction bleu horizon du président de la République, ou celle de Philippe Séguin – qui a décidément déjanté – paraissent si anachroniques». «Sous l’angle de la paix et de l’entente européenne, la réhabilitation des mutins allait de soi». Présent à la cérémonie de l’Arc de Triomphe, Robert Gélineau, 101 ans, vétéran de la Grande Guerre, a lui aussi évoqué la polémique sur les mutins du Chemin des Dames. «C’était une guerre inutile. S’il fallait les punir, on pouvait les punir autrement. Ça, c’était irréparable et on pouvait se tromper». Un autre couac important a marqué les célébrations de l’armistice: le refus du nouveau chancelier allemand Gerhard Schröder de participer à une cérémonie franco-allemande du souvenir.
Les cérémonies du 80e anniversaire de l’armistice de 1918, marqué par le désaccord entre Jacques Chirac et Lionel Jospin sur les mutins de la Grande Guerre, se sont déroulées mercredi à Paris en présence de la reine Élisabeth II. Le temps d’une matinée ensoleillée d’automne, le chef de l’État et le Premier ministre ont fait cause commune. La reine Élisabeth et Jacques Chirac se sont ensuite rendus au pied des Champs-Élysées, à l’endroit où s’élève une statue de Georges Clemenceau, le «père la Victoire». En compagnie de Lionel Jospin, arborant un bleuet à la boutonnière en souvenir des «poilus», la reine d’Angleterre et le chef de l’État français ont là aussi procédé à un dépôt de gerbes. Après un déjeuner à l’Élysée, Jacques Chirac et Élisabeth II avaient inauguré à Paris,...