Actualités - REPORTAGE
Nancy Huston : le bilinguisme est un atout (photo)
Par DAVIDIAN Edgar, le 12 novembre 1998 à 00h00
Le Beirut Hall est en effervescence. Des livres, des libraires, des auteurs et une foule immense. Rentrée de Baalbeck, ayant mesuré la gravité et l’ennui de «nos» embouteillages, Nancy Huston, l’auteur de L’empreinte de l’ange, n’en est pas moins éblouie par les Libanais. «Ici, les gens vous regardent dans les yeux... constate-t-elle. Ils sont non seulement chaleureux mais d’une énergie débordante. Ce qui frappe d’ailleurs, c’est cette énergie qu’ils ont à tout reconstruire»... Le regard pervenche, la frange rousse rebelle, la cigarette vite allumée pour suivre, perdre ou approfondir une idée, Nancy Huston, qui est d’origine anglo-canadienne, vit depuis 25 ans en France. Elle précise avec humour : «J’ai une maison près de Bourges, dans la France profonde, où le folklore de sorcellerie est encore très vivant». Mariée à Tzvetan Todorov (qu’elle qualifie d’homme de lumière et de théoricien littéraire) et auteur de L’éloge du quotidien, entre autres œuvres de réflexion, Nancy Huston a fait ses études à New-York et a vécu par la suite à Paris. Écrire en français est pour elle une expérience enrichissante où elle trouve «la liberté de s’inventer sans l’angoisse de la page blanche», dit-elle. «Le bilinguisme n’est pas un handicap mais un atout... d’amusement, poursuit-elle, mais pour écrire dans la langue d’un autre pays il faut y avoir vécu longtemps... Aujourd’hui j’écris indifféremment en fraçais et en anglais et je traduis moi-même ensuite... Ce fut le cas par exemple de mon dixième livre “Le cantique des plaines”, écrit directement en anglais». Quels sont les thèmes qu’elle aborde? Nombreux, très nombreux. L’histoire, grande et petite, et des personnages tirés de la vie même. «Et s’il y a un message dans mes livres, c’est celui de la souffrance. Quoique les gens aiment parler de leur souffrance, cette dernière ne leur confère aucune vertu». Auteur de sept romans, deux livres pour enfants (dont un écrit avec sa fille) et un essai sur Romain Gary, Nancy Huston est aussi musicienne. Non à ses heures perdues, mais en toute régularité! «Je fais quotidiennement, confie-t-elle, de la flûte, du piano, du clavecin...». Ses projets? «Bien sûr j’en ai, mais je ne peux pas en parler». Le cinéma n’est guère loin de l’œuvre de Nancy Huston. D’ailleurs, L’empreinte de l’ange pourrait aisément être porté à l’écran. «C’est vrai, dit-elle, car j’ai écrit ce livre après avoir été co-scénariste du film d’Yves Angelot “Le voleur de vie” interprété par Emmanuelle Béart et Sandrine Bonnaire. D’ailleurs, l’écriture de “L’empreinte de l’ange” s’en ressent...». Entre la musique des mots et la musique tout court, Nancy Huston construit en douce une œuvre toute en harmonie secrète. Si un prix a déjà couronné L’instrument des ténèbres, il faut absolument découvrir cette voix venue de l’anglo-saxon à la littérature française. L’empreinte de l’ange, de Nancy Huston, est un livre à savourer pour l’émotion qu’il provoque et la beauté d’une langue maîtrisée.
Le Beirut Hall est en effervescence. Des livres, des libraires, des auteurs et une foule immense. Rentrée de Baalbeck, ayant mesuré la gravité et l’ennui de «nos» embouteillages, Nancy Huston, l’auteur de L’empreinte de l’ange, n’en est pas moins éblouie par les Libanais. «Ici, les gens vous regardent dans les yeux... constate-t-elle. Ils sont non seulement chaleureux mais d’une énergie débordante. Ce qui frappe d’ailleurs, c’est cette énergie qu’ils ont à tout reconstruire»... Le regard pervenche, la frange rousse rebelle, la cigarette vite allumée pour suivre, perdre ou approfondir une idée, Nancy Huston, qui est d’origine anglo-canadienne, vit depuis 25 ans en France. Elle précise avec humour : «J’ai une maison près de Bourges, dans la France profonde, où le folklore de sorcellerie est encore...